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les collections aristophil

LITTÉRATURE

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ARAGON (Louis)

Lettre autographe signée.

[c. 1923-1924].

1 p. sur 1 f. in-12 oblong (13,5 x 21,5 cm), papier à en-tête de

la sous-préfecture de Commercy.

400 / 600 €

Lettre autographe signée adressée à « Denise », certainement Denise

Lévy dont il fût très amoureux et qui lui inspira le personnage de

Bérénice pour son roman

Aurélien

. Denise Lévy, cousine de Simone

Kahn, première femme d’André Breton, épousa en secondes noces

Pierre Naville :

« Sans rire je vous ai déjà écrit plusieurs fois, mais

c’est peu que d’écrire une lettre il faut encore qu’elle parte. […]

Aujourd’hui imaginez-vous que je projette d’aller à Strasbourg.

Pour ça il faut quitter ma feuille et Commercy. Donc au reçu de ce

mot, et je dirai que vous êtes un ange, vous voulez bien m’envoyer

(Aragon sous-préfecture Commercy Meuse) un télégramme

m’invitant pour quelques jours à Strasbourg, télégramme destiné

aux yeux de ma famille, et me retenir dans un hôtel infecte

[sic]

mais bon marché une chambre pour quelques jours. »

Trace de pliure.

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BARBEY D’AUREVILLY (Jules)

Ensemble de 4 lettres autographes signées à Edgar Raoul-

Duval.

5 janvier-15 avril 1875.

In-8 (22,5 x 14, 2 cm), reliure janséniste, maroquin noir, dos

à nerfs, doublures de maroquin rouge avec filet doré en

encadrement, gardes de soie moirée grise

(Marius Michel).

2 800 / 4 000 €

8 p. in-8 (20,8 x 12,8 cm) à l’encre noire ou violette sur 4 doubles ff.

de papier vergé, une enveloppe autographe à l’encre violette, le tout

monté sur onglets sur des feuillets de vergé fort.

Bel ensemble de 4 lettres autographes signées, adressées à Edgar

Raoul-Duval

.

Ces lettres, relatives au scandale provoqué par la parution des

Diaboliques

, sont adressées au député Raoul-Duval dont l’intervention

en faveur de Barbey fut décisive. Issu d’une famille demagistrats, Edgar

Raoul-Duval (1832-1887) fut successivement substitut du procureur

impérial à Nantes, avocat général à Angers, à Bordeaux et à Nantes.

Familier des salons parisiens comme de ceux de Rouen, c’était un

intime de Gustave Flaubert, et son penchant pour la littérature l’amena

à prendre fait et cause pour Barbey lors de la saisie des

Diaboliques

.

La présente correspondance fait suite à la polémique provoquée par

la parution de l’ouvrage chez Dentu fin 1874 : la description terrifiante

des passions corruptrices dans lesquelles se complaisent les héros

de ces nouvelles scandalisa la société française conservatrice, qui

s’indigna de lire de telles perversions sous la plume d’un écrivain

monarchiste et catholique. Barbey fit amende honorable, un non-

lieu fut prononcé par le tribunal de la Seine le 21 janvier 1875. Mais

de nombreux exemplaires, qui avaient été saisis, furent détruits,

notamment les 480 exemplaires restant chez le brocheur, sur les

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BARBEY D’AUREVILLY (Jules)

Manuscrit autographe pour le

[Premier Memorandum,

1836-1838]

.

[Paris, Caen, 13 août 1836 – 6 avril 1838].

In-8 (20,2 x 13,8 cm) de [187] ff., basane acajou polie,

encadrement de filets dorés sur les plats, dos lisse orné de

motifs dorés, tranches cailloutées,

(reliure de l’époque).

5 000 / 8 000 €

Important manuscrit autographe, écrit à l’âge de dix-huit ans.

Barbey écrira six

Memoranda

(1835, 1836-1838, 1838-1839, 1856,

1858, 1864) ; celui-ci, daté de 1836, est le journal intime de sa

jeunesse, écrit au moment où il traverse une période difficile.

À plusieurs époques de sa vie, Barbey d’Aurevilly tiendra

ces journaux rédigés à l’intention de ses plus proches amis.

Paradoxalement, ils étaient destinés à être lus et même publiés.

Ce manuscrit, correspond au texte qui sera publié sous le titre de

Premier memorandum

, même s’il a été précédé, en 1835, d’un

« Memorandum ante primum », composé de deux textes publiés

indépendamment des

Memoranda

.

