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Lettres & Manuscrits autographes
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26 mai 2020
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SAINT-SIMON Louis de Rouvroy, duc de (1675-1755)
L.A.S. « Le Duc de S
t
Simon »,
Paris 22 juin 1744, au comte d’ARGENSON,
ministre secrétaire d’État ; 1 page in-4 (cachet des
Archives d’Argenson
).
Belle lettre de compliments sur Louis XV
.
« On ne peut Monsieur vous estre plus obligé que je vous le suis, ny
plus touché de la bonté du Roy. Je vous supplie de vouloir bien ajouster
a ce que je vous dois, le service de luy presenter ma plus vraye et plus
respectueuse reconnoissance et si j’avois l’honneur d’en estre assés
connu, la joye la plus vive que je ressents de tout l’honneur personnel,
et de la gloire qu’il acquiert aux yeux de toutte l’Europe »... Il doit trop
au ministre pour manquer au secret, et l’assure de son amitié... En tête,
ARGENSON a noté : « Jen ay rendu compte au Roy ».
1 200 - 1 500 €
190
SAND George (1804-1876)
L.A.S. « George Sand », [Paris] 15 avril [1843], à Barthélemy de LAS
CASES, « aide de camp du ministre de la Marine » ; 1 page petit in-4,
enveloppe.
Après une soirée où son fils Maurice s’était déguisé en Indien
.
Elle le remercie de son « aimable envoi et de ce bon souvenir que vous
avez gardé de moi, tout en voyageant à travers le monde. J’espère que
vous viendrez bientôt fumer ce calumet avec nous ». Elle lui envoie une
page de son prochain article dans la
Revue indépendante
: « Cela ne
rime à rien, et comme je ne fais jamais que de longues et lourdes tartines,
je suis fort embarassée de donner des autographes qui ayent un sens.
Je vous assure que cela est très difficile aux écrivains prosateurs et
prosaïques dont j’ai l’honneur de faire partie. Et puis, mon écriture est
peu lisible ; et puis enfin il m’a toujours semblé que donner un lambeau
de son propre griffonnage comme chose précieuse, était un acte de
fatuité tout à fait impertinent. Mais vous me dites que cela pourra servir
à une bonne œuvre [...] Ouroutou se prosterne devant
bon
maître
à
li
.
Nous sommes encore dans l’admiration de cette ingénieuse
physiologie
du sauvage
que Monsieur votre frère et vous avez improvisée ce soir
là pour expliquer et motiver toutes les impertinences d’
Ouroutou
»…
Nouvelles lettres retrouvées
, n° 55
bis
.
500 - 700 €
191
SAND George (1804-1876)
L.A., [Nohant 19 novembre 1843, à son fils Maurice DUDEVANT] ;
4 pages in-8 à son chiffre gothique GS, très remplies.
Longue lettre à son fils s’inquiétant de la santé de Chopin
.
« J’étais bien sûre que Chopin était malade », et elle se préparait à
aller à Paris. « Les lettres de Mme Marliani m’avaient rassurée, et sans
me rendre tranquille pourtant. Ainsi voilà mon pauvre petit toussant,
crachant, dormant mal, ou ne dormant pas, et tout cela sans que je
sois là pour le consoler ou
le dorelotter, je vois bien que nos amis le soignent mais ce n’est pas la
même chose. Mes soins le soulagent, ceux des autres l’impatientent.
Et toi aussi, pauvre Bouli, tu es malade, enrhumé, fiévrotteux ? Me voilà
plus triste et plus inquiète »… Mais il est difficile de hâter son départ,
car il faut trouver une place convenable dans les diligences ; et puis il
y a le bail de la ferme à faire, pour que Polite (son demi-frère) renonce
à sa gestion : « Son métayer est fripon, et lui absurde. Ses fermages
s’accumuleraient par les retards, et il me ferait au bout de 3 ans un tort
considérable sans que cela l’empêchât de se ruiner tout au contraire.
C’est donc un grand service à lui rendre que de le débarrasser de tout
cela. Mais l’en débarrasser vite et bien, et sans perdre beaucoup au
marché, n’est pas facile »...
Quant à sa fille Solange, « je voudrais bien la garder, si elle continuait à
être aussi aimable à Paris, qu’elle l’est ici. Mais il faudra voir ! D’ailleurs
il me faudrait bien un ou deux mois pour lui organiser une résidence
possible auprès de nous, et pendant ces préparatifs elle perdrait son
temps. Il faudrait que tu lui cèdes tes chambres et que tu trouves un
logement dans la maison. Il faudrait savoir si elle pourrait aller prendre
les leçons de M
r
Bascans, ou s’il pourrait les lui donner à la maison.
Je tiens beaucoup à ce qu’elle les continue, elle y tient elle-même. […]
Nous essaierons, mais pendant les irrésolutions et les arrangements
il sera bon que Sol rentre en pension. Elle le fera sans humeur, elle
sent la nécessité d’y être. Je t’assure qu’il se fait en elle, comme une
transformation subite. Elle le sent et elle le dit elle-même. […] Il ne faut
plus la taquiner, si elle ne le mérite pas ».
Elle termine sa lettre : « Il est 3 h. du matin. J’ai corrigé mes épreuves, je
suis fatiguée. […] J’ai peur pour Chop de cette homéopathie et de ces
poisons qui guérissent un mal par un autre. Ah ! qu’il me tarde d’être là ! »
3 000 - 4 000 €