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ACADÉMIE FRANÇAISE
604
GAILLARD Gabriel-Henri
(1726-1806)
avocat, grammairien, historien et
critique littéraire [AF 1771, 22
e
f].
L.A.S. « Gaillard », Paris 11 février 1766,
à VOLTAIRE ; 3 pages in-8.
400 / 500 €
Belle lettre rendant hommage à Voltaire
historien
.
« Dans quelque carrière qu’on veüille entrer,
Monsieur, c’est toujours vous qu’on trouve
au bout de cette carrière, et on ne peut que
s’y trainer sur vos pas. L’histoire ne vous doit
pas moins que les autres genres. Votre pin-
ceau divin l’a embellie, votre Philosophie l’a
éclairée ; vous avez assuré l’immortalité à
Louis 14, à Charles 12, à Pierre 1. Dans de plus
grands ouvrages encore vous avez jugé les Rois,
les peuples et les siècles »… Il lui envoie son
Histoire de François I
er
, quatre gros volumes
« à faire peur » sur « ce franc chevalier, ce
franc étourdi de François I »… Il ne le priera
pas de le lire (citant Cicéron), mais il signale
plusieurs passages qui auraient peut-être droit à
l’indulgence des lecteurs… Il lui garde, « malgré
les Pédans et les Dévots une admiration sans
bornes, sans restrictions, sans
Mais
, sans
Si
,
une admiration franche et vraye »…
Au dos, note autographe de VOLTAIRE :
« Gaillard de l’académie ».
On joint
une L.A.S., 26 janvier 1785 (2 p.
in-4), remerciant Monseigneur d’avoir été
choisi « pour le travail des Manuscrits de la
Bibliothèque du Roi »…
605
GALLOIS Jean
(1632-1704) abbé,
érudit et savant, cofondateur du
Journal des sçavans
, garde de la
Bibliothèque du Roy [AF 1672, 26
e
f].
L.A.S. « L’abbé Galloys », à Denis
DODART ; 1 page in-8.
400 / 500 €
Très rare
(une des deux lettres connues de
Raoul Bonnet).
« Madame COLBERT m’a donné ordre de
luy faire faire incessament des vaisseaux
pour cuire la viande et les os à la manière
de monsieur BOYLE. Et comme je ne puis
pas faire entendre aux ouvriers de quelle
manière ces vaisseaux doivent estre faites,
par ce que nous n’irons pas si tost à Paris,
et qu’il est difficile de leur faire entendre
cela qu’en leur parlant, je vous supplie […] de
prendre la peine de faire faire des vaisseaux
par les ouvriers que vous jugerez les plus
propres à cela, et de les y faire travailler
incessamment »…
Provenance
: collection Jacques-Charles
BRUNET (19 décembre 1868, n° 37).
606
GARAT Dominique-Joseph
(1749-
1833) publiciste, orateur, homme
politique, diplomate et philosophe
[AF 1803, exclu en 1816, 34
e
f].
L.A.S. « Garat », Auverneau 10
pluviôse [29 janvier 1798 ?, à Jean-
François THUROT] ; 8 pages in-8.
300 / 400 €
Remarquable lettre d’érudition, contenant
des vues sur la philosophie, les langues
et la grammaire
.
[Jean-François THUROT (1768-1832), hel-
léniste et philosophe, venait de traduire
l’
Hermès ou Recherches sur la Grammaire
universelle
de l’Anglais James HARRIS (1709-
1780), précédé d’une dédicace à Garat.]
Garat félicite d’abord Thurot de son excel-
lente traduction de l’
Hermès
de Harris ; il l’a
faite en homme qui entend bien les langues,
écrit bien le français et qui est initié dans les
secrets les plus profonds de la grammaire
générale des langues. « Harris a l’érudition
d’un savant et l’analyse d’un philosophe de
l’école de LOCKE. Cette réunion est peut être
nécessaire dans la recherche des Principes
universels
des langues ». DUMARSAIS et
CONDILLAC ont eu l’esprit philosophique,
mais leur érudition était bornée ; c’est le
contraire chez ARNAUD et LANCELOT…
« Sans doute la nature de l’esprit humain
est dans l’esprit humain ; mais l’esprit humain
ne se montre bien que dans la variété de
formes qu’il a prises et des langues qu’il a
parlées dans les divers siècles et chez les
divers peuples »... Suit une critique serrée
des travaux du grammairien François-Urbain
DOMERGUE, qui ne reçoit pas que des
louanges : « Je lui sais bien bon gré aussi
d’avoir circonscrit la grammaire dans son
enceinte, de l’avoir séparée de la métaphi-
sique qui cherche non seulement l’origine
des idées dans les sensations mais l’ori-
gine des sensations elles-mêmes dans les
nerfs et dans leurs mouvements. Genre de
recherches [...] que la métaphisique fera
sagement de se déffendre jusqu’à ce que
la physiologie ait fait plus de progrés »...
Etc., etc.
607
GÉDOYN Nicolas
(1677-1744) abbé et
traducteur [AF 1719, 3
e
f].
L.A.S. « L’abbé Gedoyn », Paris
7 janvier 1733, au président Jean
BOUHIER à Dijon ; 2 pages in-4,
adresse avec cachet de cire rouge
(onglets au dos) ; qqs lignes en latin.
250 / 300 €
Nouvelles de l’Académie
.
Il lui fait des vœux de nouvel an en latin, puis
traduit : « puissiez vous estre encore longues
années l’ornement de vostre province, de
vostre parlement et de nostre Académie. A
propos de l’Académie je vous en entretien-
drai faute d’autres nouvelles […] L’élection
d’un successeur à M
r
de Mets [le duc de
COISLIN] est indiquée pour le 15 de ce mois.
M. DANCHET chancellier se charge de la
reception au défaut de M. le premier pre-
sident directeur, qui a des occupations plus
importantes. M
r
de MONCRIFFE se tenoit
sur d’estre élu, mais l’Evesque de Vence
[Jean-Baptiste SURIAN] qui est venu ici pour
faire l’oraison funebre du roy de Sardaigne
s’est mis sur les rangs depuis deux jours et il
l’emportera. On a compromis mal a propos
M. le comte de Clermont »… [C’est en effet
Surian qui sera élu.]
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