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Ce feuillet accompagnait probablement la lettre de Mallarmé à Armand Renaud, par laquelle il lui adressait le manuscrit

de

Pauvre enfant pâle

.

Le manuscrit constitue un texte d’une grande valeur littéraire.

Egalement sur papier pelure, le manuscrit

Pauvre enfant pâle

ayant appartenu à Armand Renaud a été vendu lors de la

dispersion de la Bibliothèque Stéphane Mallarmé (Sotheby’s, 15 octobre 2015, lot 100).

Correspondance

, éd. B. Marchal, Folio-Gallimard, 1995, p. 185 (sans le post-scriptum). L’éditeur donne le texte que nous

avons cité à la fin du post-scriptum d’une longue lettre à A. Renaud de même date, mais sans l’autre petit post-scriptum

figurant sur ce manuscrit. — Pour le poème en prose, voir

Œuvres complètes

, éd. B. Marchal, Pléiade, 1998, I, 444 et 1344.

Dans son éd. de la

Correspondance

(Folio-Gallimard),

136. MALLARMÉ (Stéphane). Lettre autographe signée à Mme H. Lejosne, datée

Tournon, le 8 février 1866

,

4 pages in-8 (205 x 134 mm), sur un bifeuillet, papier de petit deuil, sous chemise demi-maroquin noir

moderne.

3 000 / 4 000 €

B

ELLE LETTRE DE JEuNESSE

,

DANS LAquELLE

M

ALLARMÉ COMMENTE quELquES

-

uNS DE SES PLuS BEAuX POèMES

.

Mme Lejosne, née Valentine Cazalis, était la cousine du médecin et poète Henri Cazalis, ami intime du jeune Mallarmé.

Avec son mari le commandant Hippolyte Lejosne, elle tenait à Paris un salon, fréquenté par Baudelaire (voir lot 46),

Manet, Delacroix, Barbey d’Aurevilly, etc. Elle fut une amie attentive et dévouée pour Mallarmé, dont elle admirait le

talent.

Le poète s’excuse d’abord de son retard auprès de sa correspondante, qui s’était montrée

impatiente de recevoir quelques-

uns de mes vers !

Mais la faute en est au négligent Cazalis... Mallarmé a recopié pour elle

quelques strophes

, mais voudrait

les retoucher bientôt. Il précise à ce sujet :

Je n’ai pas choisi mes plus longs poèmes, toujours pour cette raison que je les

rêve meilleurs. Ceux que vous recevrez sont bien peu de chose — de simples soupirs

.

De fait, ce sont quelques-uns de ses plus beaux vers qu’il lui envoie. Il se livre alors à un admirable commentaire de ses

propres poèmes :

L’un, rêverie automnale

[Soupir];

l’autre

[Brise marine]

, ce désir inexpliqué qui nous prend parfois de

quitter ceux qui nous sont chers, et de partir ! le troisième

[Don du poème]

, la tristesse du Poète devant l’enfant de sa

Nuit, le poème de sa veillée illuminée, quand l’aube, méchante, le montre funèbre et sans vie : il le porte à la femme, qui

le vivifiera ! Vous connaissez les deux pages de prose

[Le Phénomène futur].

Il évoque ensuite

Hérodiade

, car la

sympathie exquise

que lui témoigne sa correspondante va, assure-t-il, lui

donner une

vraie force dans mon travail d’Hérodiade, que vous connaîtrez cet été, œuvre de mon Rêve et d’élection, vers la ruche

(on

sait que Mallarmé ne terminera jamais ce grand poème)

ce que j’ai fait jusqu’ici a été simplement un effort, qui vous dira

mieux ma gratitude

. Il termine en lui adressant ses

vœux, vraiment ridicules, pour l’année qui va presque finir

(singulière

formule, car cette lettre fut écrite en février !), et la charge de transmettre ses respects aux siens, tout en évoquant le sou-

venir de

l’unique visite que je vous fis.

Comme l’indique Bertrand Marchal, cette lettre permet de préciser un point important, déjà suggéré par J. Crépet et

Cl. Pichois : c’est sans doute par Mme Lejosne que Baudelaire eut connaissance du

Phénomène futur

(texte qui ne sera

publié qu’en 1875), qu’il citera dans

Pauvre Belgique !

Correspondance

, éd. B. Marchal, Folio-Gallimard, 1995, p. 285-286 (avec la mention, p. 664 :

Autographe : inconnu)

.