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ACADÉMIE FRANÇAISE
drois m’attirer de sa part de pareils discours,
que je meriterois pas comme lui. Pour M.
BERNOULLI, il a outre son grand merite
personnel, un nom auquel tout ouvrage de
Geometrie
infinitaire
doit hommage. Je n’ai
pas manqué de l’envoyer à M. son Pere,
dont j’attens le jugement avec impatience.
Ce sera pour moi un jugement souverain, et
sans appel, quoique j’en aye déja plusieurs
qui me sont favorables.
En general, Messieurs, je vous demande à
tous, sinon de l’indulgence qu’il n’est guere
permis à un Geometre de demander, et qui
me seroit pourtant assés necessaire, du
moins une attention fort suivie pour une
matiere presque toute neuve, et que j’ai eu
la temerité de vouloir approfondir au delà
de ce qu’avoient fait de grands hommes,
dont je ne serois pas digne d’être l’Ecolier.
De plus j’ai besoin que vous soyés dans
une certaine disposition à ne pas rejetter
trop viste ce qui vous paroistra trop hardi,
et sera peutètre justifié de plus en plus dans
le cours de l’ouvrage. Après cela, jugés, et
je me soumets »...
L’Académie française au fil des lettres
,
p. 96-103.
600
FONTENELLE Bernard Le Bouyer
de
(1657-1757) philosophe et
mathématicien [AF 1691, 27
e
f].
L.A.S. « Fontenelle », Paris 14 juin
1728, à Georg Bernhard
BULFINGER
,
« Professeur en Mathematique dans
l’Academie de Petersbourg » ; 3 pages
grand in-8, adresse.
1 500 / 2 000 €
Belle lettre accompagnant l’envoi de son
livre Éléments de la Géométrie de l’Infini
(Imprimerie royale, 1727).
[Le physicien BULFINGER (1693-1750)va
publier en 1728 à Paris chez Jombert un
opuscule, dont il est question dans cette
lettre :
De Causa gravitatis physica generali,
disquisitio experimentalis
...]
« Toutes vos affaires sont faites presentement,
et je ne suis fâché que d’y avoir eu si peu
de part. Il ne reste que l’impression de votre
pièce, j’en aurois pris soin, et je le devrois
par ma place, si M. GODIN, jeune Acade-
micien, et déja fort habile, n’étoit depuis un
temps dans l’habitude de me soulager de ce
travail. Contés que cela sera bien fait, mais
vous jugés bien qu’il n’en arrivera aucune
diminution a ce que M
rs
de la Rüe ont entre
les mains.
Je leur remets avec cette lettre trois exem-
plaires de la
Geometrie de l’Infini
, un pour
vous, Monsieur, un pour M. Herman, un
pour M. Bernoulli. J’aurois bien voulu en
envoyer aussi un à M. Delisle, mais je n’en
ai absolument plus, et je lui demande mille
fois pardon. Comme nous sommes com-
patriotes et confreres, il me semble que j’ai
quelque droit de le traiter plus familierement,
et d’ailleurs quand il reviendra ici, comme je
l’espere, je tâcherai de reparer cette faute.
En attendant, je vous supplie, Monsieur, de
vouloir bien lui prester votre exemplaire,
que vous n’aurés peutètre pas le loisir de
lire sitost, et je le prie, lui, de ne me pas
punir comme je le meriterois, en dédaignant
de me lire.
Je reconnois que je devois un exemplaire
à M. HERMAN, qui m’a fait l’honneur de
m’envoyer, il y a plusieurs années, sa belle
Phoronomie
, que je n’ai eu le temps de lire
entiere et avec l’attention necessaire que
depuis peu. Je l’ai lue avec un plaisir infini,
et une instruction égale. Je me retiens sur
ce sujet de peur qu’il ne semble que je vou-
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