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Evolution d’une toile :
« En général je ne change pas d’un fil “l’idée”, la composition. Là, la toile
très grande, très foncée comme préparation, une sorte d’ “égarement” plus profond et non enregistré
consciemment m’a provoqué ces changements. Bien sûr les phases d’un tableau existent toujours,
mais ce sur le chemin normal. »
(17.3.74)
Un éditeur peu apprécié :
« L’ horrible outre prétentieuse et salope Vital (éditeur de la Différence)
me doit 73 millions A. F. qu’il essaye de me voler. (...) mais il y a pire : à cause de sa négligence,
confusionnisme, désordre, le livre L. F. découverte et masquée est un désastre total : le livre devrait
s’appeler L. F. découverte par poètes, écrivains, critiques, masquée de merde par l’éditeur. »
(26.3.78)
La vie est offensante :
« Les fissures, blessures de la vie ne sont particulièrement cela. La vie est
offensante, scandaleuse parce que c’est une tromperie, parce qu’il y a la mort. »
(3.5.79)
Doutes sur le féminisme :
« Le préjugé universel envers les femmes ne me dérange pas trop. Cela
donne le plaisir de s’isoler. Les biens de la “carrière” ne me semblent pas si “inouïs”, au contraire. »
(16.5.79)
Paulhan et Fautrier :
« Je connais moins l’œuvre de Paulhan. Je dis “byzantin” pour paradoxal,
raffiné pour raffiné, se grattant avec la main droite et chevauchant la tête par-dessus l’oreille
gauche, faisant de la mauvaise foi parfois un “art” et un “charme”, comme lorsque pour comparer
l’art informel et non figuratif il choisissait dans le figuratif les Cardinaux qui jouent aux cartes,
etc
(...)
Ma voix se lève, le fil devient “corde”, corde pour pendre Fautrier lui-même. Qu’après ses
premières natures mortes pas mal, être encore ... : dans n’importe quelle maison en démolition on
trouve des beaux plâtrages rongés avec anciennes traces de peinture roses délavées ou turquoise pâle,
plus raffinées, plus bizarres que ses lassate siciliane coulées et tombées dans la fange. Et ce n’est pas
qu’on sait les voir, ces rougeurs, ces jolis morceaux de ruine, mieux ou bien à cause des indications de
Fautrier (je comprends le rôle de certains indicateurs et qu’on puisse les défendre), ces “préciosités”
je les ai toujours vues, depuis l’enfance, et d’autres aussi. Autrement, je considère Dubuffet. Je vois
son humour, ses inventions et sa valorisation de “l’art brut”, j’aime beaucoup. »
Mort de Stanislao Lepri :
« Stanislao est mort il y a 3 jours.
(...)
fut amené d’urgenec à
l’ hôpital lundi (calmé de tout) s’endormit à l’aube et mourut dans son sommeil. Kot était resté près
de lui toute la nuit. Nous l’avons enseveli hier dans le petit cimetière de St Dyé. Nous l’adorions.
Je vivais avec lui depuis 37 ans. Kot s’unit à nous il y a 30 ans. Des liens immenses de dévotion,
d’admiration, douce, extrême amitié. »
(20.11.80)
Sur sa galerie Altman Carpentier :
« Altman, c’est de la merde pure, on ne doit même pas lui
parler
(...)
Carpentier, il est au fond bon mais il traite la peinture comme un « boursicotier »,
comme ils font à la bourse et aux enchères, c’est trop difficile de l’éduquer.
(...)
Il devrait, pour
compenser sottise, inexpérience, gaffes “me couvrir d’or” au moins je pourrais faire plaisir à mes
amis, tous. »
(11.12.75)
Sur Constantin Jelinski et leur vie commune :
« Je continue de le voir en “l’Albatros”, quoique
je comprends que ces regards fuyants, ces attitudes mi timides mi arrogantes peuvent agacer. “Mal
aimé” : c’est ainsi un “cercle vicieux” et bien aimer un “mal aimé” agaçant et féru de vocabulaire
de pseudo auto-analyse c’est pas très très possible. Entendre marmonner tout le temps : ceci me
rappelle l’école, ceci me rappelle ma mère “inconsciemment” (alors comment il le sait ?) lorsqu’elle
m’abandonnait, etc. Alors moi, parfois, je deviens “Hexenante et moqueuse”, oui, pour sauver
la situation. Je fais un petit théâtre désinfectant. Je m’ habille en Messaline qui va dans la Subuhra
rasant les murailles, je joue des sévérités et des coquetteries, je “confonds” tout exprès – il finit par rire.
Je change chaque soir de perruque et d’ habillements, très colorés (aveuglants d’éclat) ».
(24.6.72)
Un bal donné par les Rothschild :
« J’étais en train de me maquiller pour le bal Rothschild,
bal à la campagne – sujet : têtes surréalistes (où il descend dans la rue et chateaux et caffé society).
Ce maquillage devait être plus soigné que mon habituel, que je “liquide” très vite. Aller à ce bal
m’embêtait
(...)
Brigitte Bardot devait venir me chercher.
(...)
J’ai dû aller parce que Kot trouve
que les gens doivent voir comme je suis (parfois) belle, et aussi il trouve que je deviens trop sauvage
– que je me cache vraiment car tout le mal que la vie m’a offert depuis un an et demi m’a rendue
telle. »
(20.12.72)