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Puis celui de l’admirable

Tristesse d’Eté

:

Le Soleil, sur la mousse où tu t’es endormie,

A chauffé comme un bain tes cheveux ténébreux,

Et, dans l’air sans oiseaux et sans brise ennemie,

S’évapore ton fard en parfums dangereux.

Par leur inspiration comme par leur facture, ces deux sonnets se complètent admirablement, le premier évoquant un

Mallarmé découragé, en proie au « spleen » baudelairien, le second offrant une évocation pleine de sensualité, comme

possible remède à ce « spleen ». Du premier, Mallarmé écrivait à Cazalis :

C’est un grand poème en petit : les quatrains

et les tercets me semblent des chants entiers

.

Ce manuscrit est celui que Mallarmé envoya en 1864 à son ami le félibre Aubanel. Ch. Gordon Millan précise qu’il fut en

réalité écrit « presque certainement en 1862 » et révisé par Mallarmé peu avant cet envoi, comme le montrent quelques

ratures et corrections ultérieures, à l’encre noire.

P

REMIER ÉTAT DE CES POèMES

, avec de nombreuses et importantes variantes, surtout pour le second.

La Bibliothèque Doucet conserve un manuscrit identique réunissant ces deux poèmes, mais sous un titre général légèrement

différent :

Soleils Mauvais

.

L

ES MANuSCRITS MALLARMÉENS DE CETTE IMPORTANCE SONT RARES

.

Provenant de Théodore Aubanel, puis de la collection Henri Mondor.

Œuvres complètes

: I,

Poésies

, éd. C.P. Barbier et Ch. G. Millan, 1983, p. 130 et p. 134 (manuscrits répertoriés p. 131,

n° 76.2, et p. 135, n° 77.1). —

Œuvres complètes

, éd. B. Marchal, Pléiade, 1998, p. 119 et 124.

133. MALLARMÉ (Stéphane). L

ES

F

ENêTRES

. Poème autographe, signé

Stéphane Mallarmé

, avec envoi autographe

à Auguste Vacquerie, [vers 1863-1864], 1 page in-4 (309 x 218 mm), sous chemise demi-maroquin noir

moderne.

20 000 / 30 000 €

C

ÉLèBRE POèME DE JEuNESSE DE

M

ALLARMÉ

,

SOuS L

INFLuENCE DE

B

AuDELAIRE

.

Composé en 1863, soit peu de temps avant la date de ce manuscrit, ce long poème développe le thème baudelairien de la

lutte du Spleen et de l’Idéal :

Voit des galères d’or, belles comme des cygnes,

Sur un fleuve de pourpre et de parfums dormir

En berçant l’éclair fauve et riche de leurs lignes

Dans un grand nonchaloir chargé de souvenir !

........................................................................

Je fuis, et je m’accroche à toutes les fenêtres

D’où l’on tourne le dos à la vie, et, béni,

Dans leur verre lavé d’éternelles rosées

Que dore le matin chaste de l’Infini

.

A

VEC ENVOI À

A

uGuSTE

V

ACquERIE

. En avril 1864, le poète Emmanuel des Essarts, ami intime de Mallarmé, fit la lecture

de ce poème à Baudelaire aphasique afin d’obtenir son approbation muette. Des Essarts écrivait le 7 avril à Mallarmé qu’il

avait aussi montré le poème à son ami Auguste Vacquerie : peut-être le présent manuscrit, sur lequel l’auteur a apposé une

dédicace.

Au premier vers de la seconde strophe citée plus haut, Mallarmé a commis une erreur de copie : il écrit

fenêtres

, qui ne

rime pas avec

rosées

, à la place de

croisées

. Ce manuscrit comporte par ailleurs de nombreuses et importantes variantes

par rapport au texte publié deux ans plus tard dans

Le Parnasse contemporain

en mai 1866.

Ancienne collection Henri Mondor.

Œuvres complètes : I, Poésies

, éd. C.P. Barbier et Ch. G. Millan, 1983, p. 144-145 (manuscrit et variantes répertoriés

p. 146, n° 81.3). —

Œuvres complètes

, éd. B. Marchal, Pléiade, 1998, p. 9.

Traces de pliures en quatre, la pliure médiane horizontale un peu fragile. Rousseur dans un coin supérieur.

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