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JEAN COCTEAU
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COCTEAU JEAN
MANUSCRIT
autographe signé « Jean Cocteau
», [avril
1954]
; 2 pages in-4 au stylo-bille bleu (traces de trombone).
1 000 / 1 500 €
Discours de présentation du film
Closed Vision
de Marc’O au
Festival de Cannes de 1954
.
Essai symboliste et révolutionnaire, ce premier long-métrage de
MARC’O devait, selon Cocteau, sauver le cinéma en produisant un
choc sur les spectateurs, guère habitués à ce nouveau type de langage
poétique. Il le présenta à Cannes avec Louis BUÑUEL. Il s’agit ici d’un
brouillon du discours, avec ratures et corrections. La version définitive
du texte comportera quelques variantes.
« Même si je désapprouvais le film de Marc’O et de Yolande du Luart
réalisé par Vickman – ce qui n’est pas le cas – je le présenterais
quand même. L’essentiel est qu’il existe et qu’il veuille vivre. On
connaît l’obstacle que l’industrialisation du cinématographe oppose
à la jeunesse. Un jeune a fait ce qu’il voulait faire. Je ne le juge pas.
Je le présente. Un jour Marc’O me téléphona qu’il souhaitait me
montrer son film
Closed Vision
et que je le présentasse au festival
de Cannes. […] Lorsque nous fîmes, il y a trente ans, BUÑUEL
L’Âge
d’Or
et moi
Le Sang d’un poète
, nous ne nous doutions pas que nos
films courraient le monde et fixeraient l’esprit d’une époque. En outre,
à distance, les esprits antagonistes se confondent en un seul style et
Buñuel me raconte qu’il arrive au Mexique qu’on lui attribue
Le Sang
d’un poète
et qu’on m’attribue
Le Chien Andalou
. Il est possible que
Closed Vision
fixe l’esprit d’une époque et même qu’on s’en serve pour
condamner une époque. […] Salvador DALI me parlait dernièrement à
Madrid d’une science nouvelle qu’il baptise
: Phoenixologie. C’est la
science qui consiste à mourir plusieurs fois de suite et à revivre en
chair et en os. On observe ce phénomène dans nos vieux films. On le
retrouve dans
Closed Vision
– ce qui prouverait qu’il existe une tradition
de l’avant-garde ou de ce qu’on a coutume d’afficher comme tel. Un
jeune homme qui s’exprime avec singularité s’exprime à la minute
même où sa révolte l’exige. Être un précurseur est chose impensable
(cela reviendrait à se promener avec un parapluie ouvert l’avant-veille
d’un orage). Il serait plus juste de constater que les autres retardent
sur un acte qui enfonce sa griffe quand il se doit. Marc’O enfonce-
t-il sa griffe
? Seule une tireuse de cartes pourrait me répondre
»…
On joint
une photographie originale de Jean Cocteau avec Marc’O
à Cannes en 1954 (par A. Traverso, 13 x 18 cm), et une photographie
de Cocteau avec Guy Debord et Marc’O à la villa Santo-Sospir (vers
1951-1952, contretype).