Background Image
Previous Page  37 / 140 Next Page
Information
Show Menu
Previous Page 37 / 140 Next Page
Page Background

35

manuscrit présente d’importantes variantes avec le texte définitif, notamment des termes trop crus qui ont été atténués. Le mari

jaloux change de nom au cours de la rédaction. Des phrases entières disparaîtront dans des remaniements ultérieurs, comme

cette longue didascalie : « Alors, Marie se redressant de toute sa taille et levant la tête, son regard fixé hardiment dans les yeux

de Serge se mit à parler d’une voix claire, presque triomphale, comme accompagnée de grandes orgues. » Même sort pour le

surtitre générique inscrit par Jouhandeau sur la page de titre :

Comédies et Proverbes

, et pour sa note pourtant significative au

bas de la même page : « “Tout ou rien” était la devise de S

te

Thérèse d’Avila ». Cet ensemble apporte de précieux éléments sur

la genèse de la pièce. D’après le synopsis initial, on constate que deux scènes capitales [troisième monologue de Marie et aveu

public], non prévues au départ, sont ajoutées sur le manuscrit, qui intègre en revanche une scène qui sera supprimée dans la

publication (Acte I, scène 4 : duo d’amour entre Marie et Serge, 2 pages).

Reproduit en page 33

112.

Joseph KESSEL

(1898-1979). LS., Paris 24 novembre 1937, au producteur de cinéma Joseph Ermolieff ; 1 page

in-4 (trous de classeur).

150/200

Il se plaint que le scénario du film

Nuits de Princes

[dû à la plume irrespectueuse de Jean Bernard-Luc, futur auteur de la

pièce

Hibernatus

] soit une dénaturation de son roman. « Aussi je n’ai pas à juger ce scénario. Bon ou mauvais, peu importe.

Tout ce que je sais, c’est qu’aucune personne de bonne foi ne pourra reconnaître dans cette histoire complètement nouvelle,

le moindre reflet de mon livre. Je vous préviens que je considère l’affichage de mon nom et du titre de mon livre sur votre

production, comme un abus de confiance vis-à-vis des spectateurs. De deux choses l’une, ou le spectateur ira voir votre film sans

se soucier de mon nom et de mon livre, et alors vous n’avez pas besoin de les citer, ou il sera tenté par eux, et alors c’est une

tromperie manifeste. » Il menace de porter l’affaire devant les tribunaux.

On joint le double dactyl. de la réponse d’Ermolieff : « Il vous plaît de parler d’escroquerie et d’abus de confiance au nom

du public. Laissez-le, il lui importe seulement que le film soit bon. […] les gens de simple bon sens ne manqueront pas de juger

avec quelque sévérité vos protestations, quand connaissance aura été donnée des conventions que nous avons passées et des

sommes que vous avez reçues ». [Le film, réalisé par Vladimir Strijewski, avec Kate de Nagy, Jean Murat, Pauline Carton et

Pierre Larquey, vit bien le jour en 1937.]

113.

Paul de KOCK

(1793-1871) écrivain. Manuscrit autographe,

Les Pochards

; cahier de 23 pages grand in-fol.

écrites sur la moitié droite de la page avec qqs ajouts sur la moitié gauche, monté sur onglet et relié demi-maroquin

rouge à coins (

Semet & Plumelle

).

300/400

Manuscrit complet d’un vaudeville en 14 scènes, dont l’action se passe dans le jardin d’un cabaret, réunissant Truffaut,

« homme mûr », Polyte Dubut, le peintre en bâtiment Lardon, Sir Puding, la cabaretière Mme Tartempion, sa nièce Manette,

et un garçon de cabaret.

Ancienne collection Daniel

S

ickles

(XIV, 1993, n° 5883).

114.

Henri LACORDAIRE

(1802-1861). L.A.S., Sorèze 15 septembre 1857, au comte de Falloux ; 1 page et demie

in-4, à en-tête

École de Sorèze

au cachet sec, adresse.

1 500/2 000

Belle lettre après la mort de la comtesse Swetchine. « Vous me demandez tous les deux d’écrire quelque chose dans

le Correspondant

sur notre digne amie, et je le ferai volontiers », mais il demande du temps : « J’ai mis plusieurs mois à

composer la notice d’Ozanam, et elle n’y a rien perdu. Toutefois il me serait nécessaire d’avoir sur les origines et les premiers

temps de Mme Swetchine, ses rapports avec le C

te

de Maistre, sa conversion, sa venue en France, des détails qui me manquent

complètement. […] Quant à ma correspondance avec cette chère amie, je ne comprends pas bien comment elle pourrait être

publiée avant ma mort, supposé qu’elle doive l’être. Je ne sais s’il y a exemple d’une correspondance intime publiée du vivant

de l’auteur. Les lettres ont un caractère de révélation personnelle, qui semble exclure la publicité, au moins pendant que l’on

vit »…

115.

Paul LACROIX, dit le Bibliophile Jacob

(1806-1884) écrivain. Manuscrit autographe signé,

À Liszt

, Paris

1

er

mai 1842 ; 2 pages grand in-8 remplies d’une petite écriture, avec quelques ratures et corrections.

300/400

Bel hommage à Franz Liszt. « Il m’en souviendra toujours […] par une de ces belles et calmes soirées qui n’appartiennent

qu’à l’Italie, je vous rencontrai au Pincio, ce délicieux jardin public de la moderne Rome et je vous accompagnai dans votre

promenade, en vous écoutant parler, comme on écoutait jadis les oracles, et d’art et de musique et de tout ce qui allait si bien à

votre haute et magnifique intelligence. Dès longtemps je vous admirais comme un grand artiste ; ce soir là, je sympathisai avec

vous, je vous aimai comme penseur et comme poète. Jusque là, je n’avais connu qu’un coin de vous – même, je n’avais contemplé

qu’une face de votre génie, je n’avais pas deviné l’homme. [...] Depuis lors, j’ai pensé bien souvent que vous seriez au premier

rang de nos poètes et de nos écrivains, si vous n’aviez pas préféré monter au premier rang des artistes de l’Europe. [...] Hélas,

les littérateurs ont eu leur temps ; c’est le votre aujourd’hui, rois de la musique. Résignons-nous, malheureux rois détrônés, et

ne crions pas à l’usurpation, puisqu’elle profite à nos plaisirs [...]. Il faut l’avouer, le règne de la musique ne date que de notre

siècle, de ce siècle-ci date également la décadence, la ruine, l’anéantissement des lettres. [...] Le siècle est à la musique, il faut bien

l’avouer : le poète a cédé le pas au musicien [...]. Pour la foule, pour le public immense et inépuisable qui vous admire, lorsque

vous trônez devant votre piano, soyez toujours ce que vous êtes, le successeur, l’émule de Beethoven ; pour vos amis, pour nous

qui sommes dignes de vous admirer hors de votre auréole musicale, soyez plutôt philosophe, soyez écrivain, soyez poète ».