les collections aristophil
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BOILEAU-DESPRÉAUX Nicolas
(1636-1711) [AF 1684, 1
er
f].
L.A.S. « Despreaux », Auteuil 7 juillet
1703, au Président de
LAMOIGNON
;
3 pages in-4 (petite fente réparée).
8 000 / 10 000 €
Belle et longue lettre au sujet du refus de
Lamoignon d’entrer à l’Académie française
au fauteuil de Perrault, et sur la querelle
des Anciens et Modernes
.
[Sur ordre de Louis XIV, qui voulait écarter
la candidature de l’abbé de Chaulieu (sou-
tenu par le prince de Condé et le duc de
Maine) à la succession de Charles Perrault
(décédé le 16 mai 1703), Jacques de TOUR-
REIL (1656-1714) avait annoncé à l’Académie
celle du président de LAMOIGNON qui fut
élu à l’unanimité, mais qui préféra refuser cet
honneur ; le Roi imposa alors la candidature
du cardinal de Rohan (voir le n° 798).
Dans la fameuse querelle des Anciens et
des Modernes, Boileau défendait le classi-
cisme hérité des Anciens, tandis que Charles
Perrault était le champion des Modernes.
Chrétien-François de LAMOIGNON (1644-
1709), président à mortier du Parlement de
Paris, était l’ami des littérateurs, et le dédi-
cataire de la sixième
Épître
de Boileau, qu’il
cite dans cette lettre.]
« Il n’y a rien, Monsieur, de plus obligeant
que vostre lettre et vous vous y plaignés
d’une maniere si agreable des fautes que
vous pretendés que j’ay commises à vostre
egard que bien loin de me corriger vous
me donnés presque envie d’en commettre
de nouvelles affin de m’attirer encore de
pareils reproches. Permettés moi pourtant
de vous dire que ces reproches ne sont pas
si bien fondés que vous vous imaginés. En
effect, Monsieur, puisque j’ay envoié mon
Edition nouvelle [des
Œuvres diverses
, Denis
Thierry 1701, dite « favorite »] a Madame de
La Moignon n’estce pas en quelque sorte
vous l’avoir envoiée a vous mesmes et ayje
dû presumer que le Livre estant chés vous
la curiosité durant plus d’une année ne vous
feroit pas du moins jetter les yeux sur les
nouvelles pieces que j’y ay adjoustées dont
la plus part regardent la querelle que javois
alors avec M
r
PERRAULT et dans laquelle
vostre amour pour les Anciens vous ren-
doit si considerablement interressé. Vous
dites que cette negligence vient de ce que
je ne vous ay pas averti qu’il estoit parlé de
vous dans ces pieces mais n’y auroit il pas
eu une espece d’affectation à moi de vous
avertir de si peu de chose puisque je ne fais
proprement que vous y nommer et vous
declarer deffenseur du bon goust. La verité
est pourtant, je lavoue, que dans les regles
je devrois vous avoir porté moi mesme en
personne mon livre accompagné de tous les
complimens que lon a accoustumé de faire
en ces rencontres mais pouvés vous ignorer
depuis combien d’années je me suis de ma
pleine puissance et autorité poetique liberé
de toutes ces regles et de tous ces devoirs.
Avés vous oublié ces deux vers de l’Epistre
que je me suis autrefois donné l’honneur
de vous adresser
Mais pour moi de Paris Citoyen inhabile,
Qui ne lui puis fournir qu’un Resveur
inutile.
et ne pourois je pas sur cela vous dire
comme Horace
Quid tum profeci, mecum facientia jura
Si tamen attentas
.
Mais laissons la ce qui me regarde et par-
lons de ce qui vous est arrivé au sujet de
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