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les collections aristophil
littérature
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ALEMBERT JEAN LE ROND D’
(1717-1783)
MANUSCRIT avec additions et
corrections autographes,
Article
Collège
, dans l’Encyclopédie
,
[1753-1764] ; cahier cousu de 24
pages in-4 sur 6 doubles feuillets
de papier vergé plus 3 pages
entièrement autographes petit
in-4 sur 2 ff ajoutés.
5 000 / 6 000 €
Précieux manuscrit d’un article de
l’En-
cyclopédie
, enrichi d’annotations auto-
graphes inédites
.
Ce manuscrit correspond au texte imprimé
en 1753 de
l’Encyclopédie
, dans le tome III,
depuis la fin de la page 634, jusqu’à la fin
de la page 637. Il commence ainsi : « Nous
n’entrerons point ici dans le détail historique
de l’établissement des différens colleges
de Paris ; ce détail n’est point de l’objet
de notre ouvrage, et d’ailleurs intéresseroit
assez peu le public : il est un autre objet
bien plus important dont nous voulons ici
nous occuper ; c’est celui de l’éducation
qu’on y donne à la jeunesse. » Il se termine
ainsi (nous signalons les corrections portées
sur le manuscrit) : « Voilà ce que l’amour
du bien [public
biffé
] m’a inspiré de dire ici
sur l’éducation, tant publique que privée :
[d’où il s’ensuit
biffé et corrigé
] il en resulte
que l’éducation publique ne devroit être la
ressource que des enfans dont les parens
ne sont [malheureusement
biffé
] pas en état
de fournir à la dépense d’une éducation
domestique. Je ne puis penser sans regret
au tems que j’ai perdu dans mon enfance :
c’est à l’usage établi, et non à mes maîtres,
que j’impute cette perte irréparable ; et je
voudrois que mon expérience pût être utile
à ma patrie.
Exoriare aliquis
. »
Le manuscrit de cette partie de l’entrée
Collège
, complet en soi, a été soigneuse-
ment calligraphié sous forme de cahier, en
ménagant de belles marges dans lesquelles
D’Alembert a porté des additions et cor-
rections autographes ; il a également porté
de nombreuses corrections interlinéaires.
En tête, D’Alembert a ajouté devant le titre
Collège
le mot « Article » et, à la suite, la
mention « dans l’Encyclopédie », qu’il a
ensuite biffée et fait suivre d’un astérisque
qui renvoie à cette addition marginale auto-
graphe : « Note. Cet article, écrit et imprimé
en 1753, est uniquement relatif à l’état où les
collèges se trouvoient alors. Quant aux études
et à la manière d’enseigner, nous ignorons
si depuis cette époque on a réformé les
abus dont nous nous plaignons ici ; nous le
désirons du moins, pour l’honneur de ceux
qui président à l’éducation de la jeunesse ».
Dans ce texte qui fait suite à la définition du
terme collège (« corps ou compagnie de
personnes occupées des mêmes fonctions »)
et à des exemples historiques et particuliers,
D’Alembert examine si l’éducation publique
doit être préférée à l’éducation privée comme
le croyait déjà Quintilien, « un des hommes
de l’antiquité qui ont eu le plus de sens et le
plus de goût »… Il examine successivement
les
Humanités
, la
Rhétorique
, la
Philoso-
phie
, et enfin les
Mœurs et Religion
, pour
déplorer qu’« un jeune homme après avoir
passé dans un collège dix années [...] en
sort [...] avec la connoissance très imparfaite
d’une langue morte, avec des préceptes de
rhétorique et des principes de philosophie
qu’il doit tâcher d’oublier, souvent dans une
corruption de mœurs dont l’altération de sa
santé est la moindre suite ; quelquefois avec
les principes d’une dévotion mal entendue,
mais plus ordinairement avec une connois-
sance de la religion si superficielle, qu’elle
succombe à la première conversation impie
ou à la première lecture dangereuse. » Il
dresse ensuite un « plan d’études » détaillé…
Les corrections autographes sont nom-
breuses : D’Alembert a, avec le plus grand
soin, apporté une quarantaine de corrections
dans le texte ou en marge, biffant des mots et
les remplaçant, ou pratiquant des additions
fort intéressantes, pour compléter ou pré-
ciser sa pensée, certaines plus développées
sous forme de notes. Ainsi au 2
e
feuillet, il
ajoute cette note (postérieure à 1764) : « Les
jesuites subsistoient encore dans le temps
qu’on écrivoit cet article, et avoient dans Paris
un collège très achalandé ». Au 3
e
feuillet :
« L’auteur de cet article a eu des maitres qui
vouloient lui faire lire, au lieu d’Horace, et de
Virgile, le poëme de S
t
Prosper sur la grace,
S. Augustin & Tertullien au lieu de Ciceron,
et ainsi du reste ».
