![Show Menu](styles/mobile-menu.png)
![Page Background](./../common/page-substrates/page0052.jpg)
101
les collections aristophil
LITTÉRATURE
100
479
CHATEAUBRIAND (François-René de)
Essai historique, politique et moral, sur
les révolutions anciennes et modernes,
considérées dans leurs rapports avec la
Révolution française.
Londres, J. Deboffe, Hambourg, J. F.
Fauche, Paris, Le Miere, 1797.
2 vol. in-8 (23 x 14 cm), cartonnage
d’attente de papier rose, titre manuscrit
au dos et sur le plat supérieur du
second volume, entièrement non rogné,
chemises modernes demi-maroquin
bordeaux à bandes et étui commun
(reliure de l’époque).
12 000 / 15 000 €
vi p., [1] f. d’errata, 395 p., 1 tableau hors
texte imprimé replié ; [2] ff., dont un bl.,
p. 397-694, 1 tableau hors texte imprimé
replié.
Édition originale
du premier livre de
Chateaubriand.
Elle est rarissime :
Maurice Chalvet
a répertorié les 25 exemplaires qui
subsistent aujourd’hui. Ils se répartissent
en trois groupes correspondant à des états
typographiques successifs, qui diffèrent
essentiellement par la formulation de la
page de titre. Le nôtre est un exemplaire de
troisième émission, avec la date en chiffres
arabes, un des onze connus. C’est le seul
état à porter le nom de l’auteur et l’adresse
d’un libraire français. Il est bien complet
des deux tableaux synoptiques dépliants.
480
COLETTE
Lettres autographes signées.
1917.
17 p. ½ in-8 et in-4, papiers divers,
quelques enveloppes conservées.
600 / 1 000 €
Belle correspondance autographe avec
Annie de Pène (1871-1918), échangée
pendant la Grande Guerre. Colette est
à Castel Novel de Varetz en Corrèze.
Journaliste, écrivain, éditrice, Annie de
Pène fit plusieurs reportages de guerre
pendant cette période. Elle était devenue
la compagne de Gustave Téry, le brillant
directeur de
L’Œuvre
, chargée de missions
à l’arrière, d’où son appellation de
« Général » sous la plume de Colette :
« Je
vous en prie, Annie, trouvez une semaine,
rien qu’une semaine (ou 15 jours si vous
pouviez !) à voler au Général et arrivez.
Mieux que ça : amenez le Général. »
Plusieurs croquis enlevés du quotidien, par
exemple lors d’une permission d’Henry de
Jouvenel, animent cette correspondance :
« Hélas, Annie, il part ce soir, le Sidi, avec
Lénery (?). Pendant deux jours, je l’ai
gobergé de lièvre, de fruits, d’ail, d’oignon,
de fromage blanc, de confitures de mûres,
de cerises à l’eau de vie, qu’il en claque. »
(lettre du 15-16 septembre 1917). Quelques
allusions au travail d’écriture figurent
dans les lettres :
« Je viens de faire avec
désolation mon papier pour l’“Excelsior”.
Je n’ai pas le temps de vous écrire. »
Le décalage entre la vie parisienne et la
campagne corrézienne où vit Colette se
fait parfois sentir. Annie de Pène mourut
de la grippe espagnole le 14 octobre 1918.
Certaines lettres ont été publiées par
Francine Dugast en 1995.
Bibliographie :
Colette,
Lettres à Annie de Pène et
Germaine Beaumont
, éd. F. Dugast,
Flammarion, 1995.
Marques de pliure, quelques brunissures.
L’ouvrage, qui devait comporter une
seconde partie (jamais publiée), fut un
échec commercial et Chateaubriand
déclara par la suite en avoir « jeté au feu
avec horreur les exemplaires », bien qu’il
n’ait jamais renié le livre. «
L’Essai,
écrit-il
dans les
Mémoires d’outre-tombe,
parut
chez Deboffe en 1797. Cette date est celle
d’une des transformations de ma vie. [… Il]
offre le compendium de mon existence,
comme poète, moraliste, publiciste et
politique. »
(Des livres rares…)
Exemplaire exceptionnel, entièrement
non rogné, en cartonnage de l’époque.
Provenance :
- Édouard Rastoin (ex-libris).
- Dominique de Villepin (ex-libris).
481
COLETTE
Correspondance autographe avec
Madame Gros.
Janvier 1937-novembre 1951, et s. d.
3 500 / 5 000 €
91 p. in-12 et in-8, à l’encre. Certaines
lettres sur papier à en-tête d’hôtels et de
l’Académie Goncourt.
