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Lettres & Manuscrits autographes
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26 mai 2020
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BAUDELAIRE Charles (1821-1867)
L.A.S. « C.B. », [1861], à son éditeur Eugène de BROISE ; 1 page in-8
(petit manque à coin sans toucher le texte).
Publicité pour la seconde édition des
Fleurs du Mal
.
« Note pour M. De Broise, pour être remise à M. Arsène
HOUSSAYE
, en
même temps que l’autorisation de tirage du portrait de
BRACQUEMOND
.
“Le portrait de Charles Baudelaire que nous offrons à nos abonnés,
dessiné et gravé par M. Bracquemond, orne la deuxième édition des
Fleurs du Mal
, qui vient de paraître à la librairie Malassis et De Broise,
augmentée de trente cinq poëmes nouveaux”. De plus, il faut penser à
ceci, c’est que le portrait n’est pas
accompagné du nom
, et que si c’est
inutile pour le volume, c’est indispensable pour le journal ». Il ajoute :
« M. Arsène Houssaye arrangera d’ailleurs la réclame à sa guise ».
2 000 - 3 000 €
108
BAUDELAIRE Charles (1821-1867)
L.A.S. « Charles Baudelaire », 9 avril 1864,
à « Mademoiselle » [Judith GAUTIER] ; 2 pages et demie in-8.
Jolie lettre à Judith Gautier après son premier article consacré
à la traduction d’
Eureka
d’Edgar Poe
.
[Le
Moniteur universel
du 29 mars 1864 publiait le premier article de
Judith Gautier (fille de Théophile Gautier), signé du pseudonyme « Judith
Walter », consacré à la traduction par Baudelaire d’
Eureka
d’Edgar Poe.]
« J’ai trouvé récemment chez un de mes amis votre article, dans le
Moniteur
du 29 Mars, dont votre père m’avait, quelque temps auparavant,
communiqué les épreuves. Il vous a sans doute raconté l’étonnement
que j’éprouvai en les lisant. Si je ne vous ai pas écrit tout de suite pour
vous remercier, c’est uniquement par timidité. Un homme, peu timide par
nature, peut être mal à l’aise devant une belle jeune fille, même quand
il l’a connue toute petite, – surtout quand il reçoit d’elle un service, – et
il peut craindre, soit d’être trop respectueux et trop froid, soit de la
remercier avec trop de chaleur.
Ma première impression, comme je vous l’ai dit, a été l’étonnement, –
une impression toujours agréable d’ailleurs. Ensuite, quand il ne m’a
plus été permis de douter, j’ai éprouvé un sentiment difficile à exprimer,
composé moitié de plaisir d’avoir été si bien compris, moitié de joie de
voir qu’un de mes plus vieux et de mes plus chers amis avait une fille
vraiment digne de lui.
Dans votre analyse, si correcte, d’
Eureka
, vous avez fait ce qu’à votre
âge je n’aurais peut-être pas su faire, et ce qu’une foule d’hommes très
mûrs, et se disant lettrés, sont incapables de faire. Enfin, vous m’avez
prouvé ce que j’aurais volontiers jugé impossible, c’est qu’une jeune
fille peut trouver dans les livres des amusements sérieux, tout à fait
différents de ceux, si bêtes et si vulgaires, qui remplissent la vie de
toutes les femmes.
Si je ne craignais pas encore de vous offenser en médisant de votre
sexe, je vous dirais que vous m’avez contraint à douter moi-même des
vilaines opinions que je me suis forgées à l’égard des femmes en général.
Ne vous scandalisez pas de ces compliments si bizarrement mêlés de
malhonnêtetés ; je suis arrivé à un âge où l’on ne sait plus se corriger,
même pour la meilleure et la plus charmante personne.
Croyez, mademoiselle, que je garderai toujours le souvenir du plaisir
que vous m’avez donné. »
5 000 - 6 000 €