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JEAN COCTEAU

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COCTEAU JEAN

L.A.S. « Jean Cocteau

», [fin 1938], à « Mes chers amis

»

;

2 pages in-4.

1 000 / 1 200 €

Message à ses acteurs, ou appel aux gens du théâtre et au public,

lors de la menace d’interdiction de sa pièce

Les Parents terribles

.

[Créée le 14 novembre 1938 aux Ambassadeurs, la pièce

Les Parents

terribles

avait provoqué une polémique, et le Conseil municipal de Paris

menaçait d’en interdire les représentations. Le 4 janvier 1939, la pièce

sera transportée aux Bouffes-Parisiens, remportant un grand succès.]

« J’ai toujours travaillé pour vous. Vous avez toujours lutté pour moi.

Nous formons cause commune. Lorsque, malgré vos maîtres, le

conseil municipal décide que ma pièce est dangereuse, non seulement

il se trompe volontairement et il attente à la liberté du théâtre, mais

encore il vous prend pour des imbéciles. Ce scandale est le premier

coup de cloche d’une offensive honteuse et qui supprimerait, à

l’origine et en bloc l’œuvre de nos Classiques. Ils ont tous connu

ces obstacles hypocrites et ils survivent. Aidez les, aidez moi, aidez

nous. Ne vous laissez pas abêtir par des combines. […] J’accepte, s’il

le faut, un tribunal qui jugera des dangers que

Les Parents terribles

représentent pour la jeunesse. […] Si notre époque juge immorale

une pièce qui traite de tous les sentiments nobles et éternels, c’est

que l’on nous menace d’une censure et de la grande méthode qui

consiste à obtenir l’égalité par le bas

»…

changent pas le sens, mais donnent à la réplique une allure plus vraie.

Certaines de ces corrections ont dû être apportées au cours d’une

relecture, comme cet ajout à la page 136, important car il introduit une

prémonition de ce que sera le dénouement de la pièce. Madeleine

disait d’abord simplement

: « Je ne suis pas de celles qui se tuent

»,

réplique que Cocteau a ainsi modifiée

: « Je ne suis pas de celles qui

se tuent, qui se ratent et qui recommencent

». La pièce s’ouvrant sur

la tentative de suicide raté d’Yvonne, le dramaturge a glissé là une

indication du destin qui attend l’héroïne principale.

Mais les ajouts sont parfois plus importants. A la scène IX de l’acte

I, Cocteau a ajouté quatre répliques supplémentaires en marge,

d’une écriture plus petite (p.

71). De même, certaines substitutions de

termes sont plus significatives. Ainsi (p.

110), lorsque Michel évoque

l’apparence juvénile de son père, il dit

: « Si nous sortions ensemble,

on nous prendrait pour deux gigolos

», remplacé par

: «

Si nous

sortions ensemble, on nous prendrait pour deux copains ». À l’inverse,

il supprime parfois des répliques entières, comme un échange à la

p.

125, finalement résumé en un simple

: « Elle parlera

». Etc.

Provenance

: Francine puis Carole WEISWEILLER.