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les collections aristophil
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COCTEAU JEAN
MANUSCRIT autographe signé « Jean Cocteau
», [
Devant
l’Aurige
, 1953]
; 5 pages in-4 au stylo-bille bleu.
1 000 / 1 500 €
Belle évocation de l’Aurige de Delphes
.
Ce texte a été écrit pour l’ouvrage de Doré OGRIZEK,
La Grèce
(collection «
Le Monde en couleurs
», Éditions Odé, 1953)
; il a été
publié dans
Les Nouvelles littéraires
du 12 novembre 1953.
« J’ai toujours considéré l’Aurige de Delphes comme un aveugle en
marche immobile, un signe du temps qui nous dupe, d’une colonne
votive aux yeux d’émail et aux cils de bronze, une continuité de cette
Grèce dont je n’ai pas qualité pour dire le rôle qu’elle joue dans le
désordre du monde, mais à qui, en vertu du pouvoir conféré aux
poètes, je décerne l’ordre du mythe, ordre invisible et souverain.
[…] Pauvre petit Aurige
! Ses orteils reposaient dans un char attelé
de chevaux. Il annonçait l’amphithéâtre de Delphes. Amputé, privé
de son attelage, il ne s’arrête pas. Il ne fait que le geste du stop. Il
s’acharne calmement sur un socle
»... Prenant résolument le parti du
mythe contre l’histoire, il énonce un principe qui éclaire toute son
esthétique
: «
La généalogie des mythologues est moins suspecte
que celle des historiens. Parce que l’histoire se déforme à la longue
et que le mythe se forme à la longue. Parce que l’histoire est du vrai
qui devient du faux et que le mythe est du faux qui s’affirme
»… Puis
il évoque son récent voyage en Grèce, où « on se met à espérer au
lieu de désespérer dans la cage ouverte de la sauterelle Pallas
»…
On joint
le tapuscrit.