Parmi les

Memoranda

, les deux premiers ont une position

particulière. « Tout en effet désigne les textes de 1836-1839 comme

un corpus cohérent, nettement distinct des autres textes publiés

sous le même titre. Uniques

Memoranda

à ne pas avoir été publiés

du vivant de Barbey, ils retiennent l’attention par leur cohérence

chronologique d’abord : écrit du 13 août 1836 au 6 avril 1838, le

journal, abandonné quelque temps, est repris du 13 juin 1838 au 22

janvier 1839. » (Melmoux-Montaubin). Les deux suivants prendront

une forme plus proche du récit de voyage et le dernier celle d’un

récit autobiographique.

Ces journaux sont à mettre en relation avec l’œuvre littéraire de

Barbey d’Aurevilly : « Les

Memoranda

, étrange journal intime, […]

offrent un texte à peu près vierge, dont la lecture dispense quelques

étonnements. On y voit se mettre en place un roman personnel,

exclusivement composé autour de présences ou d’absences

féminines, en une comédie des sentiments dont les rôles principaux

se retrouvent dans l’ensemble de l’œuvre romanesque. » (Melmoux-

Montaubin). Les premiers

memoranda

correspondent d’ailleurs à la

période où Barbey fait son entrée en littérature.

Le présent volume a été écrit pour et à la demande de Maurice

Guérin. C’est à lui, d’ailleurs, que l’on doit le titre « Strange Book »

écrit sur la première page du manuscrit, comme l’indique une lettre

2 200 du tirage total. Il fallut attendre 1882 pour qu’une réédition

parût, chez Alphonse Lemerre. Dans les trois premières lettres,

situées au début de janvier 1875, l’auteur des

Diaboliques

cherche

des appuis politiques pour contrer la décision du parquet et obtenir

le non-lieu. On suit les manœuvres tentées auprès de membres du

gouvernement, et les incertitudes qui désespèrent Barbey. Dans la

lettre du 5 janvier 1875, Barbey remercie chaleureusement Raoul-

Duval pour son soutien :

« Vous avez été si parfaitement bon avec

moi, – et d’une bonté si distinguée – que je ne crains pas de vous

importuner. Je dois, sur la parole que vous a donnée le garde des

sceaux, mais je voudrai bien m’éveiller sur l’ordonnance de non-lieu

qui mettrait fin à une position indécise et à toutes mes anxiétés. »

La quatrième lettre écrite après l’issue heureuse de l’affaire, prend

une tonalité franchement littéraire : l’écrivain s’adresse non plus au

politicien influent mais au lecteur bienveillant et éclairé de son livre.

Un tirage sur chine du portrait de Barbey d’Aurevilly gravé par Rajon

(imp. A. Salmon) a été placé en frontispice.

Bel exemplaire en maroquin doublé de Marius Michel.

Reliure gauchie en tête, léger frottement à un coin, petits frottements

sur les charnières, quelques rousseurs.

de Barbey à Trébutien : « J’ai deux gros volumes de

Memoranda

,

écrits pour Guérin qu’ils ravissaient et sur lesquels il a écrit de sa

plus profonde rêverie ces deux mots anglais Strange Book! ».

Barbey d’Aurevilly indique lui-même l’attachement qu’il avait à

ces textes : « Saint Victor m’a enfin rendu mes Memoranda – mes

crachoirs d’or, comme il les appelle… Ce sont des fragments de

mon moi, des cheveux coupés sur la tête morte et inanimée du

passé, une chose finie et frappée du grand caractère d’une chose

finie. »

Le texte ne sera publié qu’en 1900, d’après la copie qu’en établira

son fidèle ami Trébutien ; les auteurs de l’édition La Pléiade, qui

connaissaient l’existence de ce manuscrit, puisqu’il avait réapparu

chez le libraire Marc Loliée, n’avaient pu en obtenir une copie au

moment de l’établissement du texte ; or il existe entre la copie de

Trébutien qui servit à l’édition et le manuscrit de Barbey des variantes

importantes dues à des suppressions volontaires de Trébutien.

Magnifique texte autobiographique.

Provenance :

Charles Hayoit (ex-libris).

Bibliographie :

Melmoux-Montaubin, Marie-Françoise.

Les Memoranda de

Jules Barbey d’Aurevilly : de la féminité comme apprentissage de

l’écriture

In :

Masculin / Féminin dans la poésie et les poétiques du

XIXI

e

siècle

. Lyon, Presses universitaires de Lyon, 2002. Disponible

en ligne :

http://books.openedition.org/pul/6435.

Reliure un peu frottée, plus particulièrement aux mors et aux coins.

Un f. légèrement découpé à un angle, avec petite atteinte au texte.

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