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404.
Guyonne-Élisabeth-Josèphe de M
ONTMORENCY
-L
AVAL
, duchesse de LUYNES
(1755-1830) femme de lettres ;
épouse (1768) de Louis-Joseph d’Albert duc de Luynes (1748-1807) ; dame du palais, puis dame d’honneur de Marie-
Antoinette, elle adopta avec son mari les idées révolutionnaires ; traductrice et biographe, elle avait installé une
presse privée en son château de Dampierre, et recevait les gens de lettres en son salon de la rue du Bac ; « une femme
supérieure, d’une grande intelligence, de beaucoup d’esprit et de cœur » (Mme Récamier).
106 lettres autographes et une pièce autographe signée « Montmorency Dsse de Luynes », Dampierre, Tours, Lyon,
Dieppe, Caen, etc. [1802 ?]-1829, à Étienne G
UILLARD
-S
ENAINVILLE
, à Paris ; 156 pages in-4 ou in-8, la plupart avec
adresse (on joint une invitation impr.).
1 000/1 500
I
MPORTANTE
CORRESPONDANCE
À
SON
COLLABORATEUR
POUR
LA
TRADUCTION
DU
S
PECTATOR
DE
J
OSEPH
A
DDISON
ET
R
ICHARD
S
TEELE
,
ENTREPRISE
AVEC
SON
NEVEU
M
ATHIEU
DE
M
ONTMORENCY
-L
AVAL
. [Le journal anglais de 1711-1712 et 1714 à grand succès avait formé
un ensemble de 8 volumes ; l’édition entreprise par la duchesse resta inachevée]. Il y est aussi question de bien des personnes
de son entourage : son frère, son mari, son fils et son petit-fils, le duc de Luynes ; Talleyrand, Chateaubriand, Mme Récamier,
Sosthène de La Rochefoucauld, les ducs de Doudeauville, de Duras, de Rauzan, etc. Nous ne pouvons donner qu’un rapide aperçu
de cette correspondance.
26 juillet 1803
. Il faut avancer leur « grand ouvrage du
Spectateur
» : « Nous y travaillons à force […] nous imprimons trois
feuilles par semaine […] nous vous attrapons à pas de géant »…
18 mai [
1805
]
, envoi d’un billet pour la Comédie-Française : « J’ai
la loge de M. de T
ALLEYRAND
»…
4 juillet
. Elle presse d’achever le 5
e
volume de leur « malheureux »
Spectateur » :
« j’ai donné, pour
vous soulager, le 6
eme
vol. à Mathieu »…
8 août
. Prière de « jeter et corriger, refondre &c, avec votre joli stile […], le n° 380 du
Spectateur »…
13 août
: « Je serais fâchée que la célérité de M
me
Heaney vous fatigue, mais je mets du prix que ce 5
eme
volume soit
terminé. Je verrai ce que Mathieu aura fait du 6
eme
. Je donnerai le 7
eme
à débrouiller à M
me
Heaney »…
27 août
1806
. Mise au point
de traductions récentes de Guillard, Beaufils et Mathieu, dont une «
sublime
» qu’il a désirée…
27 octobre
: « J’enverrai à Versailles
pour vous à l’hôtel de Luynes […] un cabriolet. Vous me ferez un grand plaisir de vous occuper du n° 541 qui vous reste du 7
eme
volume. Je suis charmée que vous veniez passer ici quatre jours »…
29 mai
1807
: « nous sommes deux à travailler et je craindrais
de manquer d’ouvrage ce qui me retarderoit pour les Notes »…
17 juin
: elle réclame le n° 520, faute duquel « je serai dans le cas
de
câler
, c’est-à-dire en terme d’imprimerie de ne pouvoir plus travailler »…
7 octobre
: « Les Notes et Omissions de ce tome huit
et dernier
étant moins longues, j’espère qu’elles vous ennuieront moins »…
15 novembre 1809
. Il faudrait « un fort libraire » comme
M
ICHAUD
« qui a fait la préface de la traduction du
Paradis perdu
, je suis convaincue qu’il achèteroit notre
Spectateur
»…
26 mai
1810
: « Je ne sais si vous avez pu commencer l’ouvrage fastidieux de notre Spectateur, si vous ne l’avez pas fait, laissez-moi le
1
er
volume, j’ai déjà presque fini le second »…
16 mai
1818
. « J’ai reçu aujourd’hui le 3
eme
vol. de notre vieux Spectateur avec un
bonheur d’autant plus grand que je craignais que vous n’y pussiez plus. Vous devez avoir une petite édition in-12 de la traduction
ancienne et seule de son espèce »…
15 novembre
: « Je viens d’achever le classement de nos cinq premiers volumes de notre vieux
Spectateur, quand je dis nos cinq j’entends par là l’ordre de l’ouvrage anglois que nous suivrons […] excepté
les commentaires
d’Addison sur M
ILTON
, qu’il faut que vous revoyez »…
5 janvier 1819
: « Je ne veux jamais paraître comme auteur je ne le mérite
pas ; néanmoins je vous prie dans votre préface ou dans votre avertissement de faire mention comment et à quelle occasion nous
avons commencé notre Spectateur, et la peine que j’ai prise pour qu’on ait en entier ce bon ouvrage. Quant à la traduction elle est
entière à vous »…
8 janvier
1821
: « Notre Spectateur est livré, voudrez-vous envoyer les volumes qui précèdent le dernier que je
viens de transcrire : je donnerai en échange ceux que j’ai copiés »…
3 juillet
: « Ma bonne et belle édition du Spectateur est de
1789
.
