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les collections aristophil
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OLIVET Pierre-Joseph Thoulier, abbé d’
(1682-1768)
jésuite, traducteur et grammairien, historien de l’Académie
française [AF 1723, 31
e
f].
2 L.A.S. « l’abbé d’Olivet » et 2 L.A., Paris [1756-1764], à
« Monsieur de VOLTAIRE, de l’Académie Françoise, à
Genève », avec annotations autographes de VOLTAIRE ;
11 pages in-4, 3 adresses dont une avec cachet de cire
rouge aux armes.
4 000 / 5 000 €
Belle correspondance à VOLTAIRE, son illustre confrère et ancien
élève à Louis-le-Grand.
7 septembre [1756]
. Voltaire a noté : « Abbé d’Olivet sur l’académie
et sur le Roi de Prusse ». Réponse à des questions : 1° La salle de
l’Académie est désormais ornée de portraits des membres, dans
l’ordre de leur réception : « vous aurez pour voisin Monseigneur
l’Abbé Comte de BERNIS. Quelles joues, quels yeux, quel coloris !
Dame Nature et Dame Fortune, quand elles s’entendent, ne font-elles
pas des miracles ? Vos doctes confreres ont réglé le prix des tableaux
[…]. Si M
r
l’abbé MIGNOT n’etoit pas à la campagne, je l’aurois déjà
invité à faire travailler pour vous. 2° Le héros Mahonique est notre
Doyen [FONTENELLE]. Je viens d’abord après lui, mais je vous jure
que l’ambition de lui escamotter sa dignité ne m’entrera point dans le
cœur. Puisse-t-il vivre jusqu’à l’arrivée de l’Antechrist, et moi seulement
autant que Mathusalem, pour que vous ne montiez qu’après moi,
comme il est juste, dans la barque de Charon »… Suit une explication
de l’origine de son nom : « Olivet est le nom de ma famille, nom que
mon pere fit attacher par lettres patentes à un miserable coin de terre
situé dans la Combe d’Ain »… Il termine par une épigramme de 13
vers concernant Voltaire et FRÉDÉRIC II…
24 juillet [1760]
. « Vos deux ou trois derniers ouvrages m’ont fait
penser à ces vers de Racan :
Il voit comme fourmis marcher nos légions
Dans ce petit amas de poussière &c.
Vous n’y êtes pas encore, dans les Cieux. Piano, Piano. Mais vous
êtes sur la cime du Parnasse, & de là ne devez-vous pas voir comme
fourmis &c. Je me fais une peine d’entendre à tout moment retentir
votre nom parmi tant d’autres noms si peu dignes de remplir la bouche
des honnêtes gens. Hé qu’ils se battent ces petits messieurs, qu’ils
se battent tant qu’ils voudront : faut-il que Voltaire aille crotter sa
robe de chambre pour les séparer ? Je m’imagine que plusieurs des
intéressez à la guerre présente vous en parlent comme de quelque
chose qui occupe la ville & la Cour. Mais gardez-vous de les en
croire. Tout ceci n’affecte qu’une certaine classe de gens oisifs, qui
s’amusent également à Palissot, à Ramponneau, à Polichinelle »…
(Voltaire a noté « L’abbé Dolivet »).
19 novembre [1764]
. Il a vu plus d’une fois environ 60 feuillets manuscrits
de la
Méthode pour convertir les Huguenots
, imprimée au Louvre
sous le nom du cardinal de RICHELIEU : ils furent de l’écriture « d’un
Jésuite nommé
Patornay
, qui faisoit le métier de controversiste à
Nîmes pendant le séjour du Cardinal à Avignon. Il y a quantité de
marginations
de la propre main du Cardinal, et bien plus amples
que celles qui sont au cahier des Sentimens sur le Cid. […] Mais
avons-nous besoin de preuves pour nous persuader que des têtes
ambitieuses, toujours pleines de grands projets, ne s’amuseront pas
à faire des livres ? Ces messieurs ont des negres qui travaillent pour
eux. Avouons de bonne foi que le Pyrrhorisme littéraire va bien loin,
sans être porté cependant jusqu’à l’Harduinisme »... Il taquine l’auteur
des
Nouveaux Doutes sur le Testament de Richelieu
sur quelques
expressions :
marginer
,
inconvenable
,
improbable
(pour dire ce qui
n’est pas prouvable) : « je me dis à moi-même que c’est quelque
Allobroge qui a eu l’effronterie d’interposer le texte de mon cher ami.
Vous voyez que j’aime encore un peu à rire. Mais sur 39 confreres
que j’ai, il n’y a que vous avec qui je sache qu’on peut sans risque
essayer de rire ainsi »… (Voltaire a noté : « lettre de l’abbé d’Olivet »).
Deux anecdotes sur CORNEILLE, avec note de Voltaire : « abbé d’Olivet
Sur Corneille et le lutin ». La première met en scène MOLIÈRE et deux
hommes d’esprit qui admirent une tragédie de Corneille : Molière
affirme que Corneille n’en est pas l’auteur, mais « un petit lutin » qui
la lui a dictée : « Quand il voit que Corneille se met à son bureau
pour se ronger les ongles, et tâcher de faire quelques vers, alors le
petit lutin s’approche et lui dicte quatre vers, huit, dix, quelquefois
jusques à vingt de suite, qui sont au dessus de tout ce qu’un homme
peut faire » ; et quand le lutin se retire, Corneille compose les vers
suivants « où il n’y a que du très-commun, où même il y a souvent du
mauvais ». Et Molière de conclure : « Gardez-vous bien, Messieurs,
de confondre les deux auteurs. L’un est un homme, mais l’autre bien
plus qu’un homme ». La seconde anecdote, attestée par Maucroix,
est « qu’on se levoit au théatre quand Corneille entroit, comme pour
M
r
le Prince de Condé »…
On joint
une L.A.S., Paris 8 décembre [1731], à Monseigneur, demandant
audience (2 p. in-4) ; et un MANUSCRIT autographe (2 p. in-4 remplies
d’une petite écriture), liste, par ordre alphabétique approximatif, d’une
centaine de personnalités, la plupart écrivains, avec dates de décès
et parfois âge au décès.
L’Académie française au fil des lettres
, p. 120-123.
OLIVET Pierre-Joseph
T
houlier
, abbé d’
: voir n
os
504, 512, 520,
656, 711.
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