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Histoire
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FRANCE Anatole
(1844-1924) écrivain.
manuscrits et notes autographes, et épreuves
avec corrections et additions autographes, pour la
Vie de
Jeanne d’Arc
; 230 feuillets de formats divers, dont une
centaine entièrement autographes, montés sur onglets et
reliés en un volume in-4, maroquin bleu, 3 filets sur les
plats, dos orné de fleurs de lys et de motifs végétaux et
mosaïqué en long, à l’intérieur 3 filets avec motifs d’angle
mosaïqués ornés d’épées et de fleurs de lys, gardes de soie
brochée noire et mauve, doubles gardes, étui (
Ch. Septier
).
10 000 / 15 000 €
Précieux ensemble de manuscrits et placards corrigés pour la
première édition de la
Vie de Jeanne d’Arc
.
Anatole France a travaillé plus de vingt ans à sa
Vie de Jeanne d’Arc
, la
plus longue de ses œuvres, donnant de 1884 à 1907 à divers journaux
et revues des études sur JEANNE D’ARC qui passeront en entier ou
par fragments plus ou moins remaniés dans les deux volumes de
son ouvrage, publié en 1908 chez Calmann-Lévy. C’est dire qu’il n’en
existe pas de manuscrit, mais des fragments dispersés ; ce recueil
est probablement le plus important ensemble connu.
Citons la description qu’en fait l’élégante plume de Georges Blaizot
dans le catalogue de la vente Paul Voûte : « Très précieux ensemble
de pages autographes et d’épreuves surabondamment corrigées,
qui n’est pas loin de constituer la totalité des deux volumes in-8
de l’ouvrage complet. Rien n’est plus éloquent que ces placards
recouverts de béquets, constellés de notes ajoutées, zébrés de
suppressions ; des pages entières entièrement autographes et d’une
rédaction très différente de celle imprimée montre l’immense labeur
de ce “paresseux” ; selon son habitude France a écrit tout son livre
sur des papiers de différents formats ; cette alternance désordonnée
de morceaux si minutieusement agencés contribue encore à faire de
cet important ensemble un des plus beaux, un des plus suggestifs
documents franciens qui soient possible de rêver et de rencontrer ».
Ces manuscrits et épreuves témoignent du travail de l’auteur à un
stade déjà avancé de la préparation du livre, probablement lors de
l’arrivée des premiers placards (timbres de l’imprimerie Chaix à Saint-
Ouen datés d’octobre-décembre 2006, certains en 2
e
ou 3
e
épreuve),
où France va considérablement remanier et compléter son texte.
De nombreux feuillets autographes se rattachent à la Préface, qui
s’élabore au fil d’additions sur des papiers de différents formats.
Citons le début de quelques développements : « Le mot de patrie
n’existait pas au temps de Jeanne d’Arc. On disait le royaume de
France. Personne, pas même les légistes, n’en savaient au juste
les limites, qui changeaient sans cesse. […] Si la guerre de Cent
ans ne créa pas en France le sentiment national, elle le nourrit »….
« Ce n’est pas Jeanne qui a chassé les Anglais de France ; si elle
a contribué à sauver Orléans, elle a plutôt retardé la délivrance, en
faisant manquer, par la marche du Sacre, l’occasion de recouvrer
la Normandie »… « Cette idée d’une mission sainte et guerrière, dont
Jeanne prit conscience par ses Voix, s’était-elle formée en son esprit
spontanément, sans l’intervention d’aucune volonté intelligente, ou
lui fut-elle suggérée par quelque personne dont elle subissait à son
insu l’influence ? »… « Cette nouvelle qu’une petite sainte d’humble
condition, une pauvresse de Notre-Seigneur, apportait secours divin
aux orléanais frappa vivement les esprits que la peur tournait à la
dévotion et qu’exaltait la fièvre du siège »…
Ces feuillets sont abondamment raturés et corrigés, augmentés de
collages de fragments imprimés et de nombreux béquets, et plusieurs
sont ornés de dessins originaux : têtes de femme, têtes de chat ou
de chien, femme nues, oiseaux, chevaliers, licorne, aigle impériale,
chauve-souris, griffons et dragons, évêques, portrait de Charles VII,
vase, etc.
Les placards ont été corrigés et découpés, avec de nombreuses
additions marginales ou à l’aide de béquets ajoutés, parfois très
développés et dépliants.
France a également rédigé de nombreuses notes sur divers points
historiques (l’âge de Jeanne, celui de Charles VII, la fin de Jean de
Luxembourg comte de Ligny, etc.), et des citations d’érudits, souvent
avec des références bibliographiques, pour les notes de bas de page :
le
Bulletin de l’Académie delphinale
, le
Journal d’un bourgeois de
Paris
,
Recherches de la France
d’Étienne Pasquier, les
Chroniques
de Froissart,
Chroniqueurs de l’abbaye des Dunes
de Kervyn de
Lettenhove, etc.
Provenance
Bibliothèque Paul VOÛTE (9-11 mars 1938, n° 592 ; ex-libris).
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