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Litterature
Je crois que notre collaboration avec ces fripouilles nos pires ennemis
(il vient encore de paraître dans la Critique sociale un violent article
de Bataille contre le dernier livre. Crevel et moi étant particulièrement
attaqués) serait mortelle pour le groupe que nous constituons »
« Je viens de faire un rêve merveilleux… J’étais étendu sur un lit à
côté d’un homme que je ne suis pas sûr d’identifier, mais un homme
soumis, rêveur depuis toujours et silencieux. Je lui tourne le dos. Et
tu viens t’allonger contre moi, enamourée, et tu me baises les lèvres
doucement, très doucement et je caresse sous ta robe tes seins fluides
et si vivants et tout doucement, ta main par-dessus moi va chercher
l’autre personnage et s’impose à son sexe… Et ton baiser devient plus
chaud, plus humide et tes yeux s’ouvrent de plus en plus. La vie de
l’autre passe en toi et, bientôt, c’est comme si tu branlais un mort »
« Gala ma sœur, mon amie, mon amante tes lettres me plaisent
beaucoup et puis je t’aime et tu es le seul et plus grand mystère pour
moi. Mystère de ton corps si beau, si jeune, contre moi, voluptueux
et m’est toujours oert… Je voudrais par-dessus tout te voir et t’avoir.
Oui, reviens. Viens, je n’aime que toi, je ne désire que toi, je ne
comprends que toi »
(Mouillure importante sur l’une des lettres).
Les lettres de Paul Éluard à Gala ont été publiées chez Gallimard
en 1982. Edition établie et annotée par Pierre Dreyfus, préface de
Jean-Claude Carrière.
Il s’agit vraisemblablement de la plus belle correspondance connue
de l’un des membres phares du groupe surréaliste.