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192
“Je passe demain à 10 h. du matin en police correctionnelle”
154
FLAUBERT (Gustave).
Lettre adressée à un ami.
Sans lieu ni date
[Paris, 23 janvier 1857].
Lettre autographe signée “G
ve
Flaubert”
; 1 page in-8 sur papier bleu.
Précieuse lettre inédite écrite la veille du procès de
M
adame
B
ovary
.
“
Mon cher ami,
J’ai à vous annoncer que je passe demain à 10 h. du matin en police correctionnelle, 6
e
chambre
Je n’espère rien – pas même la remise des débats car Me Senart ne peut plaider pr moi demain.
On passera peut-être par là-dessus ? – puisqu’on m’a poursuivi à travers tout & malgré tous.
Je voulais vous offrir un volume. Ces MM. du Parquet m’en empêchent – ils me condamneront
je n’en doute pas. Voilà une manière de protéger la littérature – violente !
”
On ne connaissait jusqu’alors que deux lettres de Flaubert rédigées le 23 janvier 1857 évoquant
l’ouverture du procès le lendemain : celle, assez brève, à son frère Achille et celle, plus longue
et très ironique, à Alfred Blanche. Celle-ci est demeurée inédite et son destinataire inconnu.
Quant au volume que l’écrivain dit n’avoir pu offrir, il s’agit évidemment du
Mémoire
en défense
du roman dont le manuscrit décrit-ci dessus constituait la préface : le parquet
en interdit la publication.
(Graham,
Passages d’encre,
nº 15.)
4 000 / 6 000
€
La revanche du
“
plus âne de ses élèves
”
155
FLAUBERT (Gustave).
Madame Bovary.
Mœurs de province.
Paris, Michel Lévy, 1857.
2 tomes en 1 volume in-12 [178 x 111 mm] de (2) ff., 232 pp. ; (2) ff., pp. 233-490 : demi-
chagrin vert, dos à quatre nerfs fileté or et à froid, tranches mouchetées, étui moderne
(reliure
de l’époque).
Édition originale.
Exemplaire de première émission, avec la faute
Senart
au lieu de
Senard
au nom du dédicataire.
Merveilleux envoi autographe signé :
à mon ami Mr Dainez
mon ancien professeur de
mathematiques
le plus dévoué et le plus
âne de ses eleves
G
ve
Flaubert
En fait d’ami, Pierre-Joseph Dainez, professeur de mathématiques devenu proviseur du Collège
royal de Rouen en mars 1836, avait renvoyé Flaubert avec deux autres de ses camarades le
14 décembre 1839. Le futur romancier avait en effet mené une fronde contre une punition
collective qu’il jugeait injuste et rédigé une pétition. La position sociale et la renommée du
chirurgien Achille-Cléophas Flaubert, par ailleurs membre du conseil académique, n’y firent
rien : son fils Gustave fut mis à la porte pour indiscipline. Il devait s’en souvenir plus tard et,
en octobre 1855, demande dans une lettre à son ancien condisciple Louis Bouilhet : “Devine
quel est l’homme qui habite à Dieppedalle ? cherche dans tes souvenirs une des plus grotesques
balles que tu aies connues et des plus splendides... Dainez !!! Oui, – il est là – retiré, ce pauvre
vieux ! Il vit à la campagne en bon bourgeois, loin des mathématiques et de l’Université,
ne pensant plus à l’école.
Énorme ! Juge de ma joie quand j'appris cette nouvelle. Quelle visite nous lui ferions si tu
venais ! […]