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les collections aristophil

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GENEST Charles-Claude

(1639-1719) abbé, poète et auteur

dramatique [AF 1698, 39

e

 f].

L.A.S. « Genest » et 2 L.A., [1677-1699], à Madeleine de

SCUDÉRY ; 11 pages in-4, 2 adresses (rousseurs à la 1

ère

lettre).

1 200 / 1 500 €

Intéressante correspondance à Mademoiselle de Scudéry, faisant

une belle description de Marseille, et donnant des nouvelles de

la Cour et des lettres

.

Marseille 19 mai [1677]

. [Il est à Nevers, accompagnant le duc de Nevers

qui se rend à Rome.] Il a « le contentement de voir Marseille et je l’ay

trouvée tout a fait digne de l’amour que vous lui portez. […] Il n’y a

rien de plus beau que cette coste semée de bastides, surtout quand

on la regarde de la mer. Mais il y a une autre beauté que vous n’avez

pas veüe, parce qu’elle est fort nouvelle, c’est un cours [actuel cours

Belzunce] qui est une grande rue ou une longue place, dont toutes

les maisons sont egales et basties a la Romaine, avec des rangées

d’arbres des deux costez et des sieges de pierre dessous de distance

en distance, tout Marseille est là les soirs, et cest un grand ornement

pour la ville, dont toutes les maisons sont ailleurs peu ornées et les

rues fort estroites. Le Port rempli de galeres est encore un objet

surprenant et magnifique, ces galeres sont d’une pompe qui ne se

peut decrire, ce n’est que dorure sculpture, et ajustemens jusqu’au

bout des rames. Les Chiourmes sont en tres bon estat »… Il raconte

la réception des duchesses par le maréchal de VIVONNE à bord de

la Réale… Il évoque diverses personnes, dont Nublé et Pellisson…

Fontainebleau 12 octobre [1698]

. Il a reçu l’« aimable madrigal » de

Mlle de Scudéry : « Le madrigal suivi de toute l’approbation dont il

est une marque si glorieuse, m’oblige a mille actions de graces, et

rien ne me touche davantage que de me voir ainsi uni avec l’illustre

Acante [PELLISSON]. Et si j’ay gagné encore quelque part nouvelle

en l’honneur de vostre bienveillance, cest la le succes le plus avan-

tageux de mon discours, et je ne pourrai jamais repondre dignement

a ces aimables vers que par des hymnes des odes, et des Poëmes

entiers ». Après avoir démenti la nouvelle de la mort de la duchesse

de BRUNSWICK qui a eu une apoplexie, Genest relate les fiançailles

de MADEMOISELLE [Elisabeth-Charlotte d’Orléans, fille de Monsieur

et de la Palatine, avec le duc de Lorraine Léopold] : « Mademoiselle

a esté fiancée ce soir sur les six heures dans le Cabinet du Roy [...]

M

r

le Duc d’Elbeuf l’epousera demain au nom du duc de Lorraine [...]

Cette Princesse est tres aimable, a l’esprit tres bien fait et le meilleur

cœur du monde. Elle a deja beaucoup pleuré de quitter sa famille,

ou elle est si aimée. Il y a ce soir une musique nouvelle dans la Salle

de la Comedie ou le Roy sera avec le Roy et la Reine d’Angleterre ».

Relation de la vie de la Cour à Fontainebleau : « Les appartemens la

Comedie la chasse regnent comme les autres fois. Le Roy mange avec

leurs majestés Britanniques [...] C’est une grande table en croissant

et il y a dix sept couverts »... Puis Genest parle de son discours de

réception à l’Académie Française (il avait été élu le 23 août et reçu le

27 septembre) : « J’attens de Paris des exemplaires de mon discours

je donnerai ordre qu’on vous en envoye »...

Versailles 1

er

août [1699]

. « Vostre galant madrigal, Mademoiselle doit

estre receu avec un hommage par[ticuli]er de chacun de vos amis,

quoyquil soit pour tous egalement. Il doit avoir le mesme effet qu’une

lettre circulaire d’un grand Monarque pour laquelle chacun de ceux a

qui elle est envoyée a la mesme deference que si elle estoit pour luy

seul. [...] ma foible prose ne meritoit point d’estre contée parmi ces

jolis vers qui ont celebré vostre feste. Je fais des vœux tres ardens

pour vostre santé, quoyqu’on ne s’appercoive point qu’elle puisse

changer, quand on void les inalterables preuves de vostre Esprit. Je

puis vous repondre pour Monsieur de Meaux [BOSSUET] quil auroit

receu vostre compliment avec les sentimens qui vous sont dûs. Je

le lui garde a son retour. […] Le Roy est a Trianon depuis Jeudi. Le

Roy et la Reine d’Angleterre y souperent. Il devoit y avoir musique

et illumination sur le canal mais comme cela se trouvoit au jour

de la mort de la Reine [anniversaire de la mort de Marie-Thérèse

d’Autriche, le 30 juillet 1683] on ne fit rien ». Genest annonce la mort

du petit-fils du duc de La Rochefoucauld, de M. de Mirepoix... Il

annonce l’envoi d’« une espece d’impromptu ou je me suis trouvé

indispensablement engagé. Il y avoit tres longtemps que je n’avois

fait de vers. Et je m’aplique a des choses tout-opposées »...

Provenance

 : ancienne collection Louis MONMERQUÉ.

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