ADER. Paris. Femmes de lettres et manuscrits autographes - page 238

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409.
Germaine N
ECKER
, baronne de STAËL
(1766-1817).
2 lettres autographes, Stockholm 9 et 20 mai 1813, [au comte Wolf von B
AUDISSIN
] ; 4 et 3 pages et demie in-8.
3 000/3 500
B
ELLES
LETTRES D
EXIL
EN
S
UÈDE
,
AVANT
SON DÉPART
POUR
L
’A
NGLETERRE
. [Le jeune comte Wolf Heinrich von B
AUDISSIN
(1789-1878),
diplomate, écrivain et traducteur allemand, est alors secrétaire de légation du Danemark à Stockholm.]
9 mai
. Elle gronde son correspondant de la négliger depuis son départ : « J’en ai conclu que vous vous étiez consolé plus
facilement que moi ce qui peut être est naturel à vôtre age. Pour moi j’ai un genre de sensibilité qui réunit les peines de la jeunesse
et de l’age mur. – Mon fils ainé n’est point encor près de moi je le sais à l’isle de Rugen mais depuis j’ignore où il a rejoint le prince
royal [B
ERNADOTTE
] et je suis ici tristement captive. – Stockholm est une espèce de ruine depuis le départ du prince les jours y sont
longs mais si pales que le soleil a l’air de ne pas se coucher par paresse. Le c[om]te N
EIPPERG
est toujours mon seul soutien mais la
campagne d’Autriche et puis celle d’Angleterre sont l’objet de nos désirs à tous les deux. [Auguste] S
CHLEGEL
est parti ce qui m’a
fait bien plus de peine qu’à lui. Il alloit vers le mouvement et moi je le perdis en lui. […] Il me semble que le prince royal ne se
presse guères de partir il attend je crois que le débat avec vous soit terminé ou décidé – il ne se pourroit pas que vous fissiez le
voyage de Londres ? Je vous prie de bien répéter que je ne suis pour rien dans l’ouvrage de S
CHLEGEL
[
Sur le système continental et
sur ses rapports avec la Suède
]. S’il y avoit une manière de faire mettre dans la gazette qu’il est de lui il en seroit bien aise et moi
aussi, non que je ne fasse le plus grand cas de son ouvrage mais je ne voudrois pas être haïe dans un pays qui est le vôtre »... Elle
n’a pas voulu déplaire au Prince en allant s’établir à Helsingbor. Sa fille et M. de R
OCCA
se rappellent à son souvenir, et « les autres
amis parlent de vous avec estime et regret ». Elle lui apprend que le fils Clingunström s’est tué à Gothembourg : « Vous voyez que
même ici j’ai raison d’écrire contre le suicide [ses
Réflexions sur le suicide
], où ne se tue-t-on pas ? Même là où il n’y a pas de plaisir
à vivre »... Elle ajoute en tête de la lettre dans deux encadrés en haut de pages : « Mon fils ainé est arrivé ! [...] Mon fils a apporté
de Vienne au cte Neipperg l’ordre de rejoindre l’armée ».
20 mai
. Elle lui annonce son départ pour l’Angleterre le 8 juin prochain ; en attendant, il peut lui écrire chez M. Laurent à
Gothembourg : « quand même le vent serait favorable je n’en partirai que le 8 de juin. [...] aucune de vos lettres ne m’ont paru
ouvertes »... On a interdit au prince D
OLGOROUKI
de paraître au quartier général, et le comte B
ERNSTORFF
a été renvoyé de Londres
au Prince royal... « si votre gouvernement faisait des démarches auprès du prince royal il en obtiendroit les mêmes conditions
dont il fut question au mois de décembre. Ce seroit une bien bonne œuvre que d’arranger cette querelle qui porte un coup bien
funeste à la délivrance de l’Europe ». N
EIPPERG
part comme elle le 25. « Douglas reste tout seul tout triste, j’emmène mon fils ainé
avec moi. [...] Qu’allez-vous faire ? Si l’on vous envoyoit au quartier général du prince royal ! Vous y trouveriez S
CHLEGEL
tout en
train de la vie active [Schlegel était devenu le secrétaire de Bernadotte]. Moi j’ai peur pour la pauvre Allemagne et cela me brise
le cœur. Mandez moi bien tout ce que vous en savez et comptez sur moi tant que vous m’aimerez votre cœur vous apprendra le
mien. Albertine quitte Stockholm sans regrets, mais cela m’ébranle de partir et je suis moins en train de l’Angleterre qu’il y a six
mois. Albertine aussi en a peur »...
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