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138. MALLARMÉ (Stéphane). — POE (Edgar Allan). L

E

C

ORBEAu

. The Raven. Poème.

Paris, Richard Lesclide,

1875

. In-folio, en feuilles, couverture de papier parcheminé illustré, sous emboîtage moderne de demi-maroquin

noir à bande avec large rabats intérieurs.

30 000 / 40 000 €

Édition originale de la traduction de Mallarmé, avec les textes anglais et français juxtalinéaires.

Mallarmé vouait un culte à Edgar Allan Poe et entreprit au début des années 1860 plusieurs traductions de ses poèmes.

Dans une lettre adressée à Verlaine, en 1885, il écrivit d’ailleurs

avoir appris l’anglais simplement pour mieux lire Poe

.

Traduire le poème

The Raven

, déjà connu du public français depuis 1853 grâce à la brillante traduction de Charles

Baudelaire, revenait de surcroît à se mesurer à l’auteur des

Fleurs du Mal

:

La double découverte de Poe et de Baudelaire

est donc significative : tous deux sont, plus que des modèles, de véritables maîtres, et, en traduisant à son tour l’auteur

américain, Mallarmé aura donc la satisfaction de « faire » à la fois du Poe et du Baudelaire

(Pauline Galli, « De Poe à

Mallarmé, de Mallarmé à Poe », in

TTR : traduction, terminologie, rédaction

, vol. 25, 2012, p.146).

R

EMARquABLE ET CÉLèBRE ILLuSTRATION DE

M

ANET quI SIGNE ICI L

uNE DE SES PLuS IMPORTANTES CONTRIBuTIONS À L

ART

Du LIVRE

.

Après avoir rencontré Manet vers 1873, probablement dans le salon parisien de Nina de Villard, Mallarmé le sollicita pour

illustrer sa traduction du

Corbeau

. Le « peintre de la modernité », devenu l’un de ses plus fidèles complices, renoua ainsi

avec l’illustration du livre un an après avoir réalisé pour Charles Cros celle de son poème

Le Fleuve

.

Pour

Le Corbeau

, second livre illustré par ses soins, Manet exécute

SIX BEAuX DESSINS À L

ENCRE AuTOGRAPHIquE

, dont

quatre compositions au lavis à pleine page dans lesquelles il transpose les épisodes marquants du poème :

l’amant

inconsolable de Lénore réveillé de ses songeries par les coups mystérieux frappés aux abords de sa chambre ; le

personnage, qui vient d’ouvrir sa fenêtre et d’en pousser le volet, en train de contempler avec saisissement l’entrée du

Corbeau ; le colloque avec l’oiseau lugubre, perché au-dessus de la porte, sur le buste de Pallas, et proférant son glacial

« Jamais plus » ; l’apparition, enfin, dans la chambre où la lampe la projette, de la grande ombre noire qui y règne

désormais en maîtresse

(cf. Étienne Moreau-Nélaton,

Manet raconté par lui-même

, 1926, t. II, pp. 26-27).

Deux vignettes montrent le corbeau : celle pour l’ex-libris le représente les ailes déployées ; l’autre, sur la couverture, est

une impressionnante tête de l’oiseau, vu de profil. utilisée pour illustrer l’affiche de librairie, cette gravure est assurément

la plus emblématique de l’ouvrage et reste figée dans les esprits.

La publication du

Corbeau

proposée en premier lieu à Lemerre qui la refusa dans des termes restés célèbres (cf Chapon,

Le Peintre et Le Livre), se réalisa difficilement : sur les 240 exemplaires

E

XEMPLAIRE EN FEuILLES

,

SuR PAPIER DE

H

OLLANDE

,

À L

ÉTAT DE PARuTION

. Il est justifié et signé par Mallarmé et Manet.

quelques rousseurs.

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