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JEAN COCTEAU

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COCTEAU JEAN

MANUSCRIT autographe d’une interview, [Versailles mai-

juin 1939]

; 4 pages in-4 (tapuscrit joint).

1 000 / 1 200 €

Sur la création littéraire et l’écriture à propos de sa prochaine

pièce

La Machine à écrire

.

C’est en mai 1939, à l’hôtel Vatel à Versailles, que Cocteau écrivit la

première version de

La Machine à écrire

; après l’interruption de la

guerre, et l’élaboration d’une nouvelle version à Perpignan dans l’été

1940, la pièce sera créée le 29 avril 1941.

Il s’agit d’une interview fictive

: «

Cette semaine, à Versailles, où il

séjourne, plusieurs lectures ont été faites par Jean Cocteau de sa

nouvelle pièce

La Machine à écrire

. On ne sait rien de cette pièce,

sinon que le sujet central en serait la fameuse affaire des lettres

anonymes de Tulle. Interrogé, Jean Cocteau a répondu que sa

dernière pièce

Les Parents terribles

lui apparaissait plutôt comme la

pièce d’un autre qu’il aurait dû écrire. II ajouta qu’il était très rare de

pouvoir s’introduire pleinement dans une œuvre de théâtre, c’est-à-

dire y introduire son atmosphère propre

». Puis il prend directement la

parole

: « Cela m’est arrivé avec

Orphée

, pièce –

Thomas l’imposteur

,

roman –

Les Enfants terribles

, roman. Mes autres ouvrages sont moins

mêlés à ma substance et de cela je ne suis que peu responsable. Car,

pour écrire je tâche de me mettre dans un état d’irresponsabilité qui

me laisse peu de contrôle. Je crois, en effet, que la fameuse “écriture

automatique” ne provoque pas seulement des résultats de rêve et

de bizarrerie. Toute œuvre, digne de ce nom, est en quelque sorte

de l’écriture automatique. [...] Cet état d’irresponsabilité, de sommeil

éveillé, ressemble (de loin) au sommeil du Protoxyde d’azote chez le

dentiste. On se trouve précipité dans une vitesse immobile inconnue,

dans une sorte de crescendo de nuances mystérieuses. Au réveil on

se souvient de cet état mais d’aucun autre détail. Il en va de même

pour l’état d’écriture. Je ne saurais pas raconter, ensuite, pourquoi

les répliques et les intrigues s’enchaînent. Cela relève du psychiatre.

[...] l’inspiration est une expiration et la mise en branle de couches

profondes de notre individu, couches que notre paresse nous empêche

de visiter à l’état normal

»…

Quant à sa nouvelle pièce, elle «

a trois actes. Elle se passe en deux

jours et elle met en scène la Province

». C’est Sacha Guitry qui a

encouragé Cocteau à l’écrire pour «

prendre rendez-vous avec

le gros public, le seul qui juge sans préjuger et dont l’instinct me

paraisse très sûr

»…