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les collections aristophil
793
TERRASSON Jean
(1670-1750) oratorien, mathématicien
et philosophe, professeur de grec et latin au Collège Royal
[1732, 12
e
f].
L.A.S. « Terrasson », Paris 7 août 1731, [à Jean-Paul
BIGNON] ; 3 pages in-4.
400 / 500 €
Récit d’une démarche auprès du cardinal de Fleury
. [Une des deux
lettres connues de Raoul Bonnet.]
Le marquis de Lassay fils a présenté à Son Éminence le livre de Ter-
rasson [
Sethos
, traduite d’un manuscrit grec], et en a profité pour lui
parler « de la pensée que l’on avoit eue de donner à M
r
de Mayran
[DORTOUS DE MAIRAN] le secretariat de l’Academie des sciences » :
il a repris la proposition de Terrasson d’un partage de pension. « M
r
le Cardinal [de FLEURY] fut charmé de cette ouverture, et il repondit
qu’il seroit ravi de contenter par la deux honnetes gens, dont l’un
refusoit une place qui etoit düe a l’autre, et dont l’autre remettoit au
premier une partie des emolumens attachez a l’employ. Il ajouta que
les courtisans fournissoient rarement un pareil exemple, et qu’enfin M
r
de FONTENELLE quittant quand il luy plairroit, il regardoit la chose
comme conclüe »… L’abbé de Rothelin et le comte de Morville ont
exprimé le souhait de voir Terrasson à l’Académie ; mais il lui faudra
l’agrément du Cardinal et de son correspondant, « par la grande
autorité que vous aviez dans les lettres »…
794
TESTU Jacques,
abbé de BELVAL
(1626 ?-1706)
prédicateur, traducteur, aumônier du Roi, poète [AF 1665,
15
e
f].
2 L.S. « Labbé Testu », Paris [1699 ?], à Monseigneur [le
cardinal de BOUILLON] ; 3 pages in-4 chaque.
600 / 800 €
Intéressantes lettres de nouvelles, et sur la querelle des rites.
13 juillet
. Il a dîné hier aux Missions étrangères avec les « deux
petits grands hommes », comme les appelle l’abbé de CHOISY :
« ils m’ont apris que l’affaire du prieuré de l’abbé de Choisy est
enfin heureusement terminée, je suis tres persuadé Monseigneur
que c’est votre ouvrage »… Il rassure Monseigneur sur son procès,
et sur ses propres efforts pour le rapprocher de l’archevêque, puis
transmet quelques nouvelles concernant la duchesse de LUDE, la
comtesse de GRAMMONT (elle a passé quelques jours à Port Royal
des Champs pendant l’octave du Saint Sacrement : « cela a deplû
au Roy »), la mort de Mme MAZARIN (« pas fort diferente de sa vie
[…], on remarie desja M. de Mazarin »), Monsieur et Madame (ils se
rendent en Lorraine pour se trouver aux couches de la duchesse de
Lorraine)…
21 septembre
. Les « deux petits grands hommes ont passé
tout le matin chés moy, ils m’ont communiqué un ouvrage qu’ils ont
fait et qu’ils enverront a Rome sur l’affaire de Confusius, j’ay trouvé
beaucoup de force d’eloquence et de grandes aparences de vérité
dans cet ouvrage, vous en jugeres mieux que moy ; apres m’avoir
éclaircy du fonds pour m’instruire de la forme ils ont bien voulü me
faire un recit de toute leur conduite et de tout ce qui s’est passé depuis
le commencement de cette affaire jusqu’à present »… Il doute que
Rome se prononce promptement, « cependant il est a craindre que
ce schisme reproduise de mechans éffets dans la Chine et n’empéche
les fruits que les Missions y auroient pü faire »…
On joint
une P.A.S., Paris 10 mars 1676, projet de conciliation pour
une affaire de tableaux avec le duc de Richelieu (demi-page in-4,
mouill.). Plus une p.a.s. d’un homonyme, contrôleur général de la
Maison de Monsieur (1671).
795
THOMAS Antoine-Léonard
(1732-1785) poète et critique
[AF 1766, 30
e
f].
L.A., 30 juillet [1766], à CHAMFORT ; 2 pages et demie in-4,
adresse avec fragment de cachet de cire noire (quelques
taches).
600 / 800 €
Très belle lettre sur les débuts littéraires de Chamfort
.
« Ne vous découragés point mon cher ami pour un accident qui en
soimeme est très peu de chose. Vous aviez fait un bon ouvrage et
votre ouvrage vous reste. Faites le imprimer, il vous fera honneur
et l’estime publique sera votre prix. Il vaut bien l’autre. Songez que
Voltaire et Fontenelle ont manqué ces prix la ; et ils n’en ont pas
moins été de grands hommes. [...] Ne vous découragés point mon
ami ; et mettez vous à travailler sérieusement. Je crains que les deux
dernières années vous ne vous soyez un peu trop livré au monde. Il
amuse, mais il ne laisse rien. A votre age le temps est prétieux, c’est
celui du travail, des forces et de l’imagination ardente, et de la sen-
sibilité profonde. Vous avez tout cela, ramassez le, faites en usage et
vous irez où vous voudrez. [...] J’aimerois bien mieux comme vous
paroissez le désirer vous meme vous voir appliqué tout entier au
théatre. C’est la première des carrières, c’est là qu’on se crée en un
instant. [...] Cependant si vous vous sentez assez de courage pour
traiter ce discours, ce n’est que trois ou quatre mois employés. [...]
Mais avant de vous décider, il faut calculer toutes les lectures que
vous avez à faire, toute l’étendue de votre sujet, si vous ne voulez
pas en faire un lieu commun »... Etc.
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