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et les tromboni dans la loggia, tout ceci m’a enchanté. Mais ce que je trouve
prodigieux
, c’est que vous écriviez si bien la musique.
C’est au point que je me demande si quelque artisan (
D
ebussy
, S
atie
,
d
’I
ndy
ou
V
erdi
) n’aurait pas passé par là... Si ce n’était trop
indiscret, je vous prierais de vouloir bien copier toute la partition d’orchestre de la
Carmélite
; en échange, j’irais chaque matin
épousseter les lèvres rouges de la
Femme inconnue
»... Il tient à lui rapporter quelque chose pour son délicieux appartement : « je
fouille, je remue tout chez les antiquaires, mais en vain ; je ne désespère pas, pourtant, de trouver quelque obscénité idéaliste
qui convienne à votre chambre, théâtre des plus voluptueuses et tumultueuses flagellations... [...] Si vous voyiez les actrices
parisiennes ! On nous promet tout le temps la
D
use
, Tina di Lorenzo etc ; mais rien ne vient. Aussi j’en suis à vous envier vos
petits boui-bouis Romains [...] Adieu ; continuez à m’écrire, vos lettres sont le commencement de la sagesse, comme les miennes
sont le dernier mot de la stupidité »... Etc.
57.
Reynaldo HAHN
. L.A.S., [février 1900], à Paul
H
ervieu
; 4 pages in-8.
250/300
B
elle
lettre
de
félicitations
de
son
élection
à
l
’A
cadémie
F
rançaise
le 15 février 1900. « Je suis bien heureux d’apprendre
votre grand succès. […] vous représentez pour moi le contraire d’une école que je déteste, celle de la vulgarité, de la violence, de
ce réalisme si faux et cent fois plus odieux que le naturalisme son prédécesseur, que les naïfs “auteurs audacieux” prennent pour
la vérité. Ils ignorent que l’œuvre d’art ne saurait vivre sans le rayon mystérieux qui fixe les plus laides choses dans une sphère
sublimisée, sans cette buée d’or et d’argent qui enveloppe les lapins et les oignons de
C
hardin
. La musique tend maintenant
aussi à cette bassesse sordide, croit que la beauté morale apparaît plus claire quand elle est dégagée de toute beauté extérieure, a
honte d’être un
art
. […] Dans vos œuvres profondes, sévères et palpitantes de vie, qu’elles soient implacables comme
La Course
du flambeau
ou miséricordieuses comme
L’Énigme
, règnent toujours un goût, une élégance, une pudeur fière et sensible qui
font qu’aux applaudissement d’ici bas se joignent, en silence, ceux de tous les grands
équilibristes
, Léonard de Vinci, Descartes,
Voltaire, Mozart, de tous ceux qui tenant en main le balancier de la raison, planent dans cette belle lumière du doute, plus
radieuse, plus douce mille fois que l’aveuglant et éphémère éclat des
certitudes
humaines »...
58.
Reynaldo HAHN
. 8 L.A.S., 1901-1909, à Léonel de
L
a
T
ourrasse
; 24 pages in-8 ou in-12, enveloppes et adresses.
700/800
I
ntéressante
correspondance
à
son
collaborateur
pour
la
P
astorale
de
N
oël
. [R
eynaldo Hahn composa la musique de cette
pièce écrite par Léonel de la Tourrasse et Charles Gailly de Taurines d’après un épisode du
Mystère de la Passion
d’Arnoul
Gréban. L’œuvre devait être donnée à la Noël 1901 dans la salle Humbert de Romans, construite par Hector Guimard, pour des
représentations pieuses empêchées pour des raisons financières et des interdictions religieuses. La partition fut publiée à la même
époque par Heugel. Une représentation privée en fut donnée chez Madeleine Lemaire à la Noël 1906, avec Reynaldo Hahn au
piano. La création publique eut lieu le 23 décembre 1908 au Théâtre des Arts, sous la direction de D.-E. Inghelbrecht.]
[Hambourg 4 novembre
1901
].
« Je vous ai télégraphié hier pour que vous alliez causer avec
H
eugel
. De loin, il est difficile
de s’entendre, et il m’a été
impossible
de précipiter mon départ »...
Hambourg [10 novembre]
. Il est très heureux des nouvelles :
« Madeleine
L
emaire
avait l’intention de monter
La Pastorale
chez elle au printemps, mais quel que fût le charme de cette
perspective, il n’est pas permis d’hésiter, et je suis tout prêt à marcher. Avant tout, cependant, et comme je suis très franc et
comme vous êtes avant tout un esprit libre et un artiste laissez-moi vous dire que la semi-ombre au tableau est
l’esprit du bien
.
Très chrétien et catholique, je ne suis, je vous l’avoue, nullement clérical et, pour tout dire, j’admire beaucoup le gouvernement
actuel, sans prétendre, d’ailleurs en combattre les idées contraires aux miennes. Pourtant, je ne voudrais pas que la présence de
mon nom dans cette affaire-ci pût faire croire que je suis de ceux qui, pour des motifs sans doute très honorables croient devoir
manifester
contre l’autorité actuelle en en préconisant un autre. En un mot, je serai là un peu comme ce diable dans un bénitier ;
diable respectueux d’ailleurs et tout à fait inoffensif »... Il faut récupérer les parties de chœur : « Nous n’avons pas de temps à
perdre, mais d’un autre côté, vu la facilité extrême de la musique, nous ne sommes pas en retard »... Il donne des indications pour
trouver le manuscrit de sa musique chez lui en son absence... Il est très occupé et ne pourra se charger lui-même des allers-retours
chez les copistes, artistes et autres: « Pour tout ce qui est du travail et de faire étudier les artistes, vous pouvez compter sur moi
[...] On m’annonce 150 exécutants ; donc je pense qu’il faudra bien 50 musiciens. Il est impossible de s’en tenir aux bois et aux
harpes ; les pistons sont indispensables »...
[7 décembre].
« Il faudrait que nos artistes lyriques reçussent au plus tôt une partie de
leur rôle chanté »... – Il portera le lendemain « les parties du chœur qu’il faut que je revoie »...
[6 novembre 1909]
. À propos de la
programmation de leur œuvre : « On dit qu’il n’y a guère de possibilité en ce théâtre, où, paraît-il, le cabotinage règne en maître.
Il faudrait donc voir d’un autre côté, mais où ? »... – « Savez-vous qui a répété lundi à 3h ½ la
Pastorale
à la salle Notre Dame à
Versailles ? Je pense que vous êtes au courant »... Plusieurs autres lettres pour fixer des rendez-vous, etc.
O
n
joint
une longue lettre à une amie (réflexions sur l’évolution de la musique, 12 mars 1946), une autre L.A.S et une carte de
visite a.s.
59.
Reynaldo HAHN
. 9 L.A.S., 1 L.S. et 1 carte de visite a.s., 1907-1931, à Georges
L
oiseau
; 16 pages formats divers,
la plupart avec adresse ou enveloppe.
300/400
C
orrespondance
en
grande
partie
relative
à
ses
collaborations
avec
les
casinos
de
D
eauville
et
C
annes
, dont Loiseau fut le
directeur
.
[Hambourg 29 mars 1907]
, il lui est impossible de répondre à propos d’une conférence pour
Femina
…
[Paris 22 janvier 1909]
, il a
parcouru sa « charmante fantaisie cynique – toute parfumée de quattro-cento et de légère volupté », mais il a déjà en train un livret