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97

LITTÉRATURE

96

473

BLOY (Léon)

Manuscrit autographe signé pour

Le

Mendiant ingrat.

In-8 (25 x16 cm), demi-maroquin noir

à la bradel avec coins, dos lisse

(E.

Carayon).

7 500 / 10 000 €

169 p. in-8, 13 becquets.

Très important manuscrit

ayant servi à

l’impression.

LeMendiant ingrat

est la première partie du

long journal de Léon Bloy pour la période

1892-1895. L’édition parut le 1

er

avril 1898

chez Deman, son éditeur bruxellois. L’état

du manuscrit illustre le gros travail réalisé

par Bloy pour condenser son journal et

le remanier. Il prend soin de protéger ses

rares amis qui craignaient de voir leur nom

associé à un texte violent et ôte les détails

les plus triviaux de la vie domestique. Il

accentue certains passages dans le sens

d’une lecture symbolique de sa vie. Il est

devenu un « mendiant » :

« Il faut qu’il

tombe le misérable ! Rien ne le sauverait,

car Dieu lui-même veut qu’il tombe… Qui

sait vraiment… si ce Pauvre ne reparaîtra

pas quelque jour à la surface des

ténèbres, tenant à la main une magnifique

fleur mystérieuse, - la fleur du Silence, la

fleur du Gouffre ? »

Il s’est expliqué sur son

projet dans une lettre à Henry de Groux :

« Quand je serai tout à fait en paix […], je

-

L’Invendable

. Les entrées vont du 14 avril

1904 au 10 septembre 1907, désormais

souvent réduites à l’incipit à reprendre

dans l’agenda ou à l’indication d’une lettre

ou d’un texte à insérer. Cette partie est

paginée en rouge 1-18.

-

Le Vieux de la Montagne

. Les entrées

vont du 9 septembre 1907 au 26 juillet 1910,

paginées en bleu (1-10). Plusieurs becquets

ont été ajoutés.

-

Le Pèlerin de l’Absolu

. Paginé en rouge

1-9, « commencé le 14 mai 1913 mercredi de

Pentecôte ». Les entrées vont du 27 juillet

1910 au 31 décembre 1912, souvent réduites

à l’incipit à reprendre dans l’agenda ou

à l’indication d’une lettre ou d’un texte à

insérer, mais avec 5 notations développées

sur des petits feuillets collés dans le cahier.

-

L’Épilogue

, paginé 1-11, court de janvier

1913 à novembre 1914. Dans la conclusion,

Bloy se livre à une réflexion prophétique :

« Et maintenant advienne ce que Dieu

voudra. Je m’arrête ayant eu le bonheur,

après tant de mois d’angoisse, de pouvoir

noter d’importants succès militaires

que nos politiciens n’ont pas réussi à

entraver & qui semblent présager enfin la

définitive expulsion des brutes allemandes.

L’immense effort accompli en France sera-

t-il jugé suffisamment expiatoire par la

miséricorde infinie ? »

Provenance :

Vente Paris, T. de Maigret, 15 mai 2013, n°

208.

Bibliographie :

Léon Bloy, Exposition de la Bibliothèque

Nationale, 1968, n° 268e.

Quelques feuillets détachés, nombreux,

papier fragilisé, feuillets brunis, importants

manques en pied du dos.

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[BOILEAU-DESPRÉAUX (Nicolas)]

Manuscrit autographe de la

Lettre

de Monsieur Arnauld à Monsieur

Perrault au sujet de la Dixième Satire de

Monsieur Despréaux.

[5 mai 1694].

Grand in-4 (30,5 x 24,5 cm), maroquin

grenat au chiffre

JM

à froid sur les plats,

cadre intérieur à double filet doré et

filet à froid, tranches dorées, chemise

et étui

(André Ballet, J. Duval rel. et H.

Berthaux dor.)

8 000 / 12 000 €

34 p. sur 17 ff. in-4 (22 x 16 cm) numérotées de

main ancienne, 1 f. bl. Le manuscrit est monté à

fenêtre dans des feuillets de papier vergé.

Importante copie, entièrement de la main

de Boileau, de la lettre écrite par Antoine

Arnauld à Charles Perrault après la lecture

de son

Apologie des femmes

. Cet ouvrage

attaquait la Satire X de Boileau contre les

femmes ; Arnauld écrivit cette lettre pour

tenter de réconcilier les deux adversaires qui

s’affrontaient dans la Querelle des Anciens et

des Modernes. Boileau se faisait le défenseur

des Anciens, avec ses

Réflexions critiques sur

quelques passages du rhéteur Longin où, par

occasion, on répond à quelques objections

de Monsieur P***

[Perrault]

contre Homère et

contre Pindare

, tandis que Perrault, chef de

file des Modernes, publiait son

Parallèle des

Anciens et des Modernes

. Antoine Arnauld,

ami des deux écrivains, était alors en exil à

Bruxelles. Il fut consterné par la Préface de

L’Apologie des Femmes

, poème de Perrault

dans lequel il attaquait violemment Boileau

à propos de sa Satire X contre les femmes.

Arnauld répondit le 5 mai 1694 à Perrault par

cette lettre dans laquelle il prenait la défense

de Boileau, faisait une magistrale étude de

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BLOY (Léon)

Manuscrit autographe signé du

Journal 1896-1915.

1 cahier petit in-4 (22 x 17,5 cm),

percaline souple noire, tranches

rouges.

3 000 / 5 000 €

108 p., [4] ff. volants, environ une vingtaine

de becquets, encre noire.

