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ACADÉMIE FRANÇAISE
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LA HARPE Jean François de
(1739-1803) poète, auteur
dramatique et critique littéraire [AF 1776, 21
e
f].
3 L.A.S. « Laharpe » et 2 L.A. ; 7 pages formats divers, 2
adresses (portrait gravé joint).
400 / 500 €
À MÉRARD DE SAINT-JUST, maître d’hôtel du comte de Provence :
« lorsque nous avions joué ensemble la comédie à Orangis, on avait
envoyé des couplets contre moi, que toute la société vous attribua » ;
il parle de des libelles répandus contre lui : « je tâche de soutenir
noblement
la guerre littéraire que me font quelques ennemis »… –
21
septembre [1793]
, à sa mère, s’expliquant sur la nature de ses «
services
rendus à la révolution
», dont le témoignage « est loin de me plaire :
c’est une grande amertume pour moi, mais c’est une juste punition.
Ce n’est pas que dans la réalité, et toujours graces au bon Dieu, ces
prétendus
services
ayent été plus loin qu’un égarement d’opinion.
On ne trouvera mon nom dans aucun acte
révolutionaire
» ; tout au
plus l’a-t-on vu à la tribune de sa Section… –
[1794]
, envoi d’épreuves
depuis la maison d’arrêt du Luxembourg au citoyen Panckoucke : « je
suis fort tranquille, mais je suis sans argent »… – Rappel au citoyen
J.-B. Gail, professeur au Collège de France, de sa promesse d’un
nouveau secours, « dont j’ai besoin, depuis qu’on a dépouillé les
détenus. On m’assure que ma liberté est prochaine »… –
15 mai 1799
,
à M. Antoine, pour lui procurer un exemplaire des
Barmécides
pour
une édition de son théâtre : la pièce est introuvable, « étant la seule
qui n’ait été ni réimprimée ni reprise »…
On joint
une liste autographe d’acteurs et actrices à Fontainebleau
en 1775 (Lekain, Bellecour, Préville, Molé, Dugazon, etc.) ; plus une l.s.
« V
e
Tilliard & fils » à Henri Agasse, relative à la rédaction du catalogue
des livres de La Harpe, 18 floréal XI (8 mai 1803).
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LA HARPE Jean François de
(1739-1803) poète, auteur
dramatique et critique littéraire [AF 1776, 21
e
f].
L.A.S. « Laharpe », « Maison d’arrêt du Luxembourg »,
sextidi germinal II (5 avril 1794), au Comité de Sûreté
générale ; 1 page in-4, adresse avec cachet de cire rouge à
son chiffre (portrait gravé joint).
500 / 700 €
Émouvante protestation contre ses conditions de détention
.
[Il avait été arrêté le 16 mars 1794, par ordre de Robespierre].
« N’ayant pû encore obtenir de votre justice que vous rendiés la
liberté à un patriote méconnu et calomnié, je demande aujourd’huy
à votre humanité de me faire au moins transférer dans une maison
de santé. Trois semaines de séjour ici ont déjà fait altéré la mienne
[…]. Ma poitrine s’échauffe par le défaut de sommeil, et j’ai craché le
sang cette nuit. Un autre tourment pour moi c’est l’impossibilité de
m’occuper ou même de lire dans la cohue et le mouvement d’une
chambrée de 12 personnes. Accoutumé comme je le suis à écrire
pour la liberté journellement, il m’est bien dur de ne pouvoir plus
sa servir, et il est bien étrange qu’on m’ait ôté l’usage de ma plume
plutôt que de s’en servir. […] Je manque de tout, et surtout de mes
chers livres, la nourriture et le soutien de ma vie. »
L’Académie française au fil des lettres
, p. 160-161.
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