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“
Le Voltaire
des voyageurs
en Italie
”
(Stendhal)
BROSSES, Charles de.
Lettres familieres sur l’Italie
.
Sans lieu ni date
[Dijon ?, vers 1755].
Manuscrit sur papier in-4 [277 x 194 mm], relié en 2 volumes de (1) f. de titre, 652 pp., (1) f. blanc,
(1) f. de table, 1 grand tableau replié hors texte pour la
Galerie du grand duc
; (1) f. blanc, (1) f. de titre,
703 pp., (1) f. de table, (1) f. blanc : demi-vélin à coin recouvert de papier gris, pièces de titre et de
tomaison de veau lavallière, tranches jaunes mouchetées
(reliure de l’époque)
.
Une des quelques copies manuscrites complètes connues, celle-ci exécutée pour un des
compagnons du voyage en Italie du président de Brosses, Germain-Anne Loppin de Montmort.
“Un chef-d’œuvre d’humour et de drôlerie. L’Italie de notre Président est un monde à l’envers où les
amants sont plus jaloux que les époux, où des jeunes filles soutiennent un débat en latin et où l’on
donne des
intermezzi
bouffons au milieu des tragédies” (Beaumarchais,
Dictionnaire des littératures de langue
française
).
Admirable fiction épistolaire, ces
Lettres familières
furent écrites pour la plupart après coup, de retour
en France : un bijou littéraire dont le président de Brosses a toujours refusé la publication. L’édition
originale posthume (1799) est une édition tronquée donnée d’après un manuscrit saisi sous la
Révolution. La première édition sérieuse a été donnée en 1836 par Romain Colomb, cousin de
Stendhal. Ce dernier composa à la demande de l’éditeur une préface qui fut finalement retoquée.
Durant son voyage, le président de Brosses adressa des lettres à divers correspondants – notamment à
Buffon et au président Bouhier – mais ce qui devait devenir un livre ne comprend que neuf des lettres
originelles, le reste ayant été composé ou réécrit après son retour à Dijon. “Ce qui place le voyage
de M. de Brosses bien au-dessus de tout ce qu’on pourra jamais faire en Italie, c’est que l’auteur,
en écrivant des lettres charmantes, n’avait nulle idée qu’elles fussent jamais imprimées” (Stendhal,
Promenades dans Rome
).
Cédant aux demandes pressantes de son cousin Loppin de Gemeaux et avec bien des réticences
– il craignait les indiscrétions et que ne circule un texte parfois leste – Brosses fit faire quelques copies
à l’usage de ses familiers, pour l’essentiel des Bourguignons de son entourage ou de sa famille :
une “édition manuscrite pour
happy few
” en quelque sorte.
Sur son propre exemplaire, l’auteur porta jusqu’à sa mort en 1777 des annotations, corrigeant,
complétant ou précisant certains points. Ces ajouts ont parfois été retranscrits sur les quelques
copies adressées aux proches : c’est le cas de cet exemplaire, dont les douze premières lettres sont
agrémentées de notes en marges (45 en tout), modifiant un mot ou ajoutant une phrase entière.
On peut imaginer que c’est le premier possesseur de l’exemplaire, Germain-Anne Loppin de
Montmort, qui fit porter ces notes, les inscrivit peut-être lui-même. Il devait disparaître dix ans
avant son cousin Charles de Brosses, en 1767.
Beau manuscrit, parfaitement conservé et bien lisible.
Il a été relié en demi-vélin à coins et, à l’époque, on a recouvert la reliure avec du papier gris donnant
l’aspect d’un cartonnage. Ex-libris armorié gravé de
Loppin de Montmort
.
Cousin issu de germain de Charles de Brosses, Germain-Anne Loppin de Montmort, marquis de La
Boulaye (1708-1767), fut du voyage italien. Alors conseiller au parlement de Bourgogne, il en devint
président à mortier en 1752. C’était, selon Brosses, “un esprit sensé, un caractère droit, un bon cœur,
des vues justes. C’est l’homme qui fait face pour nous quand il est question de doctrine, en un mot
c’est une tête carrée dont nous ferions bien de suivre les avis.” Ce mathématicien, épris de géométrie,
avait une passion pour la musique et ramena d’Italie un claveciniste napolitain, Alessandro,
qu’il tenta de lancer à Dijon et à Paris.
Un des sept manuscrits complets connus.
Ils ont été dénombrés par Jean-Marc Chatelain : tous ont été réalisés pour des proches du président
de Brosses. (Chatelain,
Catalogue de l’exposition de Dijon pour l’Association internationale de bibliophilie
, 2014,
nº 49.)
On relève ainsi, outre l’exemplaire personnel de l’auteur, ceux confectionnés pour :
Loppin de Gémeaux (cat. Pierre Jammes,
Rome et l'Italie
, 2010, nº 49, relié en 4 volumes,
demi-veau du XIX
e
siècle) ;
marquise d’Harambure ;
Bénigne-Charles Fevret de Saint-Mesmin (Bibliothèque municipale de Dijon) ;
exemplaire autrefois entre les mains du libraire Mathey, à Paris ;
exemplaire autrefois dans une collection privée italienne, sans doute celui qui se trouve
aujourd’hui à la bibliothèque de l’Istituto Nazionale di Archeologia ;
exemplaire de la BnF.
S'y ajoute éventuellement l’exemplaire vendu par la librairie Rauch à Genève en 1963 (cat. 7, n° 159 :
relié en 4 volumes, demi-vélin), à moins que celui-ci ne se confonde avec l’un des exemplaires
précédents.
15 000 / 20 000 €
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