Bel ensemble de 46 lettres ou cartes
autographes signées
adressées à
Madame Gros (Marie-Thérèse ?) à Juan-
les-Pins. La correspondance s’échelonne
sur quatorze années, du 20/01/1937 au
21/11/1951 et s’achève moins de trois
ans avant la mort de Colette. Elle la
surnomme souvent « Chère Belle-Lurette ».
Admiratrice de Colette, Mme Gros devient
bientôt une familière et Colette l’entretient
de sujets variés. Le ton y est enjoué et avec
des touches humoristiques. La première
lettre de Colette donne le ton : «
Madame,
Ce n’est pas sans appréhension que
j’écris à une siamoise. Car, ainsi que
chante Maurice Chevalier : “Quand une
siamoise, / Rencontre une aut’ siamoise.
Quoi donc qu’elle lui dégoise ? / Des
histoires de siamoises !”
» (20 janvier 1937).
Elle la gronde de se montrer si prodigue en
cadeaux : «
Et si on vous collait un conseil
judiciaire, siamoise ? […] Je vous remercie
avec sévérité »
(22 novembre 1937). Et la
lettre court sur les derniers nés des chats
de Colette : «
Le dernier couple issu de
Tigri, les plus beaux, s’appellent Jean Chat
et Agate Sanzache
». À l’occasion, elle lui
adresse une photo légendée avec un mot
en guise de remerciement : «
Chats pour
chats ! Oranges naines, chats de Lilliput,
corbeille pour atomes, tout est arrivé le 28
au matin
» (1937 ?). Des notes intimes sur sa
santé déclinante figurent dans les dernières
lettres : «
Ma charmante “docteur” me
met un peu de camphre dans… la fesse
»
(2 octobre 1950). Cette correspondance
présente des lettres plus sombres sur la
vieillesse et la vente d’une maison :
« Que
vous dirai-je de moi ? Rien, sinon que je
vieillis et que je travaille. Pour changer,
que la Treille muscate est à vendre. Dans
vos puissantes et siamoises relations,
trouvez lui un acquéreur ? ».
Il s’agit de
Bibliographie :
Carteret
Romantique,
I, 159. Coron,
Des livres rares depuis l’invention de
l’imprimerie,
BnF, 1998, n° 200. Chalvet,
« Les exemplaires connus de l’édition
princeps de l’
Essai sur les Révolutions »
,
Le
Livre et l’Estampe,
n° 36, 1963 (le présent
exemplaire porte le n° 9).
Cartonnages un peu frottés. Rousseurs,
quelques taches, petite déchirure margi-
nale réparée.
la célèbre propriété de Colette à Saint-
Tropez. D’autres courent sur le froid dans
les premiers mois de la guerre : «
Nous
avons eu vraiment trop froid. Car le mal
qu’endurent les soldats ne nous détournera
pas, hélas, de sentir le nôtre
. » (7 février
1940), et l’angoisse devant l’avenir incertain,
palpable dans la lettre suivante
: « Paris
n’est pas intenable. Ce sont les routes
qui semblent affreuses. Trop d’ “évacués”
bénévoles. La Normandie s’évacue sur
la Bretagne. Où ira la Bretagne ? Ma fille
est en Limousin. Si je devais partir, je n’ai
plus à emmener, pourvue de son bagage
et souriante à tout déplacement, celle qui
dans l’ombre était presque aussi bleue que
la pervenche
» (23 mai 1940). Il y est peu
question de son œuvre, mais on y trouve
tout de même une référence à l’écriture
de la dernière partie de ses « Souvenirs » :
L’Étoile Vesper
(13 (?) novembre 1945) qui
paraîtra en 1946. Colette se plaint parfois
du travail pour le Goncourt qui lui prend
beaucoup de temps : «
Trop de livres
à lire pour le Goncourt. Une centaine,
je crois
. » (28 octobre 1947). Au fil des
lettres, quelques relations importantes
de Colette apparaissent : les Polignac (26
juillet 1946), le pacha de Marrakech (lettre
du 28 octobre 1946) qui l’avait reçue dans
son palais en 1926, Natalie Clifford Barney
(
« l’Amazone »
de Rémy de Gourmont,
lettre de février 1947), Pierre Mac-Orlan (31
janvier 1950), le prince Rainier de Monaco
(9 mai 1950), François Mauriac (21 février
1951). Cette correspondance a fait l’objet
d’un signalement et d’une publication
partielle dans les
Cahiers Colette
en 2008.
Bibliographie :
« Lettres à Mesdames Gros et Belle Lurette :
sous le charme d’une siamoise »,
Cahiers
Colette
, 30, 2008.
Traces de pliures, quelques rousseurs
éparses, mouillure marginale sur une lettre.