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ACADÉMIE FRANÇAISE
faire avec des illuminations. […] Le dessein
en gros est de faire dans lorangerie, une
gallerie magnifique qu’on pourroit nommer
la gallerie ou le palais du soleil a cause de sa
lumiere et des pierres pretieuses dont il seroit
basty. Lorangerie ne seroit que le vaisseau
qui enfermeroit ce palais et le deffendroit de
la pluye et du vent car la pensëe seroit de
poser a trois pieds des murs des poteaux
de charpenterie lesquels estant liez par bas
et par hault avec des sablieres porteroient
un plafonds a trois pans (estant trop difficile
de faire une voute ronde et de lilluminer) et
ce plafonds seroit plus bas de 5 ou 6 pieds
que la voute de lorangerie cet espace estant
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PERRAULT Charles
(1628-1703)
conteur et critique, il était contrôleur
général de la Surintendance des
bâtiments ; membre fondateur de
l’Académie des Inscriptions en 1663
[AF 1671, 23
e
f].
MANUSCRIT autographe, 5 juin 1671 ;
2 pages grand in-fol.
4 000 / 5 000 €
Rapport à Colbert sur les illuminations de
l’orangerie de Versailles
.
« Apres avoir examiné, M
r
Gissey et moy, ce
qui se peut faire pour executer la pensée de
Sa Majesté, touchant les illuminations qu’Elle
demande estre faittes dans l’orangerie de
Versailles, nous avons trouvé qu’il n’estoit
pas possible de faire des figures de relief
ny de demirelief qui soient illuminées. Pre-
mierement parce quil ny a point de matière
qui puisse prendre la forme et les contours
dune figure et estre transparente en mesme
temps, du moins il est certain que cela ne
se peut faire ny avec du papier ny avec de
la toille. De plus quand on auroit trouvé une
matiere capable de prendre la forme d’une
figure transparante on ne pourroit y introduire
de la lumiere particulierement aux extremitez
comme aux bras aux mains et aux doigts sans
les noircir et les brusler parce que le feu des
lampes n’auroit pas dissuë pour s’evaporer et
jetter sa fumëe comme il fait aux machines
d’illuminations. […] il n’est pas possible de
faire des figures de relief qui soient illumineës
par le dedans, ny mesme aucun ouvrage
de sculpture si ce n’est par le secours de la
peinture comme il a esté pratiqué jusques
icy. On peut bien faire de l’architecture de
relief comme des pilastres et des colonnes
isoleës estant aisé de mettre de la lumiere
dans une lanterne ronde ou carree quoyque
fort longue pourveu qu’elle ayt une issüe par
ou le feu et la fumëe se puissent evaporer
on peut faire aussy une infinité dornemens
darchitecture tres agreables de sorte que
pour repondre et satisfaire autant qu’il se
peut a la pensëe de Sa majesté nous avons
imaginé un dessein pour orner lorangerie
de tout ce que nous croyons se pouvoir
laissé tant aux costés que par le hault pour
y porter les lumieres qui eclaireroient les
chassis d’illuminations. La Decoration seroit
un ordre de pilastres portans une architrave
frise et corniche avec le plafonds au dessus
entre les pilastres seroient des figures dans
des niches avec divers ornemens darchitec-
ture et dans les deux bouts se feroient deux
portiques avec des colonnes isolëes »... Etc.
En tête, note autographe de Jean-Baptiste
COLBERT : « Le Roy veut a son retour avoir
ce qui se pourra faire a prendre resolution
sur cette illumination ».
L’Académie française au fil des lettres
,
p. 64-67.
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