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les collections aristophil
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COCTEAU JEAN
Clair-obscur. Poèmes
(Monaco, Éditions du Rocher, 1954)
;
in-8, broché.
800 / 1 000 €
Édition originale, un des 60 exemplaires sur pur fil Lafuma
(hors
commerce, n° H.C. LII).
Envoi autographe signé à Jean Marais
, au stylo-bille bleu sur le
faux-titre
: « Mon Jeannot tout ce qui est à moi est à toi. Tout ce qui
sort de moi, s’élance vers toi. Je t’embrasse Jean 1954
».
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COCTEAU JEAN
MANUSCRIT autographe signé « Jean
», [1954]
; 1 page et
demie grand in-fol. (260 x 460 mm) à l’encre noire, sur deux
feuillets, signé au dos du 1
er
feuillet, avec cette indication au
verso du 2
e
feuillet
: « Pour le disque
».
500 / 600 €
Réflexions sur l’inspiration poétique
.
Ce texte était destiné à accompagner la sortie du disque vinyle 25 cm
Poèmes de Jean Cocteau dits par l’auteur
, édité par Pathé-Marconi
en 1954. Cocteau y lisait plusieurs de ses œuvres, dont
L’Ange
Heurtebise
, un poème sur Manolete et des extraits de son théâtre.
«
Il ne suffit pas d’avoir une idée. Encore faut-il que cette idée nous
aie – nous occupe – nous hante – nous devienne insupportable et
encombrante pour que nous l’expulsions et qu’elle se mettre à vivre
d’une existence qui lui soit propre
». Le rôle du poète est «
d’ordre
moral […] Écrire, en ce qui concerne le poète, c’est changer de la nuit
en lumière. C’est en quelque sorte mettre de la nuit en plein jour.
Rien n’est plus complexe ni plus mystérieux que ce travail. […] Somme
toute notre métier (et PICASSO me disait
: Le métier c’est ce qui ne
s’apprend pas) notre métier est un métier d’archéologue. Puisqu’il
ne faudrait pas dire inspiration mais expiration – que nos œuvres
préexistent et que notre entreprise est de fouiller notre âme
». Le
cinématographe et le disque, par leur grand tirage, multiplient pour
le poète «
les chances de toucher quelques personnes que le poète
ne rencontrait pas jadis ou rencontrait à la longue et après sa mort.
La lutte que mène le poète de son vivant est un paradoxe car il est
posthume. La France a toujours tué ses poètes. La liste est longue de
ses victimes. Et c’est une bonne chose. Un poète doit mourir plusieurs
fois avant de vivre. En vérité, c’est lorsque le poète est mort qu’il vit
et s’il vit il est toujours un peu mort. C’est pourquoi sa lutte est si
rude. L’œuvre qui le mange et qui veut se débarrasser de lui est la
plus forte. Elle exige l’aide d’un plus faible et elle le méprise
»… Etc.