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les collections aristophil
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BOILEAU-DESPRÉAUX Nicolas
(1636-1711) [AF 1684, 1
er
f].
L.A.S. « Despreaux », Auteuil 2 juin 1700, à son ami Claude
BROSSETTE ; 2 pages in-4, montées sur papier fort.
7 000 / 8 000 €
Belle lettre où Boileau se félicite de la constitution de l’Académie
de Lyon, et en profite, en pleine querelle des Anciens et des
Modernes, pour critiquer l’Académie française où l’on attaque
trop les Anciens.
[Claude Brossette avait annoncé le 10 avril à Boileau qu’il avait réuni
autour de lui une petite société de gens de lettres et de savants qui
s’était constituée en Académie. Il lui avait également envoyé un recueil
des pièces du procès des avocats et médecins de Lyon contre le
Traitant de la Noblesse, avec l’arrêt du Conseil qui confirmait l’usage
des avocats et médecins de prendre la qualité de Noble.]
Il commence par des excuses d’avoir tardé à répondre, ayant été
malade et pris par des affaires préoccupantes. Il a lu le recueil et a
été « pleinement convaincu de la noblesse de M
rs
les Avocats de Lyon
par les preuves qui y sont très bien enoncées et encore plus par la
noblesse de cœur que je remarque en vos actions et en vos liberalités
qui sont sans fin. Je suis ravi de l’Academie qui se forme en vostre
ville. Elle n’aura pas grand’peine a surpasser en mérite celle de Paris
qui n’est maintenant composée, a deux ou trois hommes près, que
de gens du plus vulgaire merite et qui ne sont grands que dans leur
propre imagination. C’est tout dire qu’on y opine du bonnet contre
Homere et contre Virgile et surtout contre le Bon sens comme contre
un Ancien beaucoup plus ancien qu’Homere et que Virgile. Ces M
rs
y examinent presentement
L’Aristippe
de BALZAC et tout cet examen
se réduit a lui faire quelques miserables critiques sur la langue qui
est juste l’endroit par ou cet Auteur ne pèche point. Du reste il n’y est
parlé ni de ses bonnes ni de ses mechantes qualités. Ainsi M
r
si dans
la vostre il y a plusieurs gens de vostre force je suis persuadé que
dans peu ce sera a l’Academie de Lyon qu’on appellera des jugemens
de l’Academie de Paris. Pardonnés moi ce petit trait de Satire »...
Œuvres complètes
, Bibl. de la Pléiade, p. 643.
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