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Lettres & Manuscrits autographes
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26 mai 2020
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BOUFFLERS Stanislas-Jean, chevalier de (1738-1815)
L.A.S. « B », mercredi 13 [pluviose XI (2 février 1803)],
à Mlle Rose BESNARD ; 2 pages in-8, adresse.
Jolie lettre sur sa rentrée à l’Institut
.
[Élu à l’Académie française en 1788, Boufflers, rentré en France après
l’émigration, retrouva son fauteuil lors de la réorganisation de l’Institut,
parmi les 40 membres de la Classe de la Langue et de la Littérature
françaises.]
« C’est a vous chere et bonne Rose qu’il falloit donner un fauteuil entre
M
de
de Sévigné et Deshoulières pour toutes les choses charmantes que
votre aimable esprit et surtout votre excellent cœur vous dictent au sujet
de ma restauration academique ne vous attendez pas que je vous paye
en aussi jolie monnoye il y a toujours un peu d’alliage dans nos jettons
au lieu que chés vous tout est franc tout est fin et tout est pur comme
vous. Mais chère Rose l’esprit ne suffit pas il faut songer en meme tems
au corps qui a bien son merite aussi. Tachés donc tous et toutes tant que
vous etes de resister au torrent qui entraîne tant de gens a l’hopital et
de l’hopital, Dieu sçait où. J’espere d’icy a deux jours que mes travaux
agricoles financiers et academiques me permettront d’aller vous voir
et vous remercier d’un si aimable souvenir. Mon academicienne ne me
laissera point aller seul vous pouvés compter sur elle comme sur une
veritable amie de toute la maison a commencer par le chef a qui nous
souhaitons un promt retour vers la santé malgré la douceur qu’il doit
trouver a etre entouré de cinq ou six aussi charmantes garde-malades »…
200 - 300 €
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BOUSQUET Joe (1897-1950)
L.A.S. « Joe », Carcassonne 28 novembre [1946], à Raymond DATHEIL ;
4 pages in-8.
Belle lettre au poète Raymond Datheil
(1902-1983).
« Datheil, vous êtes
resté
près de moi. Je vous entends, je crois
entendre mon père, aujourd’hui mort, vous parler de votre cœur.
À cause de vous, bien souvent, je change mes mots pour parler à
l’être que j’aime le plus au monde. Cette jeune femme, en effet, m’a
appris, sans s’en douter, qu’elle portait, jusque dans un signe repé-
rable de son cœur, ce rythme émotionnel qui vous fait poète, qui
la fait passionnée, vivante, heureuse ou malheureuse de tout »…
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BRETON André (1896-1966)
L.A.S. « André Breton » à la suite d’une lettre à lui adressée, 1922 ;
9 lignes en bas d’une page in-4 à en-tête de
L’Argus de la Presse
, vignette
(fentes, un bord un peu rongé sans perte de texte, trous de classeur).
6 février 1922
, sur un rappel de paiement de l’Argus de la Presse : Breton
corrige son nom dactylographié « Berton » en « Breton », et présente
ses excuses, la facture « ayant été présentée à mon ancien domicile.
Je vous en adresse ci-joint le montant et vous prie de ne pas différer
plus longtemps l’envoi des coupures me concernant et concernant le
Congrès de Paris, qui m’étaient adressées
2 rue de Noisiel
et dont le
service m’est supprimé depuis trois jours »…
On joint
une lettre écrite par sa femme Simone et signée par elle
« André Breton » (sur papier de la revue
Littérature
), et 2 coupons de
mandat (plus une note de service), au sujet des envois et factures de
L’Argus de la Presse
.
400 - 500 €
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BRETON André (1896-1966)
12 L.A.S. « André Breton », Paris 1930-1934, à Valentine HUGO ;
12 pages in-4 ou in-8, enveloppes.
Très belle correspondance à l’artiste et l’amie, qui fut aussi, en
1930, sa maîtresse
.
29 juillet
1930
. Elle ne l’a pas blessé. « La vérité est que cette vie, qui
est la mienne et que vous vous défendez inutilement de vouloir changer,
est en ce moment si faible, en vaut si peu la peine que je ne la trouve
capable de se composer avec rien. Il me paraît déjà bien beau que
cette barque vide fasse semblant de tenir la mer. Mais si vous saviez
comment je passe le temps : j’erre, presque toujours dans le même
quartier de Paris, en attendant que le soir vienne, je ne fais, je ne vois
presque absolument rien qui vaille. Le moyen, dans ces conditions,
d’avoir même une conversation avec vous, qui attendez quelque chose
de moi ! Autant demander aux papillons de s’envoler en plein hiver »…
Pourtant il lui parle avec abandon… « Mais je sais ce qu’est l’expérience,
non pas du bonheur certes mais de la non-solitude, quelque visage
qu’elle emprunte – il en est de charmants, de tolérables – je l’ai eue…
je l’ai perdue. Je suis […] tout à fait rejeté sur l’autre rive »…
30 juillet
.