Le Johnson est à vos ordres je l’ai ici in-fol. en 2 vol. mais il est tout anglais »… Elle propose de lui prêter un dictionnaire bilingue.
« Je ne puis vous dire combien je me désespère de voir tant d’anicroches pour notre malheureux ouvrage »…
25 août
: Elle copiera
fidèlement le certificat voulu, dans les termes qu’il lui dictera. « M. de F
ONTANES
m’a dit
que votre traduction étoit excellente, qu’il ne
doutoit pas que le public la goutoit et la goûteroit comme elle mérite
»… Peu après, elle certifie que Guillard-Senainville a communiqué
au comte de F
ONTANES
sa traduction des «
cent soixante cinq
numéros du Spectateur anglais omis dans l’ancienne traduction ; que
M. de Fontanes a été surpris de la fidélité et de l’élégance de cette nouvelle traduction, qu’il en a fait les plus grands éloges à
l’auteur, qu’il l’a fortement engagé à la publier et même à donner une nouvelle édition du Spectateur »…
3 octobre
: « Je suis si
contente qu’enfin vous ayés trouvé quelqu’un qui se charge de notre vieux et bon Spectateur […], car réellement quoique je sois là
dedans comme
la mouche du coche
je le regarde comme mon enfant »…
17 juin
1823
. Elle renonce à faire les avances pour imprimer
leur vieux
Spectateur
: « Jamais nous n’aurions 12 F des trois volumes, il me faudroit solliciter tant de personnes pour en prendre,
qu’à peine trouverais-je la moitié non de 3600 F mais même de 3000 […] vous n’en tireriez aucun bénéfice ». Elle recommande
cependant de voir M. de B
ARANTE
, « curieux des bons ouvrages anglais »…
3 juillet
. Elle s’occupe de collationner les volumes de leur
vieux
Spectateur
. « Il est très possible de trouver un amateur qui donneroit de nos travaux 2000 f à 2400 f. »…
4 août
. « Enfin notre
Spectateur est fini, je vous adresse le huitième et dernier volume. Je vais des vœux bien ardens pour que vous puissiez en tirer un
parti raisonnable »…
22 août
. Elle persiste à trouver déraisonnable d’avancer de l’argent pour leur vieux
Spectateur
, mais elle a parlé
de lui au duc de D
OUDEAUVILLE
…
27 avril [
1826
]
. Sur son neveu Mathieu de M
ONTMORENCY
-L
AVAL
(mort le 24 mars 1826), « notre
saint Mathieu, je ne puis lui donner ce nom, car je désire qu’on puisse mieux pratiquer la religion qu’il a fait depuis la mort de son
frère qui a été en 1793. J’aurois été d’avis de les faire imprimer, mais ce n’est pas possible à cause de M. de C
HATEAUBRIAND
, dont il
faut avoir l’attache pour s’y décider. Nous lui devons cette politesse attendu que […] il s’est engagé à faire sa vie. Il en est convenu
avec M
me
R
ÉCAMIER
»…
20 mai
. Sur la publication de la note de Guillard-Senainville sur leur pauvre Mathieu ; elle recommande
d’en porter des exemplaires au duc de R
IVIÈRE
; « je pense que le Roi et M
me
la Dauphine ne seroient pas fachée de la lire »…
4 juin
1827
, s’inquiétant d’une destitution de son correspondant et parlant de son « persécuteur » Alexis de N
OAILLES
…
1829
. Elle le
recommande à Doudeauville, au duc et à la duchesse D
URAS
: « je la regarde comme un bon augure »... Etc.
O
N
JOINT
une correspondance de 32 lettres (la plupart l.a.s.) d’Anne-Adrien-Pierre de MONTMORENCY-LAVAL (1768-1837,
diplomate, neveu de la duchesse), 1822-1835 et s.d., à E.-J. Guillard-Senainville. Il y parle notamment de son ambassade à Rome,
où il invite son ami ; il lui propose de « passer la journée au Val au Loup, où les maîtres de la maison [Chateaubriand] iront ce
soir pour nous recevoir » (30 août 1824). Sur Mathieu : « Personne plus que vous n’a été témoin de ce sentiment si intime, parfait,