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Histoire

926

FRANCE Anatole

(1844-1924) écrivain.

manuscrits et notes autographes, et épreuves

avec corrections et additions autographes, pour la

Vie de

Jeanne d’Arc

 ; 230 feuillets de formats divers, dont une

centaine entièrement autographes, montés sur onglets et

reliés en un volume in-4, maroquin bleu, 3 filets sur les

plats, dos orné de fleurs de lys et de motifs végétaux et

mosaïqué en long, à l’intérieur 3 filets avec motifs d’angle

mosaïqués ornés d’épées et de fleurs de lys, gardes de soie

brochée noire et mauve, doubles gardes, étui (

Ch. Septier

).

10 000 / 15 000 €

Précieux ensemble de manuscrits et placards corrigés pour la

première édition de la

Vie de Jeanne d’Arc

.

Anatole France a travaillé plus de vingt ans à sa

Vie de Jeanne d’Arc

, la

plus longue de ses œuvres, donnant de 1884 à 1907 à divers journaux

et revues des études sur JEANNE D’ARC qui passeront en entier ou

par fragments plus ou moins remaniés dans les deux volumes de

son ouvrage, publié en 1908 chez Calmann-Lévy. C’est dire qu’il n’en

existe pas de manuscrit, mais des fragments dispersés ; ce recueil

est probablement le plus important ensemble connu.

Citons la description qu’en fait l’élégante plume de Georges Blaizot

dans le catalogue de la vente Paul Voûte : « Très précieux ensemble

de pages autographes et d’épreuves surabondamment corrigées,

qui n’est pas loin de constituer la totalité des deux volumes in-8

de l’ouvrage complet. Rien n’est plus éloquent que ces placards

recouverts de béquets, constellés de notes ajoutées, zébrés de

suppressions ; des pages entières entièrement autographes et d’une

rédaction très différente de celle imprimée montre l’immense labeur

de ce “paresseux” ; selon son habitude France a écrit tout son livre

sur des papiers de différents formats ; cette alternance désordonnée

de morceaux si minutieusement agencés contribue encore à faire de

cet important ensemble un des plus beaux, un des plus suggestifs

documents franciens qui soient possible de rêver et de rencontrer ».

Ces manuscrits et épreuves témoignent du travail de l’auteur à un

stade déjà avancé de la préparation du livre, probablement lors de

l’arrivée des premiers placards (timbres de l’imprimerie Chaix à Saint-

Ouen datés d’octobre-décembre 2006, certains en 2

e

ou 3

e

épreuve),

où France va considérablement remanier et compléter son texte.

De nombreux feuillets autographes se rattachent à la Préface, qui

s’élabore au fil d’additions sur des papiers de différents formats.

Citons le début de quelques développements : « Le mot de patrie

n’existait pas au temps de Jeanne d’Arc. On disait le royaume de

France. Personne, pas même les légistes, n’en savaient au juste

les limites, qui changeaient sans cesse. […] Si la guerre de Cent

ans ne créa pas en France le sentiment national, elle le nourrit »….

« Ce n’est pas Jeanne qui a chassé les Anglais de France ; si elle

a contribué à sauver Orléans, elle a plutôt retardé la délivrance, en

faisant manquer, par la marche du Sacre, l’occasion de recouvrer

la Normandie »… « Cette idée d’une mission sainte et guerrière, dont

Jeanne prit conscience par ses Voix, s’était-elle formée en son esprit

spontanément, sans l’intervention d’aucune volonté intelligente, ou

lui fut-elle suggérée par quelque personne dont elle subissait à son

insu l’influence ? »… « Cette nouvelle qu’une petite sainte d’humble

condition, une pauvresse de Notre-Seigneur, apportait secours divin

aux orléanais frappa vivement les esprits que la peur tournait à la

dévotion et qu’exaltait la fièvre du siège »…

Ces feuillets sont abondamment raturés et corrigés, augmentés de

collages de fragments imprimés et de nombreux béquets, et plusieurs

sont ornés de dessins originaux : têtes de femme, têtes de chat ou

de chien, femme nues, oiseaux, chevaliers, licorne, aigle impériale,

chauve-souris, griffons et dragons, évêques, portrait de Charles VII,

vase, etc.

Les placards ont été corrigés et découpés, avec de nombreuses

additions marginales ou à l’aide de béquets ajoutés, parfois très

développés et dépliants.

France a également rédigé de nombreuses notes sur divers points

historiques (l’âge de Jeanne, celui de Charles VII, la fin de Jean de

Luxembourg comte de Ligny, etc.), et des citations d’érudits, souvent

avec des références bibliographiques, pour les notes de bas de page :

le

Bulletin de l’Académie delphinale

, le

Journal d’un bourgeois de

Paris

,

Recherches de la France

d’Étienne Pasquier, les

Chroniques

de Froissart,

Chroniqueurs de l’abbaye des Dunes

de Kervyn de

Lettenhove, etc.

Provenance

Bibliothèque Paul VOÛTE (9-11 mars 1938, n° 592 ; ex-libris).

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