127
ACADÉMIE FRANÇAISE
J’avoue que je me flattais que sans être connu de Robespierre, je
devais trouver en lui un deffenseur. Lui qui a
mis la probité et la
vertu à l’ordre du jour
, ne doit-il rien à un patriote, à un républicain si
injustement méconnu ? Mon nom et mes écrits ne sont pas ignorés :
il n’y a que les ennemis de la Révolution qui puissent trouver bon que
la France, l’Europe, la postérité sachent que Laharpe a été confondu
dans les prisons avec les coupables et les hommes
suspects
, a été
privé de sa plume qui le nourrissait, a été réduit à vivre de la charité
de ses amis, après avoir tout fait et tout perdu pour la Révolution.
On me fait espérer ma liberté ; mais ce n’est là que me rendre une
justice stricte. Si l’on n’y joint pas un témoignage honorable, que
deviendrai-je ? comment reparaitre au Lycée ? comment reprendre
la plume dans le
Mercure
? Je suis condamné à vieillir sans honneur
et sans pain, si je ne suis pas entièrement réhabilité dans 1’opinion.
Et c’est là le service que peut me rendre un homme tel que Robes-
pierre. Son témoignage en ma faveur dans les deux comités suffira
pour me faire obtenir un certificat authentique sans lequel je suis un
homme mort civilement »…
À la suite, Laharpe a recopié et commenté des extraits de trois de
ses articles :
Monarchie et république
(février 1793),
Gouvernement
révolutionnaire
(18 ventose, « huit jours avant mon arrestation »), « Sur
la sagesse des décrets de la Convention et sur l’esprit d’exagération
qui cherche à les corrompre » (27 pluviose).
654
LA MESNARDIÈRE Hippolyte-Jules Pilet de
(1610-1663)
médecin, poète et historien [AF 1655, 17
e
f].
L.A.S. « La Mesnardiere », Paris 20 septembre 1656, à M.
FERRY, à Metz ; 3 pages in-4, adresse avec petit cachet de
cire rouge sur lac de soie blanche (mouillure avec petits
manques au bord sup.).
500 / 700 €
« Quand j’aurois rendu fort dignement à la mémoire de feu M
r
DU
VIVIER les honneurs quil a merites durant sa vie, & quil a combles
par sa mort, je n’aurois fait en cela qu’une action de justice […]. Je
vous asseure, Monsieur, que si mes intentions avoient esté suivies,
vous auries eu des marques plus expresses du sentiment honnorable
que j’ay ëu pour la fin glorieuse de cet illustre citoyen »…
On joint
la page de titre de sa traduction du
Panégyrique de Trajan
(Paris, chez Antoine de Sommaville, 1638), avec envoi a.s. à la duchesse
d’AIGUILLON : « Pour Madame la Duchesse d’Eguillon Par son tres
humble serviteur Mesnardiere ».
Rare
: « Les autographes de La Mesnardière sont rares » (Raoul Bonnet).
653
LA LOUBÈRE Simon de
(1643-1729) poète et diplomate,
il fut envoyé au Siam par Louis XIV ; il restaura les Jeux
floraux à Toulouse [AF 1693, 16
e
f].
L.A.S. « La Loubere », Toulouse 11 octobre 1669, à M. de
SCALIBERT [Scipion du Puy sieur de Roquetaillade et
Scalibert], à Scalibert [près Saint-Paul-Cap-de-Joux] ; 2
pages in-4, adresse avec reste de cachet de cire rouge (le
bas de la lettre légèrement effrangé).
1 000 / 1 500 €
Très rare lettre, la seule connue en mains privées
. [« Les catalogues
ne signalent aucune lettre de La Loubère » (Raoul Bonnet).]
« Je parts demain pour Paris, avec le chagrin de ne vous pas dire
adieu, et de ne pouvoir vous demander pardon de ma negligence
par ma propre bouche, il faut que vous soyés un bon enfant si vous
ne me savés pas mauvais gré d’avoir esté si paresseux a vous écrire,
mais je croy que vous estes trop habile homme pour n’avoir pas conté
sur beaucoup de defauts a tolerer, que vous me fites l’honneur de
me donner v
re
amitié, et c’est la raison pourquoy mes fautes trouvent
tant d’indulgence auprès de vous, si j’estois philosophe en amitié, je
vous prierois d’estre un peu méchant car v
re
bonté me gaste ; mais
le moyen de vous prier de vous fascher contre moy qui vous ayme
tant en effet, et qui vous honore plus que personne du monde »… Etc.
653
INTERIEUR.indd 127
21/10/2019 16:26