Précieuxmanuscrit de travail préparatoire

pour l’édition de 6 volumes du

Journal

. Le

Journal

publié par Léon Bloy, qui totalise 8

volumes depuis

Le Mendiant ingrat

jusqu'à

La Porte des Humbles

, est extrait de son

journal intime tenu sur des agendas. Ce

précieux cahier est le manuscrit de travail

dans lequel Bloy procède à la réécriture

de son

Journal

, avant la copie mise au net

pour l’impression. Ce cahier contient les

éléments allant du second volume,

Mon

Journal

(1904), à l’avant-dernier, intitulé

Au seuil de l’Apocalypse

(1916). Le dernier

volume a été préparé par Mme Bloy après

la mort de son mari. On relève un très grand

nombre de modifications textuelles, avec

ratures et additions en marge, appelées au

crayon rouge ou bleu, ou sur des becquets

ajoutés. Il s’ouvre sur le brouillon du texte

liminaire :

« Le “Mendiant ingrat” finissait

en novembre 95. Huit ans se sont écoulés

& c’est toujours la même chose ! Dans

l’intervalle ce Mendiant a écrit, Dieu sait

à quel prix ! une demi-douzaine de livres

que ses ennemis eux-mêmes ne peuvent

pas mépriser. Son existence entière a

donc été un tel prodige de douleur, un

pèlerinage si infernal que les juges les plus

atroces conviennent de l’exagération du

châtiment. »

Les différentes parties sont

régulièrement publiées dans le

Mercure

de France

de 1904 à 1916. L’ensemble

comprend :

- Une première partie, présentée comme

« suite du Mendiant ingrat », court de 1896

à 1900. En réalité, une section s’étend du

28 janvier 1896 (avec note pour insérer

un article

« sur Dumas fils qui vient de

crever »

) au 24 septembre 1898, puis, le

journal reprend après interruption de

quelques mois, avec le titre

Dix-sept mois

en Danemark

, du 6 janvier 1899 au 11 juin

1900.

-

Quatre ans de captivité à Cochons-sur-

Marne

. Paginé en vert 1-29, et daté en fin

16 février 1905. Les entrées vont du 14 juillet

1900, jour de l’installation de la famille

Bloy à Pomponne, faubourg de Lagny

(Cochons-sur-Marne), pour s’achever le 12

avril 1904.

la Satire X, et tentait, au nom de la charité

chrétienne et de l’amitié qu’il portait à chacun

d’eux, de réconcilier les adversaires. Il confia sa

lettre ouverte à un ami de Paris qui la fit lire à

Boileau, avant de la remettre à Perrault. Boileau

prit soin d’en faire cette copie de sa main.

Tout le monde, comme Arnauld, souhaitait la

paix ; Racine et l’abbé Tallemant furent choisis

comme médiateurs. Cette « Lettre d’Antoine

Arnauld à Charles Perrault sur la Satire X »

parut pour la première fois dans l’édition

des

Œuvres diverses

de Boileau de 1701. Le

manuscrit présente des variantes avec le texte

imprimé, notamment

« un Père Bouhours »

qui sera remplacé par

« un faux Délicat ».

On

notera que Boileau avait commencé à traduire

en français dans les marges les citations latines,

puis y a renoncé. Il a considérablement raturé

et corrigé un passage concernant la lettre de

Cicéron à Papyrius Poetus, pour arriver à la

rédaction finale :

« ils ne passoient point pour

deshonnestes selon une de leurs significations

dont il apporte plusieurs exemples ».

La

réconciliation intervint enfin le 30 août 1694,

lorsque Boileau et Perrault s’embrassèrent

publiquement à l’Académie. Mais le 8 août

Arnauld était mort à Bruxelles. Une note

ancienne a été inscrite en haut de la première

page du manuscrit de Boileau :

« Cette lettre fut

ecrite aumois demay 1694, peu de tems avant

la mort de Mr Arnauld; et c’est son dernier

ouvrage. Il l’envoya ouverte à un de ses amis

à Paris, afin qu’il la fit lire à Mr Despreaux ; et

cet ami en garda une copie avant que de la

rendre à Perrault, à qui elle etoit ecrite. »

Provenance :

Jacques Millot (ex-libris, Vente, 17-18

décembre 1975, n° 3).

Bibliographie :

Boileau,

Œuvres complètes

, La Pléiade, p.

575-588.

Taches ou rousseurs, quelques traces de

pliure, petite fente réparée au dernier feuillet.

prendrai mon journal, mon mystérieux et

redoutable journal que j’écris, heure par

heure, depuis plus de trois ans - et de ce

journal j’enlèverai des tranches toutes vives

en assez grand nombre pour former un

volume de quatre cents pages destinées à

produire des effets analogues aux brûlures

noires du vitriol.

 » (4 juillet 1895).

La période

concernée couvre les années 1892-1895,

très difficiles pour l’auteur, depuis la

brouille avec ses anciens amis. Il y évoque

le travail pour le

Gil Blas,

avant d’en être

chassé après l’affaire Tailhade. L’année 1895

est celle où il perd deux de ses enfants.

Le manuscrit contient des articles et des

fragments de textes découpés, collés et

corrigés par Bloy, la liste alphabétique des

noms cités et la table (ajouts et corrections

très importants, annotations au crayon

bleu ou orange).

On joint :

- Une couverture enluminée (en vermillon,

vert, bleu et noir) exécutée et signée par

Léon Bloy, datée 1898.

- Une lettre autographe volante, signée

du prince Ourousof, avocat au barreau

de Moscou, à Edmond Denan. Moscou,

13 août 1898, 1 p. in-4. Elle indique le

versement à Léon Bloy d’un chèque de 100

francs.

Provenance :

Gwenn-Aël Bolloré (Cat. vente, Sotheby’s,

12 février 2002, partie du lot n° 4).

Frottements à la reliure (coins, coiffes et

charnières), papier bruni.

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