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FLAUBERT, Gustave.

Salammbô.

Paris, Michel Lévy frères (Imp. J. Claye), 1863.

In-8 de (2) ff., 474 pp., (1) f. de table ; demi-chagrin brique, dos à nerfs, pièce de titre de

maroquin bleu nuit, tête dorée

(reliure postérieure).

Édition originale.

“J'ai voulu fixer un mirage en appliquant à l'Antiquité les procédés du roman moderne, et j'ai

tâché d'être simple. Riez tant qu'il vous plaira, oui ! je dis simple, et non pas

sobre

. Rien de plus

compliqué qu'un Barbare” (Lettre de Flaubert à Sainte-Beuve, décembre 1862).

Envoi autographe signé sur le faux titre :

à Alexandre Dumas fils

une cordiale poignée de main

G

ve

Faubert

La dédicace est aimable sans excès, les deux hommes, bien que de la même génération, n'ayant pas

été véritablement liés sinon par l'amitié qu'ils partageaient pour la princesse Mathilde.

Leurs personnalités étaient aux antipodes : “Le comportement, le caractère et la perception de l’art

des deux écrivains étaient trop différents pour qu’ils puissent vraiment se comprendre et avoir entre

eux cette grande harmonie qui lia Flaubert à Lepoitevin, à Louis Bouilhet, à Tourguéniev et même

à Maxime du Camp et Laporte.

Dumas, qui déjeunait volontiers avec le jeune Maupassant, disait qu’il regrettait de ne l’avoir pas

formé. “Si j’avais eu en main une telle valeur, j’en aurais fait un moraliste…”. Flaubert avait essayé

d’en faire un artiste. (…)

De l’autre côté, le besoin d’épater et de paraître de celui qui se voudra prédicateur laïque et

national, réformateur des mœurs pour les autres et non pour lui, étonnera Flaubert qui, fuyant

la gloire, ne pensait qu’à l’art pour l’art.

Le sieur Dumas

, dira-t-il,

vise à la députation… Alexandre Dumas

émaille les journaux de ses réflexions philosophiques… Notre ami Dumas rêve la gloire de Lacordaire ou plutôt de

Ravignan ! Empêcher de retrousser les cotillons est devenu chez lui une idée fixe…

Toutes les excentricités de

Dumas fils dépassaient Flaubert” (Lucien Andrieu,

Flaubert et les Dumas

, in

Bulletin des Amis de Flaubert

,

1970, nº 37).

Et si, en 1862, avant de recevoir ce

Salammbô

doté d'une “

cordiale poignée de main

”, Dumas avait offert

à son confrère son théâtre complet enrichi d'une rutilante dédicace “à mon grand ami Flaubert”,

les relations devaient s'aigrir avec le temps avant de se heurter au refus de Dumas de “faire partie de

la commission pour la statue de G. Sand parce que Mme Sand,

cette femelle-là

, ne lui a point laissé

par testament un tableau de Delacroix qu'il convoitait. (…) De pareilles anecdotes rafraîchissent –

et ouvrent des horizons – sur les grands hommes. Quel esprit ! quel cœur ! noble nature d'artiste”

(Flaubert, Lettre à Léonie Brainne, 15-16 février 1877).

On connaît le mot fameux de Dumas fils : “Flaubert est un géant qui abat une forêt pour fabriquer

une boîte ; la boîte est parfaite mais elle a vraiment coûté trop cher.”

Agréable exemplaire en reliure légèrement postérieure.

Quelques piqûres. Manque dans la marge de la page 223.

40 000 / 60 000 €