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PROUST (Marcel).

À l'ombre des jeunes filles en fleurs.

Paris, Éditions de la Nouvelle Revue française, 1920.

In-4 [327 x 214 mm] de 228 pp., (2) ff. de table, (2) ff. de catalogue de l’éditeur : maroquin mastic janséniste,

dos à nerfs, doublures serties d’un filet or et gardes de soie brochée, tranches dorées sur témoins, chemise, étui

(Alix)

.

Édition tirée à 50 exemplaires sur papier Bible, au format in-4 (n° XIII).

En frontispice, portrait de Proust par Jacques-Émile Blanche, tiré sur papier vélin fort.

Publiée deux ans après l'édition originale, elle offre d'importantes variantes. La plupart des fautes y ont

été corrigées et des modifications introduites. C'est la seule édition contemporaine d'ordre véritablement

bibliophilique : conçue par Proust lui-même, pour être publiée dans un format et sur un papier inusités, sous

couverture illustrée au pochoir et enrichie de deux placards d'épreuves, elle présente pour la première fois au

lecteur, avec le portrait par Jacques-Émile Blanche, l'effigie de l'écrivain.

On a relié en tête les deux placards d’épreuves : un est presque entièrement autographe. Ils sont

encore inédits.

Le premier, portant l’inscription du typographe “n° 4. Cahier violet” et constitué de 18 papillons dont 16

autographes, correspond à un passage essentiel du roman : la rencontre de la “petite bande”, la tentative de

“déchiffrage rapide” des visages passés trop vite devant lui, puis l’analyse sociologique du langage du lift du

Grand-Hôtel de Balbec (Pléiade, pp. 154-157).

Il offre d’importants passages inédits et des variantes par rapport au texte publié.

Le second placard, titré “2

ème

épreuves n° 29” par le typographe, comporte 19 papillons disposés en 4 colonnes

dont 5 autographes, les papillons imprimés étant abondamment corrigés de la main de Proust. Dans cette

version primitive du texte, l’invitation que fait Bloch au narrateur et à Saint-Loup est directement suivie du

dîner et de la rencontre avec Nissim Bernard, et l’arrivée de Charlus à Balbec ne vient pas encore différer cette

soirée (Pléiade, pp. 105-107 et pp. 127-134). Le passage est l’un des plus succulents du roman, peignant un

portrait terrible de la famille Bloch, antisémite, snob et prétentieuse.

Les épreuves, qui furent si rageusement retravaillées par Proust, étaient sorties des presses des éditions Grasset

peu après la publication de

Du côté de chez Swann

en 1913.

Proust s’était aussitôt attelé à la correction des épreuves d’

À l’ombre des jeunes filles en fleurs

qui devait également

paraître chez Grasset, en 1914. La guerre interrompit ce projet, ce qui permit au romancier d'augmenter

considérablement le texte. Lorsqu'il confia la version remaniée d’

À l’ombre des jeunes filles en fleurs

à la

N.R.F.

,

la dactylographe chargée de la mise au propre, Mlle Rallet, prit l'initiative de monter les fragments de papiers

autographes et imprimés sur de grandes feuilles de papier fort afin de faciliter son travail. Il en résulta “une

extraordinaire marqueterie” (P. Clarac) qui devait enthousiasmer l'écrivain : “Le manuscrit […] malgré mon

affreuse écriture […] est ravissant et a l’air d’un palimpseste à cause de la personne qui le collait avec un goût

infini” (lettre à Mme Schiff).

Alors que la plupart des manuscrits de la

Recherche

sont conservés à la Bibliothèque nationale de France, ceux

de cette partie du roman, dispersés avec chacun des exemplaires de l'édition de luxe parue en 1920, se trouvent

disséminés dans les collections privées. (Fr. Goujon,

Le Manuscrit de À l'ombre des jeunes filles en fleurs : le “cahier

violet”

, in

Bulletin Marcel Proust,

n° 49, 1999, p. 7-16.)

Ces deux placards, encore inédits, n’ont pas été répertoriés par Pyra Wise (

Le généticien en mosaïste

in

Genesis,

n° 36, 2013, p. 141-150).

Feuillets un peu froissés en fin de volume. Reliure légèrement insolée le long des mors.

La couverture n'a pas été conservée.

60 000 / 80 000