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les collections aristophil

692

MAYNARD François

(1582-1646) poète,

membre fondateur

de l’Académie française [AF 1634, 14

e

f].

MANUSCRIT autographe, «

Tu règnes dans l’estat

 »…, [vers

1645 ?] ; 1 page in-fol. (portrait gravé joint).

5 000 / 7 000 €

Très rare sonnet contre MAZARIN

.

[« Le sonnet contre Mazarin, présenté ici, illustre bien les fluctuations et

les déceptions politiques de Maynard. En 1646, en tête de ses

Œuvres

,

il avait placé une dédicace au chancelier Séguier, qu’il remplaça au

cours de l’impression par une très flatteuse dédicace à Mazarin,

nouveau maître de l’heure. Pellisson rapporte que le cardinal, qui ne

se souciait guère de plaire aux gens de lettres, accorda néanmoins au

poète une gratification de mille livres ; sans doute celui-ci espérait-il

davantage : une charge d’État. Dix ans auparavant, étant à Rome, il

avait décoché contre Richelieu un sonnet blessant :

Par vos humeurs

le monde est gouverné...

, que celui-ci ne lui pardonna jamais. On

connaît par ailleurs deux rondeaux de Maynard, tout à la louange de

Mazarin. Peine perdue, et le poète se sera vengé par ce sonnet au

parfum de chantage, qui fustige moins le cardinal, qu’il ne cherche à

en soutirer une faveur promise et restée sans effet. Le sonnet satirique

a été publié, avec un bref commentaire, par Jean-Pierre Lassalle dans

le n° 18 (1992-1993) des

Cahiers Maynard

. Sans doute date-t-il de la

dernière période de la vie du poète (1644-1645). Maynard, nous dit

un de ses contemporains, était d’humeur caustique et se plaignait

souvent des injustices de la fortune : il aura ainsi trouvé en Mazarin

une de ses dernières cibles ». (Jean-Paul Goujon)]

« Tu regnes dans lestat du plus riche des Princes

Et ce poste est commode à ton avidité

Tes coffres sont remplis du sang de nos provinces

Et tes montagnes d’or font nostre pauvreté

L’on a veu par deux fois renaistre la France

Depuis que mon esprit ne regarde que toy,

Tu mas promis du cuer, accomplis ta promesse

Et las de me tromper agis de bonne foy

Haste ma recompence, ou la France va dire

Que tu ne cognois pas en ma façon descrire

Ce que nos Apollons y treuvent de charmant

Je vay guerir ta gloire avec mon esperance

Tes ingrates longueurs sont louvrage infamant

Et de ton avarice et de ton ignorance ».

Variante alternative au début du 8

e

vers, écrite dans l’interligne :

« comme ta personne ».

Au verso, un sonnet d’une autre main : « Que tes soings diligens font

souvent des couronnes »…

L’Académie française au fil des lettres

, p. 26-27.

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