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Lettres & Manuscrits autographes
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26 mai 2020
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CAMUS Albert (1913-1960)
L.S. « Albert Camus », Paris 1
er
juillet 1955, à Louis FALAVIGNA ;
1 page in-8, en-tête
Librairie Gallimard
.
« Oui, une série de contre-temps (je n’aurais jamais cru que la Télévision
puisse dévorer tant d’heures) m’ont empêché de vous voir comme je l’aurais
désiré. Toujours est-il que je pars demain matin et que nous ne pourrons
pas parler à loisir de votre pièce. Je le regrette moins en pensant que
j’avais peu à ajouter à ce que je vous avais dit. Ma critique essentielle
porte, vous vous en souvenez, sur la différence entre les deux tons de
la pièce. Mais je suis sûr que vous arriverez à réduire ces difficultés et
puisque vous pensez monter
Les Disparus
au mois de novembre, je vous
souhaite seulement, très cordialement, le meilleur succès »…
300 - 400 €
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CAMUS Albert (1913-1960)
L.S. « Albert Camus », Paris 20 mars 1958, à Jacques BRENNER,
aux
Cahiers des Saisons
; 1 page in-8 dactylographiée, en-tête
Librairie
Gallimard
.
« Les manuscrits de DADELSEN que m’a remis sa femme pour une
édition chez Gallimard sont dans un grand désordre. Je ne pourrai
confectionner un manuscrit d’édition qu’en mai, à mon retour d’Algérie
(je pars dans quatre jours). Voulez-vous que nous nous rencontrions à
ce moment et vous pourrez choisir quelques textes ? »…
On joint
2 enveloppes autogr. au même ; une L.S. de Suzanne Agnély,
secrétaire de Camus, réclamant à Brenner les poésies de Dadelsen ;
et une photographie de Camus (
Keystone
).
200 - 300 €
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CÉLINE Louis-Ferdinand (1894-1961)
L.A.S. « L.D. »,
98 rue Lepic
le 27 [juin 1933], à Eugène DABIT ;
2 pages in-4 à son adresse.
Sa lettre lui a fait bien plaisir, « tout au soleil et à la création. Je vois cela
d’ici heureux menorquin ! Il faut donc finir l’Histoire de mort. Vous savez
que je suis un spécialiste du cadavre. Je vais voir de quelle manière vous
nous présentez ça. Je jouis d’avance. Vous savez en quelle admiration
me tient votre charme. Je l’ai dit partout en Europe centrale dont je
reviens – non pour vous faire plaisir mais par plaisir »… Il évoque aussi
l’admiration de sa « petite amie », Elizabeth CRAIG, repartie en Amérique.
« Pas de timidité, donc, c’est un livre mieux encore que d’habitude qui
nous est dû »… Il le taquine un peu sur son séjour à Menorca. « À ce
propos je reviens du Danube convaincu du pire. Il se prépare là-bas
(et pour ici) d’autres infections, d’autres immondes diversions sadiques
monstrueuses. Des peuples entiers affamés et masochistes… Ah mon
ami – comment tuer sans l’être ? »…
600 - 800 €
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CÉLINE Louis-Ferdinand (1894-1961)
L.A.S. « L.D. »,
Paris
11 [novembre 1933], à John H.P. MARKS, à Madrid ;
2 pages in-8 à en-tête du
Pigall’s Tabac
, enveloppe (fentes et petit trou).
Au traducteur de
Voyage au bout de la nuit
.
« Tant mieux alors puisque le
Voyage
ne vous embête pas à mourir !
Mais hâtez-vous mon vieux. Voici les Hollandais qui se mettent à traduire
aussi ! L’Empire est en danger ! […] Voulez-vous m’envoyer l’article de
Douglas Garman
paru sur le
Voyage
dans
Comments and Reviews
. […]
Je vois que la vie s’organise autour de vous. Pour la maison, voulez-vous
m’envoyer une adresse d’un
Real Estate
. Je me mettrai en rapport avec
lui. Ce sera plus facile. Je vais vous envoyer
L’Église
le
16
.
La Bonne
est un faux jeu de mot. Je veux dire que pour nommer la dernière des
dernières dans l’échelle sociale on s’est servi précisément de l’adjectif
qui signifie
Bonté
. Donc on voit ce que rapporte la Bonté ! – Le pire
voyez-vous mon vieux c’est d’en écrire
un autre
»…
700 - 800 €
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CÉLINE Louis-Ferdinand (1894-1961)
5 L.A.S. « LF Céline », Copenhague [1947-1948], à Henri PHILIPPON ;
11 pages in-fol.
Bel ensemble au journaliste et ami qui lui rendit visite à Copen-
hague, notamment sur l’épuration et la réédition de ses œuvres
.
Il y est question de Jean VOILIER (Jeanne Loviton), successeur de l’éditeur
Denoël et détenteur des droits, et de Maximilien VOX, administrateur de
la maison d’édition, des avocats Thorvald MIKKELSEN et Albert NAUD,
mais aussi d’autres personnalités visées par la Justice : Lucien REBA-
TET, qui avait vu sa condamnation à mort commuée en travaux forcés
à perpétuité ; Xavier VALLAT, ancien commissaire aux Questions juives,
et Paul MARION, ancien secrétaire d’État à l’Information et à la Presse,
puis auprès du Chef du gouvernement, condamnés par la Haute Cour
de Justice à dix ans de détention ; Adrien MARQUET, ancien ministre
de l’Intérieur et maire de Bordeaux, condamné à dix ans de dégradation
nationale ; Fernand SORLOT, directeur des Nouvelles Éditions latines,
condamné à vingt ans de dégradation nationale.
