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ACADÉMIE FRANÇAISE

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MONTESQUIEU Charles de

Secondat, baron de La Brède et de

(1689-1755) [.AF 1728, 2

e

f].

L.S. « Montesquieu », La Brède

13 septembre 1754, à la marquise

DU DEFFAND 

; la lettre est dictée

à son dernier secrétaire Florence

Fitz-Patrick ; 3 pages in-4, adresse

avec cachet de cire noire aux armes

(brisé).

5 000 / 7 000 €

Belle lettre à Madame Du Deffand, parlant

de l’Académie française avant l’élection de

D’Alembert, et de sa

Défense de l’Esprit

des lois

.

[D’Alembert sera élu à l’Académie le 28

novembre 1754.]

« Madame, Je commence par votre apostille,

vous dites que vous etes aveugle ne voyés

vous pas que nous etions autrefois vous

et moi de petits esprits rebelles qui furent

condamnés aux Tenebres. Ce qui doit nous

consoler c’est que ceux qui voyent clair ne

sont pas pour cela lumineux.

Je suis bien aise que vous vous accom-

modiés du savant bailli [Louis-Gabriel de

Froullay, bailli de l’Ordre de Malte]. Si vous

pouvés gagner ce point, que vous ne l’amu-

siés pas trop vous etes bien et quand cela ira

trop loin vous pourrés l’envoyer à Chaunes.

Je ferai sur la place de l’accademie ce que

voudront Madame de Mirepoix, D’Alembert

et vous mais je ne vous reponds pas de M.

de St Maur car jamais homme n’a tant été

à lui que lui. Je suis bien aise que ma Def-

fense [

Défense de l’Esprit des lois

] ait plû à

Monsieur Le Monnier [Pierre LEMONNIER

(1676-1757), philosophe, censeur royal, de

l’Académie des Sciences]. Je sens que ce

qui y plait c’est de voir non pas mettre les

venerables Theologiens à terre mais de les

y voir couler doucement.

Il est tres singulier qu’une Dame qui a un

mercredy n’ait point de nouvelles. Je m’en

passerai. Je suis ici accablé d’affaires. Mon

frere est mort [l’abbé Joseph de Secondat,

doyen de Saint-Seurin]. Je ne lis pas un livre.

Je me promene beaucoup, je pense souvent

à vous, je vous aime. Je vous presente mes

respects »…

L’Académie française au fil des lettres

,

p. 112-117.

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