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ACADÉMIE FRANÇAISE
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MARMONTEL Jean-François
(1723-1799) poète, auteur dramatique, philosophe
et critique [AF 1763, 17
e
f].
L.A.S. « Marmontel », [vers 1760, au baron d’H
OLBACH
?] ; 1 page petit in-4 (un
peu effrangée dans le bas).
500 / 700 €
Sur un banquet de philosophes
.
[Est-ce ce même banquet dont Diderot fait le récit à Sophie Volland, le 24 octobre 1762 ?
« Marmontel y était. On disputa à perte d’haleine sur l’harmonie des langues, sujet qui comporte
bien de la délicatesse, sur la versification française, sur notre prosodie, sur le caractère des
ouvrages, faits pour le chant ou pour la déclamation. On n’a pas plus d’esprit, de connaissance
et de logique que Marmontel ; mais pourquoi gâter tout cela par une suffisance et une dureté
qu’on ne saurait supporter ? »...]
« He quoi mon cher ami vous realisez demain le banquet de Platon et je n’en suis pas ! Vous
n’etes pas un sage me direz vous. Il est vrai, je n’ai pas cet honneur ; mais j’aime les Sages.
Je vous aime surtout. J’aime M
rs
D’Alembert, Didrot, et je souhaite vivement d’en etre aimé.
Après tout M
r
de Gauvecour est il un sage, lui qui caresse les femmes, qui boit du vin de
champagne, qui mange des huitres vertes sept jours de la semaine ? Cependant vous l’avez
invité. Vous mariez Sparte et Sibaris. Croirez vous faire pis lorsque vous raprocherez le Licée
et le Parnasse ? A quels poids pesez vous les philosophes ? Je fais tout ce que me dit la
nature, je prends les hommes comme ils sont, je n’ai point d’argent et je m’en fous, je suis
donc philosophe. Ergo je dois etre de votre diner et vous prie de m’en prier »...
L’Académie française au fil des lettres
, p. 118-119.
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MARMONTEL Jean-François
(1723-1799) poète,
auteur dramatique, philosophe et critique [AF 1763,
17
e
f].
L.A.S. « Marmontel », Paris 9 avril 1763, [à VOLTAIRE] ;
3 pages in-4.
1 000 / 1 200 €
Très belle lettre d’envoi de sa
Poétique françoise
à son
maître Voltaire.
« Le voila mon cher maitre ce fruit de vos leçons. C’est ainsi
que les fleuves raportent a la mer leau qui sen est élevée en
vapeurs. Si chacun des hommes qui pensent vous rendoit ce
quil vous doit vous seriez accablé de dedicaces. Je n’ai pas dit
tout ce que je voulois, surtout au sujet de la philosophie que
vous avez repandue dans la poesie et dont les anciens n’avoient
pas les premiers élémens, mais a une seconde edition jaurai
plus de loisir et plus despace ; et je ferai voir que notre siecle a
eu lhonneur exclusif de produire un poete ami des hommes ».
Il ironise sur MIRABEAU (père), qui a volé « ce beau titre » à
Voltaire, et qui est plus l’ami de LEFRANC DE POMPIGNAN que
le leur ; il lui adresse « un petit ouvrage de sa façon en l’honneur
du Moïse de Montauban. […] Le panegirique n’est rien en com-
paraison de
L’Examen des poesies sacrées
. Vous allez voir que
les prophetes netoient que des polissons auprès de lapotre du
10 mars »… Enfin il parle du président HÉNAULT, sérieusement
malade : « Je serois bien faché que ce fut lui qui me fit place.
Il est votre ami, il accueille et honnore les lettres et je scais quil
me veut du bien ». Il demande des nouvelles de Mme DENIS,
se disant « votre humble disciple ». Il ajoute : « Je loge toujours
chez Mad
e
GEOFFRIN et je travaille a amasser les materiaux
d’une histoire de la littérature depuis Homere jusqu’à vous ».
Au dos de la lettre, Voltaire a inscrit : « Marmontel ».
Provenance
: collection A.-P. DUBRUNFAUT (VI, 22 décembre
1884, n° 110).
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