Deux feuillets entièrement autographes ont
été en outre insérés dans le cahier pour
ajouter deux notes. La première évoque
l’envoi, par « un homme de lettres étranger »,
de « tables historiques imprimées, et rédigées
d’après les vues que je propose ici. Elles me
parurent très bien entendues, et c’est avec
beaucoup de regret que je les ai égarées ». La
seconde est plus développée et abondament
corrigée, et remplit deux pages, en se référant
à l’article
Classe
de
l’Encyclopédie
, rédigé
par César DUMARSAIS, qui « préfère l’édu-
cation publique à l’éducation privée, mais
l’éducation publique, faite
comme l’entend
et le prescrit Quintilien
, c.à.d. bien differem-
ment de l’éducation publique ordinaire ; et
dans ce cas, nous ne serions pas éloignés
d’être du même avis. On trouve aussi dans
cet artice un passage curieux et interessant
du même auteur sur les chatimens honteux
et serviles dont on punit les Ecoliers trop
souvent »… Etc.
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ALEMBERT JEAN LE ROND D’
(1717-1783)
L.A. signée en tête, 7 août [1770],
au notaire Guillaume-Claude
DELALEU ; 1/3 page in-4, adresse.
250 / 300 €
« M
r
d’Alembert a l’honneur d’envoyer à
Monsieur Delaleu 2 louis pour M
r
Mercier,
auteur de divers ouvrages. »
[Il s’agit de la souscription de Louis-Sébastien
MERCIER pour la statue de VOLTAIRE.]
ALEMBERT
: voir également les n
os
166 à 186.
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BEAUMARCHAIS PIERRE-
AUGUSTIN CARON DE (1732-1799)
L.A.S. « Beaumarchais », Montpellier
2 août 1767, à son ami
DURAND
à Londres ; 2 pages in-4, adresse
avec cachet de cire noire (brisé)
à son chiffre (légère mouillure).
800 / 1 000 €
Beaumarchais commerçant
.
Beaumarchais a conduit sa sœur en Touraine.
« J’y ay donné mes soins a mes bois qui
exigent des avances enormes et me mettent
diablement a l’etroit ; et de la je suis venu par
le Bery a Lion d’ou j’ay passé a Beaucaire.
J’y ai achetté pour une 40-taine de mille
livre de marchandises qui viennent de partir
pour Paris. C’est un essay : mais de ma vie
je ne crois avoir été si acourt d’argent que
je le suis aujourduy toujours prêt a couper
la bourse a mes amis ou a tordre celle de
mes debiteurs ». Puis il blâme Durand de la
façon dont il avait choisi un cuisinier pour
l’Espagne : « vous etes une foutue bête de
n’avoir pas pas eté vous mesme faire vos
arrangemens. Les affaires ne se traitent pas
ainsy de deux cent lieues »... Il reviendra par
Marseille et Avignon, où il s’arrêtera chez
les
CRILLON
...
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BEAUMARCHAIS PIERRE-
AUGUSTIN CARON DE (1732-1799)
L.A.S. « Caron Beaumarchais »,
28 prairial V (16 juin 1797), au citoyen
RÉVEILLON
; 1 page in-4, adresse.
1 500 / 1 800 €
Il se promettait de se rendre chez lui quand
ses affaires l’appelèrent auprès de M. de la
Drève ; il attendait la quittance promise ; et
il voulait répondre à la lettre de Réveillon,
mais son porteur était parti. « Aujourd’hui
je vous envoye, par mon gendre,
six cent
livres
, denier de la veuve, dont vous lui don-
nerés un reçu. Chaque petite rentrée qui me
viendra je mettrai de mesme à part pour
vous. Mais l’ordre de payer, sous trois jours,
une imposition trop forcée, contre laquelle
je réclame, sous peine de saisie et vente de
meubles, me force à me garantir à tout prix
de cette condition inouie ; car on me dit :
Payez d’abord et tu reclameras ensuite »…
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