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67.
Reynaldo HAHN
. 10 L.A.S., 1926-1935, à Maurice
D
onnay
; 31 pages formats divers, 2 adresses.
700/800
I
ntéressante
correspondance
sur
leur
collaboration
, pour
Une revue
(revue en 2 actes, livret de Maurice Donnay et Henri
Duvernois, créée au Théâtre de la Porte Saint-Martin, le 28 octobre 1926) et l’opérette
Malvina
(3 actes, livret de Maurice Donnay
et Henri Duvernois, créée à la Gaîté-Lyrique le 23 mars 1935).
[1926]
, pour
Une revue
. Il a reçu le second envoi et pense que le prologue fera très bon effet : « J’aime, comme vous, la logique,
mais un prologue qui prépare ou justifie la
narration
des faits antérieurs est une chose fort admise et qui n’a rien de choquant »...
[1932]
.
« Croyez que je suis très heureux de vous retrouver sous les auspices de notre chère
Malvina
et de retravailler avec vous ».
Il part ce soir et a demandé à
D
uvernois
de lui transmettre deux ou trois idées. « Mais le premier acte est
déjà
très réussi tel qu’il
est et je vais mettre dès demain deux amusants couplets de Malvina sur les
noms
»...
Aix-les-Bains.
Il envoie « l’ordre des morceaux
tels que vous l’avez établi » pour le 1
er
acte, avec le détail des 9 numéros....
Toulon 5 novembre
. « Comment ! vous avez pu croire
que j’avais oublié
Malvina
! » Il avait emporté le texte à Hambourg pour le mettre en musique, et s’est aperçu qu’il fallait peut-
être ajouter des vers ou « modifier le Trio-bouffe. En outre, j’avais grand envie de composer le duo de Malvina-Valérien », mais
Donnay n’a pas reçu sa lettre. Son séjour en Allemagne s’est beaucoup prolongé, et à son retour à Paris il a appris que
B
ravard
voulait devenir directeur de l’Opéra-Comique : « Dès lors, j’ai perdu
momentanément
tout espoir de voir
Malvina
passer cet hiver
à la Gaîté [...] et ayant un besoin urgent de gagner quelque
fric
, je me suis mis à d’autres besognes ». Il voulait aller le voir mais
trop d’occupations, et la reprise de
Mozart
, etc. l’en ont empêché. Entretemps, Bravard n’a pas eu l’Opéra-comique et « tourne
à nouveau des regards ardents du côté de la Gaîté [...] Il s’agit donc de se remettre à
Malvina
!! Car son sort est lié à celui de la
Gaîté, le seul théâtre où elle soit
vraiment
à sa place ».
Il a toutefois essayé de proposer la pièce à
L
ehmann
, « mais c’était sans
conviction »...
[12.XI ?.1932]
. « Décidément, je n’en sors pas de ces deux vers (couplets de Mme Chocard) »... – Il a oublié les
quelques couplets de Mme Chocard chez lui et prie de les remettre au porteur... – Envoi du «
monstre
de la
Valse
», en soulignant
les temps forts : « 1
er
motif. Adieu / je pars / je t’aime / je pars, hélas, quand même [...] 2
nd
motif. Quand ton âme / s’enflamme / le
rêve d’un soir / me remplit d’espoir […] Puis reprise du premier motif avec les mêmes vers ou d’autres, à votre gré ». – Envoi d’un
autre monstre : « Nous commençons petitement / puis doucement / après beaucoup d’économies / et d’insomnies / on s’enrichit »...
Puis il commente : « Étant donné la rapidité et la multiplicité des syllabes, nous n’avons pas besoin de nous préoccuper des accents
forts – ce qui me paraît important, c’est qu’il y ait beaucoup de rimes semblables. […] J’aimerais bien que vous gardiez le passage
des enfants dans le second couplet, mais, afin de ne pas changer le rythme, en l’arrangeant aussi »...
[1933 ?]
