les collections aristophil
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«
Il n’y a que 2 attitudes possibles dans la vie. Le
héros militaire ou le saint. Napoléon est perdu par un
traître. Le traître fait le chef. […] Dans notre domaine
la sainteté ne donne que des ennuis, comme de
juste. Car la ligne droite est incompréhensible
au méandre [...] Quelquefois je me réveille la nuit
et je me demande pourquoi on m’accable sous
d’incroyables injustices. [...] C’est le prix d’être
propre
». Au verso, une version plus longue de la
lettre, signée, avec ratures et corrections, est écrite
à l’encre
: « Mais la presse que vous connaissez
et qui s’acharne à dresser les Français les uns
contre les autres s’est empressée d’agir cette fois
en silence. Sans doute mal renseigné par elle,
M
r
CARCOPINO, le lendemain de la décision du
Comité, dit à M
r
Vaudoyer, l’administrateur, que
je n’étais pas un auteur désirable à la Comédie-
Française. C’était inadmissible pour moi, pour les
lettres, pour la Comédie-Française où ma
Voix
humaine
se trouve au répertoire et qui depuis des
mois me priait d’écrire cette œuvre et en suivait la
marche. C’est donc en mon nom et au nom des
comédiens que je demande justice. […] C’est mon
honneur que je dois défendre et celui d’une maison
qui devrait être inattaquable et qui se trouve, elle
aussi, couverte d’insultes, par cette même presse
qui me pourchasse et ose vous critiquer. M
r
le
Maréchal, ma seule politique est de vous suivre
et de faire acte de foi en ce qui vous concerne. Ne
m’étant jamais occupé de politique, je n’en saurais
suivre d’autre. Croyant en vous, c’est à vous que
je m’adresse. Je n’ignore pas que votre lourde
charge vous empêche de jeter les yeux sur de
tels problèmes – mais j’ai une confiance aveugle
en votre justice et je ne peux croire que l’honneur
d’un écrivain qui a porté la gloire de la France dans
tous les pays, vous laisse indifférent
»…
Exposition
Jean Cocteau, sur le fil du siècle
(Centre
Georges Pompidou, 2003, n°
231).
Provenance
: Pierre et Franca BELFOND (14 février
2012, n°
24).
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COCTEAU JEAN
La Machine à écrire. Pièce en trois
actes
(Paris, Gallimard, [1941])
; in-12, relié
maroquin rouge janséniste, dos lisse, filets
dorés à l’intérieur, tranches dorées sur
témoins, couvertures et dos conservés (
H.
Alix
).
400 / 500 €
Édition originale
de cette pièce représentée pour
la première fois au théâtre Hébertot le 29 avril
1941. Les rôles de Pascal et Maxime étaient tenus
par Jean Marais.
Un des six exemplaires de tête sur papier de
Chine
(n°
II).
Provenance
: Raoul SIMONSON (ex-libris).
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COCTEAU JEAN
DESSIN original,
Eluard de tête
, avec
MANUSCRIT autographe signé « Jean
Cocteau
», [vers 1942]
; mine de plomb, 15 x
9 cm, sur un feuillet in-4 écrit recto-verso.
2 500 / 3 000 €
Étonnant portrait de Paul Eluard, avec un
brouillon de lettre au maréchal Pétain.
Le portrait de Paul ELUARD, en buste de face, est
dessiné à la mine de plomb sur une moitié de la
page
; en regard, un autre petit dessin original (15
x 1 cm, à la mine de plomb), représentant un profil
masculin prolongé vers le bas par un trait ondé
orné de points, est tracé en marge d’un brouillon au
crayon de lettre au maréchal PÉTAIN, où Cocteau
proteste contre l’interdiction de sa pièce
Renaud
et Armide
, reçue le 19 janvier 1942 par le comité de
lecture de la Comédie-Française puis refusée le 21
janvier par l’administrateur Jean-Louis Vaudoyer
sur ordre du secrétaire d’État Jérôme Carcopino.
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COCTEAU JEAN
P.S. « Jean Cocteau
»,
Paris
10 avril 1941
;
1 page in-4 à en-tête du
Théâtre Hébertot
(trous de classeur en marge).
200 / 300 €
Déclaration d’aryanité pendant l’Occupation
.
« Je déclare que je ne suis pas juif et qu’à ma
connaissance expresse aucun de mes parents ni
de mes grands-parents ne sont ou n’étaient juifs.
Je reconnais savoir qu’une fausse déclaration
entraîne une pénalité sévère
».