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Relecture de ses anciens livres :
«
Depuis que Pauvert m’a remis les livres qui me manquaient
(livres de moi) je me suis mis à les relire. Je ne les avais jamais lus, relus depuis la publication, il y
a cinquante ans, quel drôle d’effet. Dans
Le Parricide imaginaire
, je croyais avoir tué mon père,
et c’est ma mère ou le type qui la représentait sur une scène que j’ai abattue. Je me jette sur
Opale
.
Rien de plus étranger à moi que cet ouvrage et de plus loin de l’événement. Ainsi, nous écrivons des
ouvrages qui ont affaire avec quelque chose de nous en nous, mais en nous travestissant. Ce sont des
travestis. La forme d’ailleurs ne me déçoit pas top et c’est tout ce qui importe. »
(20.12.74)
Le passage du temps :
« J’éprouve une espèce de torture à tâter le temps. On se sent dévoré
lentement par ce monstre sans visage. Je ne connais pas l’ennui, mais une sorte d’inquiétude due à
notre fragilité. »
(10.4.72)
Une maxime :
« Il faut s’ habituer à être méprisé et diminué par ceux qui devraient nous exalter. »
(8.4.72)
Instantané :
« Du canapé où je fais ma sieste, j’aperçois à travers la vitre d’une petite fenêtre un
merveilleux paysage : des arbres dépouillés et jaunis et dans une lumière de catastrophe, je veux
dire, d’ hiver une seule rose que brandit un vieux mur. Mais comment a-t-elle si longtemps réussi
à se survivre ? »
(5.1.72)
Leçon de vie :
« Avec moi-même je refuse les embûches, je n’accepte pas les nuages. Mon ciel privé,
sa limpidité me tient au cœur. Je l’entretiens avec délices comme une bonne ménagère son lit. »
(3.1.72)
Les modèles de ses personnages :
« Si mes modèles pris dans ma ville natale se sont fâchés,
c’est parce qu’ils ne se connaissaient pas et que je leur ai présenté un miroir qui les a rendus fous.
Ils ne s’étaient jamais vus et je leur permettais de se voir. »
(8.1.74)