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les collections aristophil

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683

MARMONTEL Jean-François

(1723-1799) poète, auteur dramatique,

philosophe et critique [AF 1763, 17

e

 f].

L.A.S. « Marmontel » (minute avec

corrections), Paris 25 août 1780, à un

Prince russe ; 3 pages in-4.

700 / 800 €

Éloge de Catherine II de Russie

.

Il fait l’éloge des manières et du style gra-

cieux du prince, « dignes de ce que nous

appellons ici

la vieille cour

 », et le remercie

du thé, des fourrures, et d’une « robe de

mandarin » qu’il mettra « les matinées ou je

ferai le rôle d’un vieux

lettré

avec les jeunes

gens qui me consultent sur leurs ouvrages.

[…] Je suis très sensible, mon prince, à la

confidence que vous me faites de la digne

apostille que votre auguste imperatrice a

mise à votre lettre. C’est un maître-roi que

cette CATHERINE ; et c’est d’elle qu’on doit

apprendre à connoître les hommes, à les

employer et à les faire valoir. Sa façon de

regner est simple, franche, naturelle ; on voit

qu’elle est née pour les grandes choses ;

un empire à gouverner ne lui pese pas

une once ; elle lui donne le branle comme

une autre femme à son rouet, et manie un

sceptre avec la même aisance qu’Hercule

manioit sa massue. Je vous félicite, mon

prince, de l’honneur d’être son ministre »…

Il tourne un compliment sur les écrits de

l’impératrice ; puis, ayant barré quelques

lignes sur un « code chinois » dont parlait

le prince, il en biffe un autre concernant

les opéras dont il a refait les livrets pour

PICCINNI : « On vient de reprendre l’opera

de

Roland

et il a eu encore plus d’ap-

plaudissements que dans la nouveauté.

Celui d’

Atys

aura le meme sort. C’est, à

tous égards, un modèle. Il faut donner aux

oreilles que GLUCK a

barbarisées

, le tems

de s’humaniser ». Il ajoute qu’un mémoire

de GAILLARD « sur l’esclavage et la ser-

vitude », et une traduction de Sophocle

par LA HARPE, lus en séance publique de

l’Académie, ont été « fort applaudis »…

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MARMONTEL Jean-François

(1723-1799) poète, auteur dramatique,

philosophe et critique [AF 1763, 17

e

 f].

L.A.S. « Marmontel », 16 août [1792],

à Madame LOUIS, à Aubevoye ;

3 pages in-8, adresse avec cachet de

cire rouge à son chiffre.

500 / 700 €

Vive critique littéraire de Beaumarchais,

Gabriel Legouvé et Ducis

.

[Madame LOUIS, née Marie-Emmanuelle

Bayon (1745-1825), épouse de l’architecte

Victor Louis, était pianiste et compositrice.]

Il renvoie les pièces de théâtre commu-

niquées par Mme Étis, ayant trouvé dans

La Mère coupable

[de BEAUMARCHAIS]

« les deux belles scenes que vous m’aviez

annoncées, et un fond de bonnes mœurs ;

mais, du reste, un mouvement d’intrigue qui

n’est pas assez gradué. C’est une esquisse et

non pas un tableau. Son Tartufe n’est qu’un

vil coquin. Sa fourberie est noire, et n’est

point comique ; et dans la manière dont M

de

Almaviva provoque l’eclaircissement avec

son mari, je trouve une inconsequence de

caractere, une invraisemblance choquante ».

Quant aux deux pièces de Gabriel LEGOUVÉ

« j’ai trouvé du talent, mais un talent bien

jeune ! Plus analogue cependant au sujet de

La Mort d’Abel

; mais très inferieur au sujet

d’

Épicharis

, j’entends, de

La Mort de Néron

.

L’action en est puerilement engagée dans le 1

er

acte, faiblement nouée et soutenue dans les

trois suivants, et miserablement terminé dans

le 5

e

 »… L’auteur aurait profité d’une bonne

lecture de Tacite et de Racine… Quant à

l’

Othello

de son ancien confrère DUCIS, « sa

charpente est faite à la serpe, ses caracteres

sont peints à la brosse. Rien de préparé, tout

se heurte, tout s’entasse sans vraisemblance.

[…] J’aime mieux […] la franche et naturelle

grossiereté de Sachespear. Au moins son

langage est naïf, et n’est point chargé d’une

mauvaise poësie »… Marmontel craint d’être

trop âpre, mais les poètes « de ce temps ci

me paroissent sauvages »…

On joint

une L.A.S. de félicitations à Mme

des Rotoirs, v

endredi.

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MARMONTEL Jean-François

(1723-1799) poète, auteur dramatique,

philosophe et critique [AF 1763, 17

e

 f].

L.A.S. « Marmontel », « Gaillon sur

Seine route de Rouen » 30 décembre

1792 ; 4 pages in-4.

500 / 700 €

Longue lettre à un homme de confiance.

Après avoir donné des instructions pour la

vente de sa maison de Grignon, il prie son

correspondant de remettre à PANCKOUCKE

la deuxième partie de ses

Souvenirs du coin

du feu

, de toucher ses honoraires pour le

dernier mois de 1792 et de les remettre à

Mme de Montigni [sa belle-mère], qui habite

son appartement à Paris, où il faut faire un

état de tout ce qu’il y a dans le secrétaire,

avec des comptes précis. « Ce qui regarde

l’académie consiste en un sac de 450 jet-

tons ; une bourse ou sont trois medailles

dont l’une est en or ; un sac de 600

££

en

argent qui reviennent au donnateur du prix

pour l’éloge de Dalembert ; et le paquet

d’assignats sous envelope dont la suscrip-

tion est de votre main ; plus le petit cachet

de l’académie »… Il le charge de plusieurs

commissions financières, puis le prie de

copier les deux derniers contes qu’il lui a

remis : « J’ai quelques petits changements

a y faire ; et lorsqu’ils seront transcrits, vous

m’obligerez beaucoup de m’en envoyer la

copie au net […]. Je vous envoye de mon coté

les deux dernieres parties des

Souvenirs du

coin du feu

j’en crois l’ecriture assez nette

pour vous épargner la peine de les copier.

Cependant, pour plus de sureté, je voudrois

bien qu’en livrant à M

r

Panckoucke succes-

sivement les copies, vous gardassiez les

originaux »… Il donne encore des instructions

pour des affaires d’argent, et précise l’ordre

des premières parties des

Souvenirs

: « 1.

L’histoire de

Le danois

2. Celle du jeune

anglais 3. celle des deux freres l’un ingrat et

l’autre reconnoissant », etc.

On joint

2 L.A.S. à une dame :

19 avril 1772

,

à propos de l’abbé de Langeac ;

7 août 1789

,

sur ses efforts pour obtenir un prix de vertu

pour ses protégés, François et Nicolas Potet ;

une P.A.S.,

4 novembre 1792

, réclamation au

Directoire du département de Paris contre la

pose de scellés sur sa maison de Grignon,

« le présumant émigré » ; 3 P.S., 1791-1799

(certificats et procuration) ; plus une l.a.s. de

sa femme « De Montigny Marmontel », et

divers documents.

MARMONTEL Jean-François

 : voir n° 769.

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