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BAUDELAIRE, Charles.

Théophile Gautier.

Notice littéraire précédée d'une lettre de Victor Hugo.

Paris, Poulet-Malassis et

de Broise, 1859.

In-12 de (2) ff., III pp., (1) f., 68 pp. : demi-chagrin marron, dos à nerfs orné de caissons de filets à

froid, tranches marbrées

(reliure de l'époque).

Édition originale.

Elle a été tirée à 500 exemplaires reproduisant, avec quelques modifications, un article paru dans

L'Artiste

du 13 mars 1859. Elle est précédée d'une lettre fameuse de Victor Hugo rédigée à la demande

de Baudelaire :

“Vous dotez le ciel de l'art d'on ne sait quel rayon macabre. Vous créez un nouveau frisson.”

En frontispice, portrait de Théophile Gautier gravé à l'eau-forte par Émile Thérond, celui-là même

qui avait été utilisé en 1858 par Auguste Poulet-Malassis pour orner

Émaux et Camées

.

L'hommage de Baudelaire au poète dédicataire des

Fleurs du Mal

est remarquable. Certains ont relevé

l'ambiguïté de l'ouvrage, Baudelaire ayant exprimé ailleurs bien des réserves sur l'œuvre de Gautier.

L'amitié liant les deux hommes n'en était pas moins bien réelle et peu importe les arrière-pensées,

le

poète impeccable

est l'objet de pages fraternelles, Baudelaire célébrant “l'égal des plus grands dans

le passé, un modèle pour ceux qui viendront, un diamant de plus en plus rare dans une époque ivre

d'ignorance et de matière, c'est-à-dire

un parfait homme de lettres.

Exceptionnel envoi autographe signé à l'encre sur le faux titre :

à Gustave Flaubert,

admiration, amitié, et dévouement.

C.B.

De toutes les dédicaces de Baudelaire, celle-ci est la plus extraordinaire, non seulement parce qu'elle

réunit les deux réprouvés de l'année 1857, en butte au même avocat général, le dénommé Pinard,

mais elle est encore par sa forme même :

admiration, amitié, dévouement

– jamais, sans doute, Baudelaire

n'a offert avec plus de modestie et de sincérité un de ses ouvrages.

Contemporains (Flaubert n'était que de quelques mois le cadet de Baudelaire), liés à Mme Sabatier

chez qui ils se rencontrèrent, les deux écrivains “apparaissent l'un et l'autre comme les responsables

de l'évolution que connut le roman et de la révolution qui eut lieu en poésie” (Claude Pichois) – les

deux dynamiteurs des Lettres au mitan du siècle d'or de la littérature française. Si Flaubert fut blâmé

mais finalement acquitté et Baudelaire condamné, les liens qui unirent les deux hommes depuis

leurs procès respectifs de l'année 1857 devaient se prolonger au-delà des seules questions judiciaires

pour se concrétiser en une sincère admiration littéraire. “

Ce Gustave Flaubert

(…)

est un de mes bons amis

,

devait confesser Baudelaire à sa mère :

Dans les journaux nous sommes généralement insultés ensemble” (Lettre à

Mme Aupick

, 13 mai 1858). Baudelaire devait consacrer à

Madame Bovary

ce que Pichois regarde comme

“l'article le plus perspicace qui ait été écrit alors sur le roman”.

“Au fond, ajoute Pichois, Flaubert a moins bien compris Baudelaire que celui-ci Flaubert” – ce qui

rend ces trois mots d'admiration, d'amitié et de dévouement plus vibrants encore.

On peut également y entendre comme un écho de la fameuse dédicace imprimée des

Fleurs du Mal

au “poète impeccable”, par “le plus dévoué, le plus respectueux et le plus jaloux des disciples”.

L'envoi

autographe

entre tous

admiré