, remerciant son « cher Maître » de ses félicitations : « Je pensais que par amitié vous feuilletteriez ce petit volume [
Notes,
journal d’un musicien
], mais je n’aurais jamais espéré que vous le liriez avec cette attention, avec cette sympathie intellectuelle, ni,
surtout, que j’aurais la joie d’apprendre que vous l’aimeriez [...] et que vous ne le trouveriez pas trop mal écrit ! »...
G
heusi
lui a
demandé de lui communiquer le livret de Malvina...
Hambourg lundi [1935]
, sur l’arrêt des représentations de
Malvina
: « Votre
bonne et charmante lettre m’est arrivée deux jours avant le dernier soupir de Malvina, qui a terminé sa trop courte existence jeudi
dernier. Après une presse éclatante et le succès de générale que vous avez constaté, elle a fait quelques premiers pas incertains,
puis elle a titubé et malgré de vagues redressements [...] elle est tombée pour ne plus se relever. Je l’ai assistée autant que j’ai pu
[...] par une somme d’argent dont j’ai fait joyeusement le sacrifice, à la publicité. Mais tout fut inutile. On s’amusait, on riait, on
applaudissait une fois là, mais on ne venait pas. La Gaîté est devenu un théâtre tout à fait
vulgaire
»...
68.
Reynaldo HAHN
. L.A.S. « Reynaldo », Lundi [avril 1931, à Julia Alphonse
D
audet
] ; 5 pages petit in-4. 200/250
« Je suis profondément touché de votre bonté, de votre sollicitude. Je vais, comme on dit “aussi bien que possible”. Je peux
marcher ; sans grâce, à vrai dire, mais je vais et viens sans trop d’incommodité ». Il envisage une cure à Aix-les-Bains et un
traitement mécanothérapique... Son en-tête lui a rappelé des moments charmants qu’il voudrait revivre : « Votre lettre m’est
parvenue au moment où je recopiais dans mon
Journal
, qui doit paraitre en partie chez Plon, un paragraphe relatant un dîner rue
de Bellechasse ». Il va lui envoyer « un petit article sur M. de
G
oncourt
» qu’il a publié dans la revue
Art et médecine
... Il pense
beaucoup à Léon et à toute la famille « en lisant les comptes-rendus de ce procès – que de tristesses remuées – que de sombres
horreurs ! »... Il fait très beau et chaud : « La chaleur à certaines heures de la journée est effrayante et encore accrue par la frénésie
des cigales que Madame Rostand a si mal et si niaisement évoquées en ces vers “Les cigales, les cigalons / Chantent mieux que
les violons” ». Il lui recommande le
Fouché
de Stefan
Z
weig
: « on est épouvanté à l’idée qu’il peut exister des âmes semblables à
celles-là. Heureusement elles n’ont plus l’occasion e se manifester avec cette envergure ; quelque atroce que soit notre époque elle
ne favorise pas
ce genre d’infamie-là
»...
69.
Reynaldo HAHN
. Manuscrit autographe signé par le journaliste René BREST,
La musique et le cinéma
, avec
corrections et ajouts autographes de Reynaldo
H
ahn
, [1931] ; 3 pages in-4 sur papier jaune.
150/200
Transcription d’une interview donnée par Reynaldo Hahn au journaliste René Brest : « “On sacrifie trop la musique aux images”,
nous déclare Reynaldo Hahn ». Le journaliste évoque Reynaldo Hahn dans son appartement, qu’il arpente en fumant, son amour
des autographes qu’il préfère aux tableaux, puis en vient au vif du sujet. « Le compositeur se trouve au cinéma sous la férule de
trois personnages » : le producteur, le metteur en scène, l’ingénieur du son, chacun avec ses exigences. [… ] Le cinéma n’est pas
pour un musicien un moyen d’expression supérieur au théâtre », car l’interprétation y est « ne varietur ». Il espère qu’un jour le
cinéma respectera la musique : « celle qui se propose surtout l’imitation des choses matérielles, concrètes, et qui vise surtout à agir
sur les nerfs est tout à fait à sa place au pour le cinéma. Je ne veux en prendre pour exemple que
S.O.S. Foch
de Jacques
I
bert
:
c’est un chef d’œuvre ».