Vendredi [1947 ?]
. Il n’a pas très bien compris les nouvelles que lui
rapporte Mikkelsen, au sujet de Voilier, Fasquelle, des rééditions pos-
sibles, etc. « Vous êtes au courant je le sais et vous jouez un rôle fort
amical et actif, dont je vous suis bien reconnaissant… Mais encore que
se passe-t-il ? Vous connaissez mes sentiments. Entendu pour
Féerie
mais à condition qu’on me
réédite mes vieux titres
. […] C’est la manie
des éditeurs de vouloir toujours du nouveau et la rage des auteurs de se
cramponner à leurs vieux ours »…
Vendredi 19 décembre [1947]
. « Très
bien vu ! Très bien agi ! Comme vous vous êtes heureux de recevoir
les lettres de Marion ! […] Il me semble qu’il va s’en sortir sans trop en
crever. – Vu les temps, vu Marquet, vu Vallat… Quant au malheureux
Rebattet il n’avait pas mérité cet enfer – loin de là. Ambitieux, imprudent,
inconscient, crédule aussi… Que cette vengeance est infecte et à froid. 4
ans après le feu ! Comme tout ceci fait présager des lendemains encore
plus ignobles »… En ce qui concerne Voilier, Céline comprend qu’elle
aurait bien voulu, commerçante, réserver l’avenir, et « après le plongeon
me rattrapper au nom de l’illusoire contrat !.. Nenni ! Précisément il faut
par cela que je
rompe
à
présent
. Lui mettre le nez dans le fait.
Rupture
article XI
– et vogue la galère ! D’ailleurs la maison est en déconfiture –
plus un sol en caisse. Vox et elle ont tout gouloufé ! » On lui parle des
éditions du Rocher
à Monte Carlo ; il préférerait Fasquelle, « mais il
faudrait qu’il se presse ! Je voudrais montrer ici à mon avocat Mikkelsen
autre chose que des babillages – de francs suisses en Suisse. C’est lui
mon banquier ! Et depuis 4 ans que je ne gagne plus un sol… […] Je
peux parfaitement signer un contrat à Copenhague – sous la loi danoise.
J’emmerde des lois françaises – ici j’ai parfaite personnalité civile.
Il y a un petit hic – les peintres dont nous occupons l’atelier ici menacent
de rentrer de Nice – dans ce cas nous évacuerons par la campagne !
Chez Mikkelsen précisément »…
2 mars [1948]
. « Parfait. Que Fasquelle m’édite en Suisse sous mon nom
– et on attendra la Voilier de pied ferme – avec une contre-lettre entre
moi et Fasquelle lui donnant des droits de reprise. […] La Voilier-Denoël
passe à l’Épuration le 12 mars. J’espère qu’ils crèveront la boîte. Lorsque
Fasquelle aura tiré en Suisse de mes livres – alors bien sûr que prendrai
ses
avances
! Mais pas avant – ces michés vous soupçonnent toujours
de crapuleries. Ils ont l’habitude d’être “tapés”. Je ne tape personne
– JAMAIS. Homme à homme – c’est ma loi – en homme. PAULHAN va
sortir un premier chapitre de
Casse-Pipe
dans ses
Cahiers
. Et Sorlot,
un petit ballet anodin –
Foudres et flèches
. L’avenir est à Fasquelle !
Quant à Naud mon Dieu tu connais la Justice »…
Le 17 [1948]
. « Tout
ceci me semble parfaitement emmanché – mais il faut suivre Fasquelle
et Naud – qu’ils se décident. – Écrivez donc cet article pour l’Agence-
Presse dans le ton misérable. On a que trop intérêt et passion à me faire
figurer nabab en exil, régalé etc. Dites bien
prison
et non
internement
.
Je vois rouge lorsqu’on a l’air de confondre. Pour l’Amérique
Sur
– faites
remarquer que j’ai été le chef d’une mission médicale de la SDN –
en
1924
– et pendant 8 mois nous avons parcouru l’Amérique et l’Europe
avec ces charmants et
savants confrères
[…] Tous à présent professeurs
et praticiens distingués dans leur patrie. Quels charmants amis ! Les
plus beaux mois de mon existence en leur compagnie ! Ils m’ont offert
une montre que j’ai gardée toujours précieusement. Elle a compté toutes
mes heures depuis 1924, et d’exil, et de prison. Dites aussi que je suis
encore admirablement défendu en Amérique du Nord – par
Cornell
le
grand avocat de New York et
Milton Hindus
professeur à l’Université
de New York grâce auquel mes livres sont
réédités
en Amérique – (et
interdits en France). Vive la démocratie véritable nom de Dieu ! »…
Le
19 [1948]
, sur son oncle Louis GUILLOU, « un excellent homme, mon
dernier parent vivant (74 ans !) mais qui ne comprend rien à mon état.
Il fait tout son possible pour sauver les ultimes bribes de mon archi-
menacé et pillé patrimoine… Quelques chemises de ci et là… Maître C.
m’écrit ce matin que Naud travaille Voilier pour qu’elle résilie mon contrat.
Mais il est tout résilié que diable ! Je me fous pas mal de leurs cas de
force majeure ! Et bouffer est-ce une force majeure ? Qui me nourrit
depuis 4 ans ? Une belle histoire ! Si elle n’est pas contente elle fera un
procès à mon cul ! Ils ont imprimé 30 auteurs depuis la libération ! Il
serait trop commode de me garder sous cloche… à tout hasard… On
ne sait jamais etc. Salut ! Il faut les mettre devant le fait accompli »…
2 500 - 3 000 €
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