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Le héros, Brice Aubusson, surnommé le Cardinal, est une projection de lui-même, qui raconte
dans La vie comme une fête, à propos de Nancy Cunard :
« un jour elle m’a enveloppé d’un
magnifique foulard en me disant : Jouhandeau, je te fais cardinal »
, épisode que l’on retrouve
dans le roman.
On reconnaît aussi Eugene Mac Cown, l’ami de René Crevel :
« Son corps ondulait comme celui
d’une panthère ; il faisait trembler des forêts dans son ombre et ses yeux reflétaient le désert, tous
ses mots chantaient. »
Loin des chroniques provinciales du cycle
Chaminadour
, le roman entraîne son lecteur
dans des soirées peuplées de personnages excentriques et mystérieux, puis en Italie, dans
une atmosphère onirique inhabituelle chez lui
: « Nous entrions dans la ville d’or. Les places
crénelées succédaient aux péristyles. Nous nous coulions dans des corridors vert-de-grisés, et vomis,
sans être avertis, comme un cyclone, nous franchissions des ponts d’onyx ornés de diamants et des
fleuves de nacre solide s’épanchaient en une double allée d’Anges lumineux de chaque côté de
nos têtes pendantes. Un moment, la bouche d’un colosse de bronze dont il avait fallu plusieurs
heures pour franchir l’épaule, nous happa et nous nous vîmes disparaître dans des galeries de verre
transparentes, rouges, bleues, violettes, jaunes qui étaient des artères et des veines où nous circulions
sur des gondoles traînées par des cygnes et des boas. »
Mais derrière cette teinte surréaliste, on y retrouve les grands thèmes de son œuvre : la
perpétuelle oscillation entre le bien et le mal, la foi et le péché.
Manuscrit de travail abondamment corrigé, mais extrêmement lisible, dans un bel état de
conservation.
4 000 / 6 000
€