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Sur Marie Laurencin :

« Marie était la joie même, elle était demeurée la fauvette comme disaient

ses amis peintres de la période Montmartre. Je pense à elle souvent, à mes bons moments avec elle

dans son atelier et ailleurs. Notre Godeau l’aimait beaucoup. »

(4.12.73)

La foi :

« Quel bonheur pour moi chaque matin en regardant le soleil éclater le bleu de la mer.

Savez-vous, mon cher ami que je suis celte et que je suis né avec la foi déjà ancrée dans moi – depuis

jamais elle ne m’a failli, c’est une force, une assurance aussi. Je crois que si je n’avais pas eu la foi,

je n’aurais pas pu vivre.

(...)

En cette fin d’année je regarde le chemin parcouru... que d’arbres

abattus ! Saint-Pol Roux, Gide, Max Jacob, Martin du Gard, Cocteau... Cher Castor, vivons ! »

(29.12.73)

Nicolas de Staël :

« Le rapprochement que vous faites de Poliakoff-Staël est assez justifié, mais je

dois vous avouer que pour ma part, je trouve davantage de sensibilité dans N. de Staël – peut-être

parce qu’il approche du figuratif, qu’il le recherche, semble-t-il avec la subtilité en plus. Non ? »

(23.3.74)

Saint Pol Roux :

« Nul n’a su si bien parler de Saint Pol Roux que André Breton qui avait pour

ce poète un véritable culte. Quelques mois avant sa mort je l’avais rencontré rue de Seine, nous

nous sommes promenés une bonne heure durant en parlant de S P R avec une grande ferveur.

(...)

S P R était un grand solitaire, sa maison par elle-même était une Haute Solitude, située au-dessus

de l’océan sur une dune sauvage. »

(3.5.74)

Marcel Jouhandeau :

« Vu Marcel hier, venu à Paris pour quelques heures. Mais Paris n’est plus le Paris qu’il aime,

j’ai l’impression qu’il s’y sent un peu étranger – il y a de quoi il est vrai. »

(19.6.74)

« Marcel est dans la gloire, je lui dis qu’elle passe, tombe, éphémère. Je crois qu’il n’est pas dupe –

ça l’amuse aussi, je pense. »

(14.8.74)

« J’ai constaté depuis quelque temps que l’esprit de notre cher monsieur Godeau s’embrouillait

passablement. Il oublie, mélange, revient sur ce qu’il a dit précédemment. Cela me semble

inquiétant, bien sûr. »

(4.3.75)

« Marcel me téléphone de temps en temps – il est tantôt gai, tantôt aigre – mais que faire ? Ce qui

le préoccupe, c’est lui, son œuvre, le reste est superfétatoire. »

(2.2.76)

Rencontre avec Miro :

« J’ai pensé à vous hier, rencontre avec Miro que je n’avais plus rencontré

depuis des années. Toujours aussi jeune d’allure et de pensée ce petit homme pétillant m’a charmé.

Nous avons évoqué nos amis communs disparus, Max Jacob dont il fut l’ami, Valadon, Utter... »

(28.7.74)

Gide trichait aux boules :

« Cette nuit, je pensais à Paulhan, j’ai eu avec lui de bons jours. Nous

nous sommes retrouvés en vacances à Juan-les-Pins une année, il y avait aussi Gide. D’interminables

parties de boules toujours très disputées – car Gide trichait. Il y avait un mot auquel Paulhan

attachait une importance capitale, le mot authentique. Nous discutions à perte de vue sur lui. »

(14.2.74)

Sur Giuseppe Ungaretti :

« Quelle belle figure olympienne ce poète avait ! Son calme serein et

quel délicieux ami. »

(23.1.74)

Georges Braque

« Cette nuit, je pensais à Braque, je le revoyais dans son atelier, sa belle tête

neigeuse pensive. Je le voyais méditer devant sa toile le pinceau à la main... Ah ! les conversations

entre lui et Paulhan – ce dernier souvent contradictoire – la parole mesurée de Braque. »

(14.2.75)