Table of Contents Table of Contents
Previous Page  76-77 / 188 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 76-77 / 188 Next Page
Page Background

75

74

Lettres & Manuscrits autographes

26 mai 2020

107

BAUDELAIRE Charles (1821-1867)

L.A.S. « C.B. », [1861], à son éditeur Eugène de BROISE ; 1 page in-8

(petit manque à coin sans toucher le texte).

Publicité pour la seconde édition des

Fleurs du Mal

.

« Note pour M. De Broise, pour être remise à M. Arsène

HOUSSAYE

, en

même temps que l’autorisation de tirage du portrait de

BRACQUEMOND

.

“Le portrait de Charles Baudelaire que nous offrons à nos abonnés,

dessiné et gravé par M. Bracquemond, orne la deuxième édition des

Fleurs du Mal

, qui vient de paraître à la librairie Malassis et De Broise,

augmentée de trente cinq poëmes nouveaux”. De plus, il faut penser à

ceci, c’est que le portrait n’est pas

accompagné du nom

, et que si c’est

inutile pour le volume, c’est indispensable pour le journal ». Il ajoute :

« M. Arsène Houssaye arrangera d’ailleurs la réclame à sa guise ».

2 000 - 3 000 €

108

BAUDELAIRE Charles (1821-1867)

L.A.S. « Charles Baudelaire », 9 avril 1864,

à « Mademoiselle » [Judith GAUTIER] ; 2 pages et demie in-8.

Jolie lettre à Judith Gautier après son premier article consacré

à la traduction d’

Eureka

d’Edgar Poe

.

[Le

Moniteur universel

du 29 mars 1864 publiait le premier article de

Judith Gautier (fille de Théophile Gautier), signé du pseudonyme « Judith

Walter », consacré à la traduction par Baudelaire d’

Eureka

d’Edgar Poe.]

« J’ai trouvé récemment chez un de mes amis votre article, dans le

Moniteur

du 29 Mars, dont votre père m’avait, quelque temps auparavant,

communiqué les épreuves. Il vous a sans doute raconté l’étonnement

que j’éprouvai en les lisant. Si je ne vous ai pas écrit tout de suite pour

vous remercier, c’est uniquement par timidité. Un homme, peu timide par

nature, peut être mal à l’aise devant une belle jeune fille, même quand

il l’a connue toute petite, – surtout quand il reçoit d’elle un service, – et

il peut craindre, soit d’être trop respectueux et trop froid, soit de la

remercier avec trop de chaleur.

Ma première impression, comme je vous l’ai dit, a été l’étonnement, –

une impression toujours agréable d’ailleurs. Ensuite, quand il ne m’a

plus été permis de douter, j’ai éprouvé un sentiment difficile à exprimer,

composé moitié de plaisir d’avoir été si bien compris, moitié de joie de

voir qu’un de mes plus vieux et de mes plus chers amis avait une fille

vraiment digne de lui.

Dans votre analyse, si correcte, d’

Eureka

, vous avez fait ce qu’à votre

âge je n’aurais peut-être pas su faire, et ce qu’une foule d’hommes très

mûrs, et se disant lettrés, sont incapables de faire. Enfin, vous m’avez

prouvé ce que j’aurais volontiers jugé impossible, c’est qu’une jeune

fille peut trouver dans les livres des amusements sérieux, tout à fait

différents de ceux, si bêtes et si vulgaires, qui remplissent la vie de

toutes les femmes.

Si je ne craignais pas encore de vous offenser en médisant de votre

sexe, je vous dirais que vous m’avez contraint à douter moi-même des

vilaines opinions que je me suis forgées à l’égard des femmes en général.

Ne vous scandalisez pas de ces compliments si bizarrement mêlés de

malhonnêtetés ; je suis arrivé à un âge où l’on ne sait plus se corriger,

même pour la meilleure et la plus charmante personne.

Croyez, mademoiselle, que je garderai toujours le souvenir du plaisir

que vous m’avez donné. »

5 000 - 6 000 €