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BARBEY D'AUREVILLY, Jules.

Deux rhythmes oubliés.

Caen, Imprimerie de Buhour, 1857.

In-16 de 16 pp. : demi-maroquin vert clair, dos à nerfs pincés fileté à froid, non rogné, tête dorée

(Lortic).

Édition en partie originale, tirée à petit nombre.

À la suite de

Laocoon

, paru à Caen une première fois cette même année 1857, on trouve, en édition

originale,

Les Yeux caméléons

. Les deux textes sont dédiés à G.S. Trebutien, l'éditeur et ami de longue

date de l'écrivain.

Laocoon

, inspiré de Virgile, est dicté par les déboires sentimentaux que Trebutien

connaissait en 1857 ;

Les Yeux caméléons

sont les “yeux de l'insomnie”.

L'année suivante, à propos de l'édition des œuvres de Guérin, Barbey et Trebutien devaient se

brouiller définitivement : non seulement ils divergeaient quant à la teneur de la préface que Barbey

envisageait mais encore, lorsque ce dernier proposa comme éditeur Auguste Poulet-Malassis, ce fut le

coup de grâce !

Précieux envoi autographe signé :

Souvenir à Monsieur Auguste P. Malassis

Jules Barbey d'Aurevilly

“La rencontre étonnante entre le cardinal écarlate et le suppôt de Satan” (Claude Pichois).

Piquante provenance en effet que celle du républicain Auguste Poulet-Malassis, l'éditeur des

Fleurs du

Mal

qui, en cette année 1857, avait à soutenir en compagnie de Baudelaire un procès pour immoralité

pour lequel le Connétable des Lettres rédigea un vigoureux plaidoyer en faveur du recueil incriminé :

mais son article fut refusé par

Le Pays

, le journal dans lequel il tint le feuilleton littéraire durant une

dizaine d'années, de 1852 à 1862. Baudelaire devait cependant aussitôt l'insérer dans la plaquette

destinée à assurer sa défense :

Articles justificatifs pour Charles Baudelaire auteur des Fleurs du Mal

. Les deux

écrivains se connaissaient depuis des années et s'estimaient, non sans quelques brouilles passagères.

Quatre ans plus tard, peut-être en souvenir de cette position courageuse, Auguste Poulet-Malassis

publiait la deuxième édition de

Du dandysme et de G. Brummell

. Gérard Oberlé, le bio-bibliographe de

l'éditeur, brocarde cette rencontre improbable entre deux personnalités aussi opposées : “Le fougueux

connétable

, plume royaliste et catholique (…) demandera au très républicain Malassis de rééditer son

Brummell

, se brouillant alors avec certains de ses amis calotins. Plus tard, exilé à Bruxelles, Malassis

fera paraître un second volume de Barbey. D'Aurevilly sera encore présent dans le

Nouveau Parnasse

satyrique du XIX

e

siècle

. (…) Un auteur Malassis, le terrible Babou (dit Babouin), avait surnommé Barbey

Barbemada de Torquévilly

” (Oberlé,

A. Poulet-Malassis

, p. 79).

L'exemplaire renferme également un manuscrit de la main de Barbey d'Aurevilly.

Ce document rédigé aux encres de couleur est intitulé : “

Rhytmes oubliés. (Premier plan) ou plutot poésies

sans Rhytmes. (second plan)

.”

Suivent deux colonnes de titres : celle de gauche, à l'encre bleue, comprenant six titres, est annotée en

rouge dans la marge : “restant à faire” ; celle de droite, neuf titres à l'encre noire, porte en rouge en

marge : “Faits.” Au centre, Barbey a dessiné la célèbre flèche qui orne la plupart de ses manuscrits.

Barbemada

de Torquévilly

à Coco

mal perché