L’impossibilité de la voir ne vient pas de lui. « Je suis très mécontent
de prolonger ainsi vis-à-vis de vous mon séjour dans l’ombre. Mais les
événements persistent à disposer de moi de la manière la plus bizarre »…
1
er
septembre
. Il lui est impossible de remettre des rendez-vous qu’il a
ce soir pour la revue : « je ne
peux
pas venir. Tout à fait à contre-cœur
j’ai dû faire descendre la fougère dans la cour mais je me mets plusieurs
fois par jour à la fenêtre pour la regarder »…
6 septembre
. « Je crois
que ce qui se passe, malgré tout, est
bien
, que la fierté à laquelle vous
tenez autant que moi ne peut être placée que beaucoup plus loin, – la
vraie fierté, car l’autre ni vous ni moi n’en saurions que faire. Et toute
autre manière d’être avec vous, en raison même de l’importance que
j’attache
à vous
, n’eût été jusqu’ici de ma part que confusion volontaire
et que légèreté »…
Mardi [20 septembre 1932]
. « Je déplore ce qu’il peut paraître y avoir d’in-
humain dans le fait de vous retourner ces lettres sans les lire, mais je vous
avais demandé de les reprendre avant mon arrivée. De grâce ne m’obligez
plus à de tels gestes soit en m’écrivant soit en cherchant à me rencontrer
dans la cour de cette maison. Il n’est pas possible que nous consentions
à nous faire encore plus de mal »…
15 février 1933
. « Naturellement je
ferais figurer votre nom au bas de toute protestation à laquelle pourrait
donner lieu l’affaire du “
De Zeven Provincien
”. Il est à craindre que rien
ne soit fait en ce sens, l’A.E.A.R. [l’Association des Écrivains et Artistes
révolutionnaires] par exemple se réservant pour d’autres sujets d’interven-
tion et l’activité surréaliste se trouvant faute de revue réduite au minimum.
[…] j’ai de nouveau mal à l’œil et il m’est très pénible de suivre le tracé
d’une phrase. Je verrai sûrement un jour vos dessins qui, je suis sûr,
sont parfaitement beaux : le tout est que je sois en état de les voir »…
23 juin 1934
. « Pardon de ne pouvoir venir mais M
me
Ferry a dû partir
de très bonne heure pour Joinville et il est extrêmement probable que
les “artistes de la mise en scène française” la retiendront jusqu’à sept
ou huit heures, de sorte que nous n’irons pas à Saint-Brice non plus »…
27 juin 1934
. « Je n’ai su comment vous parler hier soir de ce que vous
m’avez fait offrir par Paul [ÉLUARD] en échange de si peu de chose.
Vous savez que ce n’est pas sans une certaine angoisse que je songe à
ces feuillets d’écriture allant rejoindre tant d’autres feuillets semblables :
ai-je bien le droit de vous les laisser préférer à tant d’autres choses
beaucoup plus précieuses et même, je crains, à tant d’autres choses
nécessaires ? J’en suis plus particulièrement alarmé vers le milieu de
cette très singulière année 1934 où l’équilibre tend à se faire entre le
mieux et le plus mal, inespérable et le parfaitement décourageant »…
Il revient sur une toile qu’ils regardaient hier, désagréable de près,
captivante à distance. « Le personnage caligaresque de l’auteur n’est
d’ailleurs pas pour me faire affermir mon jugement »…
29 septembre
1934
. Il propose de venir mardi soir chez la duchesse Dato. « Peut-être
sera-t-il temps encore de proposer à Madame OCAMPO de passer un
jour prochain chez moi, puisque vous pensiez que cela pourrait l’inté-
resser un peu. J’espère que vous viendrez aussi »…
25 août 1935 1 h.
du matin
. « Je vous ai priée très explicitement l’autre soir de ne pas
intervenir dans les tractations relatives au Congrès des écrivains. Je ne
comprends pas qu’après cela je puisse recevoir d’André MALRAUX un
pneumatique comme celui que je reçois, et qui ne me renseigne même
pas sur l’essentiel. Il était bien convenu que vous me laisseriez me
“débrouiller”, suivant une expression curieuse que j’ai retenue, tout seul.
J’estime que votre démarche, si bien intentionnée qu’elle puisse être,
me met dans une situation ridicule. Je proteste contre elle et contre le
fait que vous ne m’ayez pas même mis au courant. […] j’entends rester
maître
de mes actes. J’insiste donc à nouveau pour que vous n’y preniez
pratiquement aucune part »…
On joint
une L.A.S. (minute) de Valentine HUGO, Paris 10 juillet 1933,
protestant contre l’exclusion d’André Breton de l’A.E.A.R., et blâmant
les « sympathisants dont la flamme révolutionnaire est de la couleur de
la pluie et du beau temps », ainsi que les arrivistes.
Plus une
photographie
originale de Valentine Hugo et André Breton,
assis côte à côte sur les marches d’un jardin méridional (palmier et
cactus), avec l’ombre du photographe Paul ÉLUARD.
4 000 - 5 000 €
Il n’oublie pas l’étonnement et l’incertitude que lui donna le premier
livre de Datheil [
Les Signatures naturelles
, 1933]. « Et maintenant, je
suis fier d’avoir reçu votre appel. J’ai beaucoup travaillé, je me suis
beaucoup libéré. Je ne vivrai plus, je crois, que sur mon cœur. Tout
ce que nous matérialisons, édifions à notre image, tout ce qui comble
entre nos mains notre rage de posséder, tout ce que nous aidons à
s’épaissir et nous abriter, tout ce qui nous lie à notre être matériel, je le
voudrais franchir, dominer, détruire. Soumettre à notre privilège d’unir
les contraires dans les événements que nous créons. Vous écrire, par
exemple, en écrasant, sous cette lettre, des habitudes poétiques tou-
jours menaçantes, adhérer, d’instant en instant, à ce qui fait la vie plus
forte que la personne et plus aventurée… Vous étonnerai-je en vous
disant que tout est difficile encore, embrouillé, mais que des poètes,
jeunes, libres, vivants sont autour de moi – bien décidés à défendre la
poésie à tout prix ; à sauver la liberté d’expression »… Il va lui envoyer
Le Meneur de lune
, et bientôt
La Connaissance du soir
. « Il y a trois ou
quatre hommes qui peuvent lire
Le Meneur de lune
comme il faut, mais
vous, avant les autres »…
400 - 500 €
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