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Le goût du risque :

« Je sens bien ce qu’il y a entre toi et moi qui crée des bagarres entre nous.

C’est que tu es sage et que je suis un peu fou, que tu as ta prudence et que je suis amateur de risques,

c’est que tu es chaste et moi de feu, mais quand même notre mariage est bon. »

(7.12.65)

Une déclaration :

« Enlacé à toi, je me voudrais jeune et beau, mais le peu qui me reste d’attrait

je le cloue sur ta porte, je le dédie à ton nom. »

(23.11.65)

Un poème :

« Je suis monstre

Il est vrai

J’en conviens

Je l’avoue

Mais que dorénavant on me blâme ou me loue

J’aimerai mon Castor,

Du reste, je m’en fous. »

(23.11.67)

Freud :

« Rien de moins convaincant que les propos de cet homme qui ne m’inspirent personnellement

qu’une profonde antipathie. Il a un peu trop tripatouillé notre sexualité, il y a perdu, je crois, le sens

des réalités morales et historiques. »

(30.6.69)

Nijinsky :

« Ce que tu me dis m’a précipité au fort de ma jeunesse quand après 1907 j’ai fait à

Paris la connaissance des ballets russes, de Nijinsky, de Kersavinic, d’Ida Rubinstein. Ce fut un

éblouissement. Après Nijinsky ne n’ai pu voir danser personne. »

(16.7.69)

Tentation de la mort :

« Je suis confus à la pensée que toutes mes aventures intimes vont être

connues de tout le monde. Le mieux serait pour moi de disparaitre, s’il n’y avait pas l’adorable

Marc. »

(18.10.69)

Détachement :

« Je suis détaché de mes passions. J’ai renoncé à tous les plaisirs du monde, à tous

les bonheurs. Je n’irai plus jamais dans le monde

(...)

Je me considère comme trépassé ou à peu près

(...)

Mes concerts sont le silence et à tant de déplacements inutiles je me complais dans l’immobilité. »

(16.10.69)

Pur Amour :

« J’ai remis hier à Gallimard mes 550 pages de

Pur Amour

, c’est une purée, une

gelée, une bouffée de chaleur. Les chapitres inédits, loin d’élever le débat, le dégradent, mais tu sais

que j’ai horreur de la sublimité si elle ne repose pas sur une expérience vécue. »

(13.10.69)

L’Académie française :

« C’était hier réception à l’Académie de Marcel Arland. Je n’y suis pas allé

mais seulement au cocktail.

(...)

Quelqu’un m’a dit (plusieurs) : - A quand votre tour, J’ai répondu :

J’ai aussi mes fêtes, qui ne ressemblent pas du tout à cela. »

(5.4.69)

Théorème de Pasolini :

« Je viens de voir Théorème de Pasolini avec Jean et ma femme. Je suis

exténué. Ce film est magnifiquement mortel. »

(29.1.69)

Les collections de Roger Peyrefitte :

« Hier, Roger Peyrefitte nous a conduits dans son

appartement près du bois de Boulogne. Il n’est pas de prince, de nabab au monde qui possède une

collection aussi étendue et parfaite d’objets d’art des meilleures époques, Chine, Grèce, Renaissance.

On y voit des marbres, des bronzes, des mosaïques, tout cela touche à l’érotisme. Une série par

exemple de phallus de marbre ou de pierre, de fesses tronquées qui émergent de caissons de velours

ou de socles d’or et d’argent, on voit un homme occupé à introduire son membre dans le postérieur

d’une femme qui se retourne curieuse et bouleversée : on le serait à moins. »

(28.9.67)

André Malraux :

« Il me semble que la vraie littérature et la poésie n’ont rien de commun

avec ces discussions politiques qui n’ont d’objet que l’éphémère actualité. Cependant, je crois

que l’importance de Malraux est indéniable. Ce qui rend son personnage passionnant, c’est qu’il

se détache sur une hécatombe, sur un monceau de cadavres : son grand-père s’est suicidé avec

une hache, son père s’est suicidé aussi plus humainement, ses deux frères sont morts en déportation,

une de ses épouses a été broyée sous ses yeux par un train dans une gare de grande ville du centre

et ses deux fils sont morts dans un accident de voiture le même jour. »

(16.10.67)

Vieillesse :

« Est-ce que je vieillis ? Est-ce que je serais devenu sensible à mon propre vieillissement ?

Je n’ai plus aucun goût pour l’amour et par instant je me devine si près de la mort que je ne sais plus

si je suis toujours vivant. »

(3.11.67)