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Nous avons été à Hollywood. Vu les Igor (entendu le 2
ème
acte de son opéra). La mort de Ralph Hawkes
est une catastrophe pour lui.
Vu Schoenberg, très très vieilli, impressionnant même, furieux contre Leibowitz (à cause du disque
de Napoléon par une femme), très très fière de son fils de 13 ans, champion de tennis.
[...]
Le gosse a déjà
gagné 22 coupes ! Vu les Renoir, la vieille Gabrielle qui vient de perdre son mari
». (Marque postale
à la date du 25 septembre 1950).
Le bel canto & la scène parisienne :
«
Mon cher petit Déso.
Je t’écris pour te soumettre une idée. Je suis émerveillée par les disques italiens d’opéra, par simplement
les gros Verdi mais le genre Cendrillon de Rossini et les petits Donizetti en 1 acte. C’est un gros succès ici.
Ne pourrais-tu prendre l’initiative de décider une compagnie fameuse de faire sous ta direction en « Longue
Durée » Le Roi malgré lui, L’Ecossais de Chatou, Les Voitures versées, Le Chalet, etc, etc, tous les merveilleux
opéras comique courts ou longs, qui sont si peu connus. Il serait temps que ton Pelléas sorte en « Longue
Durée ». J’ai l’air idiot de t’écrire tout ça, mais c’est très sérieux et je crois important.
Les Ballets de Paris sont ici (Roland Petit), ils sont un très gros succès. Croqueuse de diamants – Œuf
à la coque – Carmen est leur seul programme. C’est un gros succès. Tout ce qui se passe sur scène est épatant,
mais quelle musique !
J’ai fini ma série de 18 quatuors à cordes (1912-1951). Je me sens un peu en chômage… »
(Marque postale
à la date du 2 février 1951).
Concertino & cantate, mort de Schoenberg :
«
J’ai pu aller au Canada (Toronto), bon orchestre à la radio (1
ère
Symph. Et Carnaval de Londres).
Avec Mady Cantate de la Mère et de l’Enfant
[de l’Enfant et des la Mère]
. J’ai pas mal travaillé :
Concertino d’Automne : 2 pianos, fl, ob, 3 cors, 2 celli, 1 contrebasse
Concertino d’Eté : alto solo, fl, ob, cl, bs, cor, trp, 2 celli et basse
Cantate des Proverbes (Bible) :
chœur de femme, ob, harpe et cello
Je commence un quintette (cordes et piano)
[...].
Le pauvre Schoenberg est mort. Il aura au moins connu
le rayonnement immense de son dodécaphonisme. J’avais pour lui un immense respect et ne manquais pas
d’aller le saluer quand je passais à Los Angeles
». (16 juillet [1951]).
On joint :
-
2 lettre autographes signées
« M. Milhaud » adressée à Colette Steinlen.
Sans lieu ni date
[printemps
1952]. 2 pp. in-4 et 2 pp. in-8.
Émouvants courriers relatifs à l’accident vasculaire cérébral de Roger Désormière :
«
Chère Colette. Vous ne pouvez pas vous imaginer à quel point nous sommes tous bouleversés. Nous vivons
dans un véritable cauchemar, sans cesse avec vous deux par la pensée. Roger ne se doute pas du nombre
de gens qui l’aiment. Notre vie se passe au téléphone. Nous demandons des nouvelles. On nous en demande.
Des amis interrogent des médecins »
.
«
Ma petite Colette. Nous voudrions tant que les progrès soient plus rapides. Pauvre petit Déso. Je sais qu’il
faut bcoup de patience, mais on voudrait avoir des nouvelles tout le temps. Il y a un réseau de nouvelles très
organisé ici entre Denise Miguelle
(?)
Inghel Lamy nous. Tout le monde téléphone. Tout le monde voudrait
apprendre qu’il y a un mieux substantiel. Les Hoppenot m’ont écrit de N.Y. de vous dire combien ils pensent
aux heures d’angoisse que vous passez.
Pour nous, c’est bien simple, c’est une pensée qui ne nous quitte pas une seconde.
Et vous ? Soignez-vous, vous avez besoin de tant d’énergie et de courage.
Et vous êtes si loin de tous vos amis qui vous aiment profondément. On voudrait vous entourer, vous aider.
Je sais que les problèmes financiers sont compliqués. Déso m’avait dit qu’Auric lui doit beaucoup d’argent.
Vous devriez lui écrire en lui disant que vous êtes tout à fait au courant des affaires de cinéma de Déso
et qu’il vous envoie à son nom ce qu’il doit à Roger. »
4 000 / 6 000
€